Magazine Culture

Christophe CLARO – COSMOZ

Par Pikkendorff

Michael Koryta – Une heure de silence

Au bout d’une seule journée de boulot sur le dossier, l’une des dernières figures de la pègre en Ohio se tenait dans ton salon. Cela ne t’a pas suffi comme panneau DANGER ?

Michael Koryta – Une heure de silence

Voici un honnête roman policier avec le sympathique détective privé, Lincoln Perry, acceptant d’enquêter sur l’inquiétante disparition des époux Cantrell.  Immédiatement cette piste froide de douze années se révèle particulièrement dangereuse et les bas-fonds de la Little Italy de la froide et humide Cleveland montrent les dents.

Un polar blues à écouter au son de Cold trail blues (Peter Case) qui,

Michael Koryta – Une heure de silence

 avec 6 ou 7 accélérations rythmiques au gré des révélations qu’il ne sied pas de développer ici, entretient un suspens captivant.

Une belle maitrise technique, des personnages riches et une histoire complexe bien traduite par Frédéric Grellier.

Sortant tout juste du merveilleux roman littéraire d’Akira Yoshimura, “Le convoi de l’eau, il me fallut une demi-heure pour m’habituer au style personnel de Michael Koryta avec ses phrases courtes et hachées. Et puis je me laisse emporter par cet agréable voyage.

Michael Koryta – Une heure de silence

Paru en 2009 sous le titre original “The silent hour, traduit par Frédéric Grellier.  J’ai lu ce roman dans le cadre du concours du Policier Seuil de BABELIO

Edition du Seuil, Policier, 2001, 21,50€, 362 pages

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Natsu Kirino – Intrusion
“Mais le souvenir se dissipa aussitôt, tel un bateau qui sombre à une vitesse terrifiante.

Natsu Kirino – Intrusion
Je viens de fermer l’extraordinaire Chronique japonaise de Nicolas Bouvier.  Le choc est terrible.  Le manque de respect du lectorat criant.  Le manque de travail évident. Un roman à l’image de cette faible et pompeuse phrase-titre.  Vendu trompeusement comme tenant du genre Policier, certes plus vendeur, ce roman psychologique pour névrosés est une vaine tentative de description des sentiments agitant les deux partenaires d’une relation adultère ainsi que leurs familles respectives.

Dès la première page l’auteur nous assène 10 mots chocs en dix lignes : cauchemar, épouvantée, sinistre affreusement, sombre, terrifiant, désespérée, naufrage… Procédé bien malhabile.  Les premières pages désenchantent rapidement le lecteur tant l’écriture est lourde.  Le manque de travail sur le texte est criant.  Natsuo Kirino n’a pas effectué ce nécessaire travail de polissage de la première inspiration logiquement décorée de redondances et de poncifs.  Comme dit l’écrivain en page 25 “Les véritables hommes de lettres ont disparus.

Et pourtant les 25 pages du monologue vivant et personnel de Motoko démontrent un talent littéraire toujours présent.

La traduction ? L’on pourrait critiquer le traducteur, certes.  Mais Traduttore, traditore.  Le texte initial manquant de polissage et n’ayant de policier que la première de couv’, Claude Martin ne pouvait décemment pas réécrire un roman.   

Natsu Kirino – Intrusion

Et à mi-chemin, le livre me tombe des mains.  Un autre roman m’attend.  Un autre monde…

Edition du Seuil, traduction Claude Martin, 2011, 275 pages, 20€  

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"L’argent manquant, peut-être va-t-il s’animer un peu ce voyage ! Toujours – sauf au bordel- on paie pour que rien n’arrive, pour ne pas dormir à la belle étoile, pour ne pas partager les récits, les délires et les puces d’un dortoir de dockers, pour poser ses fesses – je l’ai fait avant-hier par fatigue – sur le velours inutile d’un compartiment face à des usagers que l’éducation a rendus trop timides pour qu’ils n’osent ou qu’ils daignent vous adresser un mot."  

Nicolas Bouvier – Chronique japonaise

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L’automne survenu, le plaisir patient aux détours surprenants étonne même les plus chenus.

