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MONSTERS (Gareth Edwards - 2010)

Par Actarus682

http://2.bp.blogspot.com/_mSFODWk5Je8/TGT5LI8fX5I/AAAAAAAAA9o/yPYkhzq_468/s1600/monsters-poster.jpgQu'il est bon de se laisser surprendre par un film, de le laisser vous prendre par la main et vous emmener vers des horizons que vous ne soupçonniez pas, de le laisser calquer votre pouls sur le sien, en un mot, de s'y abandonner totalement. Monsters est de ces films-là. L'on aurait pu s'attendre à une histoire empruntant les sillons de La guerre des mondes ou de District 9, d'un côté par le design des créatures, de l'autre par le postulat de départ. Ce ne sera pas le cas.

Le scénario de Monsters s'ancre dans une réalité alternative, dans laquelle une navette de la NASA, transportant des échantillons de vie extraterreste, s'est écrasée au Mexique 6 ans plus tôt. La zone "contaminée" par la présence extraterrestre est contenue par l'armée, derrière une immense grille. Un photographe travaillant pour un journal américain devra escorter la fille de son patron du Mexique vers les Etats-Unis à travers cette zone dangereuse.

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Monsters risque de diviser les spectateurs en deux catégories bien distinctes. D'un côté ceux qui verront dans le film une grosse arnaque ne proposant de monstrueux et de science-fictionnels que quelques plans épars, refusant ainsi d'être pris à contre-pied par un film dont ils attendaient davantage ce qu'ils voulaient y voir que ce que le film leur propose finalement. Et de l'autre, ceux qui seront littéralement conquis, acceptant de s'abandonner et de se laisser porter par un rythme lent, hypnotique, envoûtant, accompagnant une histoire d'amour naissante sur fond de paysages désolés.

Car Monsters n'est pas un film de science-fiction, mais un drame romantique.

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Les deux personnages principaux, le photographe (très bon Scoot McNairy) et la fille de son patron (délicieuse Whitney Able), sont deux êtres qu'a priori tout oppose, mais qui se révéleront au fur et à mesure de leur périple tout aussi perdus l'un que l'autre dans une existence dans laquelle ils pataugent et peinent à surnager. L'une des forces du cinéma de genre est de confronter les êtres à des situations qui les dépassent, et à travers lesquelles ils révèlent des aspects universels de la nature humaine mais aussi leur propre personnalité (Buried en est un exemple récent). Des personnages ordinaires confrontés à des situations extraordinaires, révélant in fine ce qui les constitue. Gareth Edwards illustre ce précepte avec brio dans Monsters, en le développant dans le cadre d'une histoire d'amour naissante (cet innamoramento cher à Francesco Alberoni dans Le choc amoureux).

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Cet amour naissant sur fond de menace extérieure sera traité par le metteur en scène sur un rythme extrêmement lancinant, proche de la mélopée visuelle, le temps semblant ralentir son court à plusieurs reprises pour laisser affleurer les sentiments des protagonistes, la mélancolie de leur être, la lente réunion de leurs solitudes. Ce parti-pris de laisser l'image s'affranchir de l'action pour se révéler dans le temps n'aurait pas été renié par le philosophe Gilles Deleuze et son essai sur l'image-temps. Ainsi, l'on pense souvent à Michael Mann non seulement par ce rythme extrêmement mélancolique laissant l'intériorité des êtres transpirer de l'écran, mais également par l'emploi sublime de la musique, d'une beauté ineffable, achevant de nous hypnotiser totalement et de nous happer littéralement.

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Ce rythme lancinant imprégnera ainsi tout le métrage, jusqu'à une scène finale d'une émotion inattendue, qui éclairera d'un jour nouveau le titre du film, tout en achevant l'épopée sentimentale des deux personnages.

Point de fable écologique dans Monsters comme certains ont pu l'écrire, encore moins de métaphore politique, mais une histoire d'amour poignante, une aventure sentimentale passionnante, que Gareth Edwards illustre avec un talent indéniable, construisant ses cadres et maîtrisant le rythme de son film selon le parti-pris de l'affect, jamais de l'intellect.

Incontournable.


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