
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,Je me suis promené dans le petit jardinQu'éclairait doucement le soleil du matin,Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.
Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelleDe vigne folle avec les chaises de rotin...Le jet d'eau fait toujours son murmure argentinEt le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent; comme avant,Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,Chaque alouette qui va et vient m'est connue.
Même j'ai retrouvé debout la Velléda,Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,- Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.
Après trois ans de Paul Verlaine (Les poèmes saturniens)
Photographie de Jean-Michel Berts