Il n'est pas dans mes habitudes de traiter de politique mais ces semaines de gavages me portent à cette analyse chiffrée.

de A grands renforts de spéciales et d’annonces, les Primaires Socialistes auront démontré que, pendant que 100% des média et des politiques se passionnent pour la chose, 94% des Français, 80% des votants de gôche et 72% des ‘’sympathisants socialistes’’ se foutent comme d’une guigne du spectacle affligeant de la guéguerre interne des apparatchiks de l’appareil socialiste. Vous aurez noté que seulement la moitié des spectateurs du morne débat sur France 2 le 15 Septembre ont trouvé ¼ dans leur agenda du ouikende pour se rendre aux roses urnes.
Chiffres:
''sympathisants socialistes'', 9 500 000 votes exprimés au premier tour de 2007 pour un corps électoral de 44 500 000 inscrits. Votants aux urnes roses les 2 660 000 personnes ayant déposé un bulletin au premier tour et ‘’voix de gôche’’ l’addition des voix de 2007 soit 13 377 000.

Nicolas Bouvier - Chronique japonaise
"Quand ce qui se passe sous nos yeux même donne lieu aux rumeurs les plus trompeuses, à plus forte raison en est-il ainsi dans le cas d’un pays situé par-delà huit épaisseurs de nuées blanches." Ueda Akinari (1732-1809)

Nicolas Bouvier - Chronique japonaise
Acteur, Observateur, Voyageur attentif, éternel étonné, Nicolas Bouvier entrouvre la porte du Japon à celui qui, comme lui, dialogue avec son cœur avant sa raison comprenant l’indicible sans avoir nul besoin de juger, de comparer, de classer en catégories ; en un mot d’être Socrate avant d’être Descartes. 

"…Le froid, le poids du froid, son importance dans la vie ici : il entre du grelottement dans la musique japonaise, quant aux arbres ! ces branches tordues, anguleuses, comme s’ils avaient des crampes, comme si le froid s’en était mêlé.  Et toutes ces attitudes du corps qui frappent dans le théâtre ou dans l’estampe : gestes étriqués, ramenés à soi, qui ont pour seuls but d’empêcher la chaleur du corps de s’enfuir…"

Prose souvent poétique et toujours juste, cette magnifique plume sert une fresque vivante introduisant à un questionnement sur l’âme japonaise au-delà de son insularité et des préjugés.

"La façon dont un peuple explique son existence en apprend parfois aussi long que celle dont il la vit."

En une centaine de pages, la première partie nous emmène dans cette cosmogonie bizarre expliquant comment les Japonais sont descendus sur terre, s’octroyant au passage une origine divine, et comment le 11 Février de l’an 660 (avant JC) Jimmu Tenno, le premier empereur de la lignée humaine acheva la conquête du Yamato et fondit l’État Japonais. C’est avec un plaisir non dissimulé que nous suivrons les péripéties de l’histoire et des légendes qui firent des Japonais ce qu’ils sont en passant par les relations tumultueuses avec la Chine qui exporta entre autres choses son écriture et Bouddha les adaptant aux Kami et au Shinto. Puis Portugais, Hollandais, Jésuites et Franciscains, commerce et religion, eurent tous leur part d’histoire avant le repli de l’Île sur elle-même au début du XVIIème avec la Pax Tokugawa. Le 11 février 1853, date symbolique s’il en est, les canons des navires américains mouillés dans la baie d’Edo (Tokyo) ouvrent le pays emmenant à sa suite Russes et Européens. L’Empereur Matsuhito ouvre l’ère Meiji (gouvernement éclairé).  En un tournemain les édits rétrogrades sont abolis, les fiefs féodaux remis à la couronne et la Restauration commence.  Une incroyable épopée pendant laquelle les Japonais vont rechercher le savoir, le recopier et l’appliquer.  La guerre, la bombe…La fin de l’ère Meiji. 

Une nouvelle ère s’ouvre par le travail commandé par l’administration américaine à une anthropologue Ruth Benedict : Qui sont les Japonais.  Le Chrysanthème et le sabre fera autorité et apporta beaucoup aux deux nations.  

"S’il l’on ne peut plus guère progresser aujourd’hui dans l’art de se détruire, il y a encore du chemin à faire."

La deuxième partie est plus personnelle.  Nicolas Bouvier nous emmène au Japon intime avec les pieds et parfois le train.  1956, l’année du Singe, il vit de rien au cœur du quartier Araki-Cho à six stations de train du Palais Impérial. "En attendant que la chance tourne, je m’en tire avec soixante yens (un francs français) par jour : dix de blanchisserie (important), vingt-trois pour le bain public (indispensable), dix de pain, dix de lait et un œuf (pesé) à sept yens lorsque j’en trouve un suffisamment petit".Je commençais à savoir manger à la japonaise. Ces quelques pages de rencontres improbables nées du dénouement partagé marquent le lecteur plus que bien des livres de philosophie.

