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Jean-Léon Gérôme - L'Histoire en spectacle

Publié le 12 novembre 2010 par Louvre-Passion

Ce que j'ai bien aimé dans cette exposition consacrée à Jean-Léon Gérôme c'est l'impression de me promener dans des albums de bande dessinée ou des plans fixe de films. D’ailleurs, pour illustrer cet article je vous propose des liens vers ce site très complet : “Jean-Léon Gérôme – The complete works”.

Jean-Léon Gérôme (1824 – 1904) naît à Vesoul, il devient très tôt l’élève du peintre Paul Delaroche et part avec lui pour l’Italie en 1843. Dès 1847 il connaît le succès avec ses “Jeunes Grecs faisant battre des coqs”. Très vite ses toiles appréciées des amateurs, notamment américains, lui assurent de confortables revenus. Gérôme est un artiste mais aussi un homme d’affaire avisé, en 1859 il signe un contrat avec l’éditeur Goupil (dont il épousera la fille) ce qui lui permet de vendre des milliers de reproductions de ses toiles. A la fin de sa vie il se lance dans la sculpture et acquière rapidement une grande maîtrise. Sa plus grande erreur fut sans doute son acharnement à dénigrer les impressionnistes, traitant certaines de leurs oeuvres “d’ordures” ce qui lui valu de sombrer rapidement dans l’oubli après sa mort. Il reste néanmoins un grand illustrateur et l’inspirateur des films péplums à l’antique. Un siècle après sa mort le réalisateur américain Ridley Scott décide de tourner “Gladiator” après avoir vu une reproduction d’une de ses toiles.

Au début de l’exposition Jean-Léon Gérôme nous livre sa vision de l’antiquité qu’il veut la plus réaliste possible en utilisant les découvertes archéologiques de son temps. Au musée de Naples devant un casque de gladiateur il déclare “Tous les peintres, tous les sculpteurs sont venus ici, ont vu cela, et pas un n’a songé à refaire un gladiateur”. L’affiche de l’exposition est le fameux “Pollice verso”, ce gladiateur qui a terrassé son adversaire attend le verdict de la foule de l’amphithéâtre qui, assoiffée de sang, baisse ses pouces (pollice verso en latin) pour réclamer la mise à mort.

affiche gérôme

On retrouve cette vision violente et sanglante dans l’évocation des martyrs chrétiens priant dans l’arène alors que les fauves sont lâchés, le plus “gore” étant sans doute “La rentrée des félin”, les fauves sont repoussées vers leurs cages à coups de fouets dans une arène ensanglantée et jonchée de débris humains.

L’orient est un autre sujet majeur d’inspiration, le peintre effectua plusieurs séjours en Egypte, Syrie Algérie et Turquie et ramena une abondante documentation de croquis et de photos. Ses tableaux qui semblent des “images exactes” par leur minutie et leur souci du détail sont en fait la représentation d’un orient fantasmé destiné à plaire au publics : harems sensuels, esclaves ou guerriers “pittoresques”. A cette occasion on découvre qu’un “bachi-bouzouk” (la fameuse insulte du capitaine Haddock) était un cavalier mercenaire de l’empire ottoman.

L’antiquité et l’orient sont pour Gérôme deux prétextes à décliner abondamment la nudité féminine (et assurer ainsi son succès commercial !). En 1851 son “Intérieur Grec” dit aussi le gynécée fait scandale mais est aussitôt acheté par le prince Napoléon. La composition des quatre femmes nues au premier plan et des personnages masculins au fond peut faire penser à une maison close. Dans ses thèmes orientaux il développe  le fantasme du harem. Au premier plan de “La grande piscine de Brousse (1885), au mileu de baigneuses alanguies, une jeune femme noire vêtue d’un peignoir bleu tient par la hanche sa compagne mettant ainsi ses formes en valeur.

Dans la même veine j’ai retouvé “Phryné devant l’aréopage”, cette courtisane accusée d'impiété, fut jugée par l'Aréopage qui était le tribunal d'Athènes. Pour obtenir son acquittement son avocat, Hypéride, usa d'un argument visuel puisqu'il dévoila Phryné devant ses juges et la belle fut ainsi acquittée.

Répondant aux aspirations de sa génération et résumée par un historien de l’époque : "on veut connaître ce qu'était avant nous l'existence des peuples et des individus. On exige qu'ils soient évoqués et ramenés vivants sous nos yeux", Gérôme se veut  “peintre d’histoire”. Il nous livre des compositions majestueuses telles que la “Réception du Grand Condé par Louis XIV” ou bien des évènements dramatiques. “Le Golgotha” évoque la passion du Christ uniquement par l’ombre des trois croix sur le sol, “Le 7 décembre 1815, neuf heures du matin” évoque le moment qui suit l’exécution du maréchal Ney, les soldats s’en vont laissant le corps de Ney allongé dans la boue.

A cinquante quatre ans, riche et célèbre, Gérôme se lance dans la sculpture et se lie avec des sculpteurs de renom (Bartholdi, Fremiet), inspiré par les “Tanagra” ces statuettes Grecques en terre cuite il veut donner vie à ses sculptures en utilisant la couleur comme pour ce buste de Sarah Bernhardt.

On quitte l’exposition sur la vision cinématographique inspirée de Gérôme avec des images des premiers péplums tournés une dizaine d’année après sa mort.

L’exposition est à voir au musée d’Orsay jusqu’au 23 janvier 2011 et je vous recommande la vidéo de présentation sur le site du musée.


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