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SAHARA : le point de vue du citoyen lambda que je suis

Par Citoyenhmida

Je n’ai jamais posté de billet portant particulièrement sur les « provinces du Sud » : j’ai toujours considéré qu’il n’y a pas matière spéciale à le faire. Il n’y aucune raison que j’aie  une approche spécifique des « provinces du sud »,  différente de celle des autres régions du pays, sinon ce blog serait une espèce de journal multi-régional, reflétant les événements de telle ville  ou telle province. Ce n’était pas là mon ambition !

Pour moi, les provinces du Sud  font partie du royaume au même titre  que toutes les autres, n’en déplaise à ce qu’en pensent certains, quelque soient leurs motivations ou leurs origines.

Mais au vu des derniers événements, et surtout face aux réactions les plus diverses qu’ils ont suscité,  je me suis dit pourquoi ne pas faire part de ma vision des choses et préciser certains éléments  qui étayent mon point de vue.

Selon mon appréciation de citoyen marocain lambda, le Maroc a récupéré ses territoires du sud occupés par l’Espagne et point barre.

Cette récupération s’est inscrite tout naturellement dans la sortie progressive et difficile de notre pays de l’emprise coloniale espagnole : d’abord la fin obligée du protectorat de la Zone nord, puis Tarfaya dans la douleur, avant Sidi Ifni contre compensations halieutiques et enfin l’ex-Sahara Occidental, que les espagnols ont abandonné, en contrevenant à toutes les règles du droit international.  N’oublions pas que l’Espagne fut – et demeure encore – un état colonial mesquin, sans aucune grandeur !

Donc cette récupération de nos territoires  du sud n’a rien que de très normal, d’historiquement et de politiquement logique et même de juridiquement fondé !

Mais  des considérations géostratégiques ont contribué à créer autour de ces récupérations successives une tension grandissante, née des visées de leadership régional clairement affichées par  notre voisin de l’est, l’Algérie pour ne pas la nommer.

Ainsi au fil des années, a-t-on assisté à une véritable guerre – n’ayons pas peur des mots – entre le pouvoir algérien, fort surtout de pétrole et de son gaz et un peu moins  d’un passé très  anticolonialiste et soi-disant socialiste, et le pouvoir marocain, mieux assis historiquement mais confronté à des difficultés économiques inhérentes au manque total de ressources énergétiques.

Échaudés l’un et l’autre par l’expérience de la guerre des sables, qui en 1963 n’avait pas permis de régler leur antagonisme, le Maroc et l’Algérie n’ont plus envisagé de recourir à un affrontement direct, malgré les tensions persistantes entrecoupées de réconciliations de façade.

Le Maroc n’ayant ni la volonté ni les moyens de s’offrir une guerre semble se résigner à cette situation d’équilibre instable.

L’Algérie a pu donc garder l’initiative et a choisi le terrain de combat et les armes qui lui conviennent : défendre le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Elle le fait avec tellement de zèle qu’elle entretient sur son propre territoire à Tindouf des camps de réfugiés sahraouis et qu’elle soutient financièrement, diplomatiquement, médiatiquement et militairement un « état » sahraoui reconnu à ce jour par 29 pays à travers le monde sur 192 qui font partie de l’ONU. Mais personne ne semble relever l’incongruité de cette situation!

Ainsi par la volonté délibérée des dirigeants d’un pays étranger, le Maroc se trouve obligé de gérer une situation absolument ubuesque.

Cette situation se résume à quelques constats.

·    On voudrait faire croire au monde  que des milliers de marocains et des marocaines, titulaires de papiers marocains, bénéficiant des services de l’état marocain (éducation, santé, logement, emploi, sécurité, etc.) ne font pas le poids face à une bande de réfugies, dont   le pays d’accueil, en l’occurrence l’Algérie, refuse le recensement par le Haut Commissariat aux Refugiés. Ironie kafkaïenne, Abdelaziz El Marrakchi, président de ce prétendu état, un marocain, né au Maroc, de père marocain, ayant grandi et étudié au Maroc, aux frais du Maroc.