1964, l’année du Dragon, Nicolas Bouvier s’établi à Tokyo son Japon a été modernisé, ses plaies effacées.  Le voyageur à l’œil de faucon reprend sa marche. Et nous voilà partis sur la piste du ZEN, de Bouddha, du TAO bref de cet Orient qui attire toujours et encore. Loin de moi l’idée d’expliquer quoi que ce soit car il est de tradition de préférer, pour succéder au maître, le jardinier qui ne savait rien au prieur qui en savait trop. Puis Hokkaïdo, le chemin du Nord, Aïnous et Giliak auraient fait le bonheur de Jean Raspail après des Alakalufs.  L’on pourra relire avantageusement Techkov et son Ile de Sakhaline.

Êtes-vous des Voyageurs ?

"L’argent manquant, peut-être va-t-il s’animer un peu ce voyage ! Toujours – sauf au bordel- on paie pour que rien n’arrive, pour ne pas dormir à la belle étoile, pour ne pas partager les récits, les délires et les puces d’un dortoir de dockers, pour poser ses fesses – je l’ai fait avant-hier par fatigue – sur le velours inutile d’un compartiment face à des usagers que l’éducation a rendus trop timides pour qu’ils n’osent ou qu’ils daignent vous adresser un mot."  

Petite bibliothèque Payot, 255 pages, 9€ et des heures de rêves

Lectori salutem, Pikkendorff

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Igal Shamir – Via Vaticana
"Cet homme n’était pas venu en mélomane, il était venu en assassin."̋

Igal Shamir – Via Vaticana
Gal Knobel, violoniste et agent secret, lancé à la recherche du secret de fabrication des Stradivarius, se trouve mêlé, une fois de plus, à un imbroglio que seule l’imagination d’Igal Shamir saurait concevoir et son talent d’exposer de manière limpide.

̏Il s’agit du 42ème poème de Michel-Ange.  Quel pourrait être le lien entre Michel-Ange et le secret de fabrication des Stradivarius?̋  D’autant que Michel-Ange sort de scène en 1564 et Antonio Stradivari apparait en 1644 !    ̏Trouver le secret de la chapelle Sixtine pour percer celui du Stradivarius…Non mais tu te rends compte?̋

A l’image de son créateur, Gal Knobel est d’abord un homme multiple, curieux et prêt à I’ imprévisible.  Parce que tout de même découvrir, à la fin de son récital, dans sa loge, le cadavre de sieur Goffriller, le descendant des célèbres facteurs de violon, en scotcherait plus d’un. Que nenni ! Et voilà notre héros sur la piste des Stradivarius.  S’en mêle la Mafia, normal nous sommes en Italie.  Mais que vient faire dans cette histoire le Vatican ? Et les services secrets israéliens?  

Paris, Jérusalem, Rome, Venise, Naples…voilà un thriller tour-opérateur reposant sur une documentation solide, un scénario ficelé et une écriture dynamique.

Je regretterai pour ma part la monomanie de l’auteur qui fait, avec le plus grand sérieux, du  ̏Vatican, un repaire de sympathisants du Troisième Reich̋. Et j’ai apprécié particulièrement la citation d’O.L. Barenton : ̏il ne faut jamais oublier de prévoir l’imprévu.̏

A propos d’Igal Shamir : né en Palestine, pilote de chasse, agent secret, il est un violoniste de renommée internationale.

Merci à Shamira de ce choix de lecture judicieux.

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Les neurones endormis des mâles dominants s’excitent par instant.  Nul ne secoue la douce torpeur de cette réunion qui n’a d’utile que sa dénomination. Ces vieux fauves, victorieux de la sélection naturelle, fuient les idées nouvelles comme leurs pairs rugissants les blessures.

Giacometti & Ravenne - La Croix des Assassins
J’ai vu ce que je ne devais pas voir et mes yeux se sont ouverts…

Giacometti & Ravenne - La Croix des Assassins
Le commerce de l’image de la franc-maçonnerie devrait commencer, à juste raison, à en agacer plus d’un.  Le polar dégorge des rayons de nos librairies. Alors quand, à quatre mains, nous sont servis les poncifs des deux genres réunis en un seul, le travail se doit d’être exemplaire.

