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L'arc-en-ciel de la gravité, Thomas Pynchon

Par Wellreadkid

l-arc-en-ciel-de-la-gravite--thomas-pynchon.jpgThomas Pynchon est l’un des auteurs les plus secrets de la littérature, et bien qu’il ai failli obtenir le Pulitzer pour L’arc-en-ciel de la gravité, il ne fait pas l’unanimité, loin de là. En somme, Pynchon, on aime ou on déteste. Mais dans les deux cas, on s’accorde à trouver ses livres indigestes. L’on crie au génie…ou à l’imposteur. Pavé de 1100 pages, de quoi peut bien parler L’arc-en-ciel de la gravité ?

En réalité, c’est une question bien plus difficile qu’il n’y parait ? A la base, et ce que nous proclame le résumé, c’est l’histoire de Tyrone Slothrop, un américain conditionné pour avoir des érections lors des bombardements. Mais également de Pirate Prentice, de Katje, et de tellement d’autres personnages qu’il est impossible de tous les citer.

Le mieux, dit-on, est l’ennemi du bien, et je crois que cela s’applique particulièrement à Thomas Pynchon : son livre est littéralement surécrit. L’auteur a tellement travaillé son style qu’il dissimule véritablement l’action, celle-ci n’étant même plus secondaire, mais carrément tertiaire. Les métaphores tentaculaires se mêlent à l’absurde et à la pléthore de personnages pour nous faire perdre le fil. En somme, même très concentrée (et j’avais acheté des boules quiès spécialement pour Pynchon), il est impossible de ne pas se perdre. L’auteur passe du coq à l’âne sans crier gare, et suivre relève du parcours du combattant : il est donc quasiment impossible de suivre l’histoire, et notre intérêt s’émousse considérablement. Dommage. On lit cent pages, deux cents, et l’on a l’impression de ne pas avoir avancé, et l’on est incapable de résumer ce que l’on a lu.

Autre défaut qui entrave la lecture : Pynchon maîtrise parfaitement son, ou plutôt ses sujets, et nous le fait savoir, nous donnant l’impression d’être ignorant. A l’instar du style qui, trop maîtrisé et trop travaillé, empêche la bonne compréhension du texte, trop d’informations étouffent le récit. Non seulement c’est long, mais en plus c’est lourd. La lecture se fait difficile, et désagréable. J’ai été obligée de faire des pauses de plusieurs jours entre chaque partie, et de lire autre chose, tant la prose étouffante de Pynchon me volait mon énergie. Oui, il est vrai que ça se lit vite. Peut-être parce qu’inconsciemment, on lit en diagonale. Je ne saurais dire. J’ai très peu de souvenirs de certaines parties, alors que d’autres me paraissent malheureusement très nettes.

Tout cela, bien que maladroit, pourrait encore passer, s’il n’y avait la sexualité omniprésente, envahissante même, et souvent déviante, qui empoisonne les pages. Je crois que tous ceux qui ont lu ce roman se souviendront d’une scène scatologique aussi écœurante qu’inutile. Pourquoi, Monsieur Pynchon, nous affliger ça ? C’était atroce, et je ne m’attendais vraiment à ça, car si c’est ce que je recherchais, j’aurais ouvert un livre du marquis de Sade.

En somme, lire ce roman dans son intégralité est un défi, un acte de volonté (et peut-être, osons-le le dire, de masochisme), tant il est illisible. Pynchon semble oublier qu’un livre est destiné à être lu, et n’est pas un concours de style. Le style doit savoir rester accessoire. Bien que ce fut une déception totale, je remercie les éditions Points dont j’apprécie pourtant beaucoup le catalogue, et Livraddict. Je devais recevoir Contre-jour à la place de ce livre, mais je ne crois pas qu’il m’aurait davantage plu. C’était néanmoins une découverte intéressante, d’une sorte de littérature expérimentale.


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