·    On voudrait faire avaler à la communauté internationale qu’une poignée de séparatistes, financés par l’Algérie et soutenus médiatiquement par l’Espagne, sont plus représentatifs que des milliers de compatriotes qui vivent sur le sol des provinces du sud, qui connaissent les mêmes difficultés et les mêmes espoirs que les autres marocains.

·    On tenterait, par la même occasion,  de faire passer l’Algérie pour un chantre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’Algérie qui a écrasé dans le sang ses kabyles et qui a bouté  ses touaregs dans le désert, où nulle frontière et nulle autorité ne sont  reconnues, pour pouvoir exploiter gaz et pétrole au profit d’une nomenklatura militaire au pouvoir depuis des lustres.

·    On entreprend tout pour faire passer le régime marocain pour une entreprise coloniale, usant de l’oppression, exploitant les richesses (quelles richesses au fait ?) du Sahara au détriment de ses habitants ! Qui a jamais fait le calcul  des sommes énormes investies par le Maroc dans le Sahara ? Qui a connu Layoune, Smara, Boujadour ou Dakhla  avant  1976 et qui a revu ces villes 40 ans après? Que celui-là parle ou se taise à jamais pour ne pas proférer des inepties ?

·    On voudrait faire passer les informations répercutées par les médias espagnols pour « la vérité vraie », dès lors qu’elles accablent le Maroc et son gouvernement, en oubliant que le problème du Sahara est un véritable problème interne au monde politique espagnol, une véritable plaie jamais guérie qui rappelle la pleutrerie de l’armée franquiste et l’incapacité de l’Espagne démocratique de prendre une position claire et nette à ce sujet.

·    On tente de faire passer les gesticulations de quelques héritiers de Staline ou de quelques illuminés de l’action humanitaire pour un soutien international inconditionnel à une cause dont peu de ses défenseurs de pacotille sauraient expliquer les tenants et les aboutissants parce qu’ils les ignorent tout simplement.

Et pourtant, la farce continue depuis 35 ans à faire illusion, face à la réalité sur le terrain.

Les gouvernements marocains successifs  n’ont  jamais su vendre leurs  réalisations ! Ce n’est pas nouveau et c’est très dommageable en ces temps où le pouvoir qui compte est celui des médias et des images !

C’est ainsi que  le Maroc a longtemps dû faire face à une guerre où il  n’a jamais su avoir la main !

S’il n’y avait pas morts d’hommes, de beaucoup d’hommes,  on pourrait comparer cette guerre à une partie d’échecs : je pousse un pion, tu contres, j’avance une pièce, tu anticipes mon jeu, je défends, tu contre-attaques, je temporise, tu esquives !

Après 35 ans d’usure, toute guerre doit avoir une fin ! Nous ne sommes  plus au temps de la « guerre de cent ans ! ».

Surtout qu’on n’assiste plus, depuis vingt ans,  à  des batailles, mais des manœuvres, des magouilles, des tripatouillages !  Mais  encore des morts d’hommes !

La guerre est devenue une guerre psychologique et médiatique et ce sera le plus serein des antagonistes et le plus sûr de ses droits qui la gagnera. Jamais dans l’histoire, un état constitué n’a cédé face à une bande de mercenaires.

Le Maroc est certes un  état en pleine mutation même si certains  refusent de le  reconnaitre comme un « ilot de démocratie » !

En effet, le Maroc n’est pas un ilot de démocratie ! Le Maroc est  bien « un archipel de démocratie », un archipel qui surgit inexorablement d’un océan historique de traditions et de blocages sociaux, religieux et politiques.

Pour en revenir à la partie d’échecs, le Maroc devra un jour ou l’autre avoir recours à la stratégie du gambit !

Pour ceux qui ne la connaissent pas, cette stratégie consiste à sacrifier  un pion ou une  pièce en vue d’une attaque.

Les récents événements de Layoune ressemblent à un gambit : laisser les habitants exprimer librement leur mécontentement, par ailleurs justifié,  au risque de dérapages et démontrer l’implication des séparatistes venus d’ailleurs dans ces dérapages.

La stratégie peut s’avérer payante si elle est suivie d’une contre-offensive efficace et inscrite dans le temps.

La mise en place d’une politique de régionalisation avancée doit en être l’une des premiers jalons.


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