UN BEL ACCIDENT
«Cet album est comme un accident. On l’a fait plus ou moins par temps perdu, sans savoir ce que ça donnerait. C’est assez cool de voir ce que ça donne à la fin pour un album pour lequel on ne s’est tellement pas cassé la tête, qui est sorti tout seul.»
Prix Polaris pour l’album de l’année au Canada, Félix de l’album alternatif, des espoirs de percée américaine: Stéphane Bergeron, batteur de Karkwa, a bien raison de se réjouir du succès d’un album, Les chemins de verre, qui a enflammé le public et les critiques depuis sa sortie, au printemps.
«Nous avions du temps de libre en France et on s’est dit: “allons voir ce que ça donne si on rentre en studio maintenant afin de rentabiliser le temps qu’on passe là-bas”. Après, d’être récompensé pour cet album, c’est cool», confie le musicien au Journal de Québec.
Heureux d’avoir été plébiscité de nouveau au Québec, celui-ci avoue que le groupe n’aurait jamais cru en ses chances de gagner le prix Polaris.
«On ne l’a pas vu venir. Même faire partie de la short list (les dix finalistes), on ne s’y attendait pas.»
C’était la première fois depuis sa fondation, il y a cinq ans, que le Polaris (émule du Mercury Price en Grande-Bretagne) récompensait un artiste francophone.
Il n’en fallait pas plus pour qu’un chroniqueur du Globe & Mail suggère que la présence de quatre francophones sur le jury avait fait pencher la balance en faveur de Karkwa.
Les gars du groupe appréhendaient plutôt le contraire. Soit que les francophones n’oseraient pas «mettre leurs poings sur la table» afin de ne pas être taxés de favoritismes.
«De façon non officielle, je sais certaines choses et nous n’étions pas dans le tort de penser que les jurés francophones ne seraient pas automatiquement de notre bord. Au contraire. Il reste que ce que le gars a écrit dans son journal, c’était de la grosse bouette.»
DES OCCASIONS AUX USA
Cette victoire inattendue et même la controverse qui a suivi auront eu des effets immédiats pour Karkwa. Les ventes des chemins de verre ont grimpé en flèche au Canada anglais et des projets de tournée aux États- Unis sont dans l’air.
«On va prendre le temps de regarder ça. Notre préférence serait de faire la première d’un artiste établi. Nous verrons ce qu’on va nous proposer. Nous nous sommes gardé des places dans notre horaire pour les États-Unis et la France», dit Bergeron, ajoutant que Karkwa garde aussi un oeil sur l’Hexagone, où Les chemins de verre devrait paraître au printemps prochain, en plus de penser déjà au prochain opus, que le groupe veut faire paraître assez rapidement.
«Nous avons une banque d’une vingtaine de chansons issues des sessions de Les chemins de verre. Certaines sont presque terminées, mais mettons qu’on fait un album dans un an, ce n’est pas dit qu’elles vont tenir la route.»
BÉBÉ ET CONCERT
Après un deuxième passage en deux ans au Festival d’été, Karkwa sera de retour à Québec le 18 novembre. La bande de Louis-Jean Cormier s’offrira alors la grande salle du Grand Théâtre pour la première fois tout seul, après l’avoir partagée avec Patrick Watson.
Stéphane Bergeron a pour sa part une autre raison d’être fébrile en vue de ce concert, puisqu’il risque de le rater. Sa blonde doit accoucher d’une journée à l’autre et le batteur souhaite que le bébé arrive au plus vite pour lui permettre de jouer.
«Nous avons quand même un plan B. Au moindre signe, je décolle et un de nos amis qui sera sur place est prêt à prendre la relève.»
Karkwa sera en spectacle à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec, le 18 novembre.Article de Cédric Bélanger, Agence QMI pour Le Journal de Québec, paru le 06-11-2010
[Gabnews PS : le bébé est né le 3 novembre, voilà Stéphane à la fois heureux et beaucoup moins fébrile ;-) ]