Victimes de leur succès de librairie, le manque de travail sur le texte nuit au fond.  Le récit est lourd, semé de redondances, de maladresse et de contresens. Combien de fois ais-je eu envie de biffer des passages entiers, redites indignes de l’expérience des deux auteurs.  A partir de la page 80, je fais abstraction et, accélérant ma lecture, profite des rebondissements multiples.

De nos jours, une secte ésotérique née lors de la prise de Saint Jean d’Acre en 1291, théâtre de la fin de la puissance temporelle de la chrétienté, peuplée de Templiers et d’Assassins illuminés est traquée par Marcas, le sympathique policier et franc-maçon, personnage récurrent de l’œuvre de Giacometti & Ravenne.  Aux Chevaliers du Temple, vous ajouterez une louche de loge P2, des Assassins, la trop connue Espagnac-Sainte-Eulalie, la fin et la renaissance du Temple et j’en passe….des poncifs certes, mais il faut bien l’avouer une bonne dose d’imagination et de matériel.

L’on aimera les précisions en fin d’ouvrageindiquant par thème ce qui tient de l’imagination ou de la vérité historique. Voilà un confort intellectuel que d’autres champions de librairie ne nous offre pas et qui est à mettre au crédit des auteurs.

NB : On se prend à sourire à la description des cadres supérieurs de la Stone Corporation roulant en Laguna…Et pourquoi pas en Kangoo !

NB : On se tiendra les côtes de rire en imaginant Jacques de Molay, pendant la mise à sac de St Jean d’Acre après avoir embroché son content d’infidèles au corps à corps, hurle à en être tétanisé en  voyant deux têtes dans un sac de toile ! 

Le webblog de la franc-Maçonnerie

Pocket, 567 pages, 2009

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Sa jeunesse enfuie s’assoit péniblement, ses yeux d’adolescent brillent en se posant sur Elle.  Dans cette voiture bondée de solitudes choisies, les mains tavelées se parlent et nul ne peut les voir emplis qu’ils sont tous de la vacuité de leurs présents immédiats.

Sérieux et appliqué, la soixantaine dégarnie, l’indigent journal lui salit les doigts et le regard qu’il n’a plus pour Elle, assise face à lui, transparente depuis si longtemps.  Elle attend.

Les souvenirs de ce chaud dimanche en guise de vade mecum, l’Iphone protège la jolie blonde du hasard des rencontres inopinées.

Dans le train du matin, les intelligences fuient dans les magazines démocratiques.

Carl Gustav JUNG - le Livre Rouge
"Les années durant lesquelles j’étais à l’écoute des images intérieures constituèrent l’époque la plus importante de ma vie, au cours de laquelle toutes les choses essentielles se décidèrent. Car c’est là que celles-ci prirent leur essor et les détails qui suivirent ne furent que des compléments, des illustrations et des éclaircissements. Toute mon activité ultérieure consista à élaborer ce qui avait jailli de l’inconscient au long de ces années et qui tout d’abord m’inonda. Ce fut la matière première pour l’œuvre d’une vie." Ma Vie, souvenirs rêves et pensées

Carl Gustav JUNG - le Livre Rouge
Resté secret pendant presque 100 ans, enfin accessible à tous, dans son format original, le Livre Rouge est un grand livre calligraphié, enluminé et illustré, de la main de Jung.  De 1913 à 1930, Jung a travaillé à ce livre, qui est la matrice de son œuvre future. Il lui a fallu d’innombrables heures de travail pour écrire le texte original, le recopier à l’encre de Chine, en écriture gothique, l’enluminer de lettrines et de cabochons, insérer entre les pages des gouaches.

Avant cette publication, à peine une vingtaine de personnes au monde, en près d’un siècle, avaient posé les yeux sur les pages intérieures du Livre Rouge de Jung !

Entre textes calligraphiés, images, peintures, mandalas et une richesse étonnante de personnages de l’imagination, de la mythologie et de la culture, Liber Novus, raconte l'histoire d'un homme qui a perdu son âme et part à sa recherche. Les différents chapitres sont conçus selon un plan particulier : ils commencent par l’exposition de fantasmes visuels, dans lesquels le "moi" de Jung rencontre les personnages les plus divers dans les décors les plus variés. Le dialogue s’instaure entre eux. Puis Jung interprète et approfondit la relation entre l’individu et la société, entre chacun d’entre nous et la communauté des morts. Il questionne le christianisme. Il se relie aux autres religions. Une nouvelle image de Dieu renaît.

