Ici à Londres comme là-bas en France, l’occasion de la sortie de « Olympia » la dernière production de Bryan Ferry est le prétexte incompréhensible pour un hommage un peu boursouflé à l’ancien de Roxy Music. En faisant sa danse du ventre devant un artiste bien en peine depuis des lustres, on se demande ce qui a bien pu piquer une presse devenue subitement a-critique. Soyons clairs, « Olympia », avec sa Kate Moss en jaquette, n’est pas un de ces rogatons casé en contre-bande par quelques rockeurs gériatriques. « Olympia » est un disque correct, une sorte de best of de Ferry qui ne voudrait pas dire son nom mais en aucun cas le disque génial du renouveau que la critique tente de nous imposer. Bien modeste sur le plan musical, cet « Olympia » bénéficie des yeux de Chimène et à coups d’interviews aussi exclusives les unes que les autres, on fait comme si la belle prestance de Ferry devait s’imposer aristocratiquement à tous. « Gentleman », « latin Lover », « sensuel », « glamour », on nous distille, comme au bon vieux temps d’ « Avalon », les poncifs à propos d’un crooner devenu un simple chromo. Pour ce qui concerne l’idéologie du beau gosse, il est manifeste que cela ne fait pas partie des questions qui s’abordent. Les errances du fiston, la fascination répétée de Ferry à l’égard du nazisme ne sont en aucune façon un sujet à traiter. On a décidé que Ferry était plus jeune que jamais, lisse comme la peau d’un bébé, en regain de forme musicale et entouré de jeunes talents comme Jonny Greenwood (Radiohead) ou Mani (Primal Scream). Ainsi soit-il !
Londres, le 7 novembre 2010
Photo:DR