Le Livre Rouge nous rappelle l’importance de l’introspection et de la vie intérieure, à une époque où les distractions et les dispersions n’ont jamais été aussi fortes. La distance de près d’un siècle entre sa rédaction et sa publication n’affaiblit pas l’ouvrage.

Nous sommes juste avant la première guerre mondiale, en 1913, C.G. Jung, psychiatre déjà renommé, sombre dans une profonde crise. Le Livre Rouge est le journal de bord de la traversée entreprise par Jung dans les profondeurs de sa psyché, le compte-rendu extraordinaire de "sa confrontation personnelle avec l’inconscient".   Le dialogue intense avec les profondeurs et ce débat avec l’inconscient seront pour C.G. Jung l’inspiration fondamentale pour essayer de déchiffrer la complexité de la psyché, ainsi qu’une source vitale pour la réalisation de son œuvre. Jung travaille au Livre Rouge pour plus de 16 ans, jusqu’en 1930 lorsqu’il décide d’interrompre le texte au milieu d’une phrase.


 

Carl Gustav JUNG - le Livre Rouge
Hâtez-vous d'aller à l'exposition de l'original du Livre rouge de C.G. Jung au musée Guimet 

Du 7 septembre au 7 novembre 2011 dans les salles d’expositions temporaires du musée Guimet (Paris). 6, place d’Iéna – 75116 Paris, Site internet : www.guimet.fr, Tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h.

Exposition plein tarif : 5 €

Éditeurs : L’Iconoclasteet La Compagnie du livre rouge

190 pages en fac-similé, 160 pages de traduction avec plus de 1000 notes, 30 cm x 40 cm, poids : 5 kg, 190€.

Traducteurs à partir de l'allemand : Christine Maillard, Pierre Deshusses, Véronique Liard, Claude Maillard, Fabrice Malkani, Lidwine Portes

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Stefan Sweig - Fouché
Le génie créateur a besoin d’une telle solitude forcée afin de mesurer, de la profondeur du désespoir, des lointains de l’exil, l’horizon et l’étendue de sa véritable mission.

Stefan Sweig - Fouché
Derrière les faits indiscutables, Stefan Zweig recherche l’intime qui fait se mouvoir les hommes. C’est dans leur nature même que ce fidèle de Freud dévoile les racines psychiques et primales des décisions toutes entières habillées de raisons raisonnantes par les historiens consciencieux expliquant les évènements après coup, par tels ou tels des évènements antécédents, alors qu’un évènement tout différent se serait aussi bien expliqué, dans les mêmes circonstances, par des antécédents autrement choisis (relire Henri Bergson, Essai du possible et le réel).  L’Homme alors devient sujet et acteur de l’Histoire comme dans le  magnifique et toujours actuel Conscience contre violence.  

1759, nait à Nantes ce fils de commerçants et de marins que rien ne présageait à devenir duc d’Otrante.  Il aura fallu à ce demi-prêtre professeur au séminaire, l’éclatement des vermoulures d’un ordre fini pour se voir révéler un génie formé comme Sieyès ou Talleyrand à l’école de Loyola, l’école de la maitrise de soi et de l’éloquence.  Dans la tourmente les amis d’Arras d’hier deviennent les ennemis d’aujourd’hui.  Robespierre y laissera sa tête. Napoléon ses rêves.  Le trait essentiel de sa nature : sa répugnance à se livrer entièrement à quelqu’un ou à quelque chose.  Ambitieux au dernier degré sans la vanité, le pouvoir est à celui qui le possède et non à celui qui le représente.

Les Girondins tombent, Fouché reste. Les Jacobins sont traqués, Fouché reste.

Stefan Sweig - Fouché
L’Empire est bien sûr au cœur de la vie de Fouchéet l’image de Napoléon, génie dévoré par sa famille, est saisissante.  De ces relations avec Napoléon Bonaparte, je ne retiendrai que cet échange si typique

§  Vous êtes un traitre, duc d’Otrante, je devrais vous faire couper la tête.

§  Ce n’est pas mon avis, Sire

De son inimitié avec Talleyrand, retenons ce mot de l’évêque d’Autun à Napoléon

“Sans doute, Monsieur Fouché a grand tort, et moi, je lui donnerais un remplaçant, mais un seul : Monsieur Fouché lui-même.”


Le plus saisissant pour un françaisélevé dans le mythe de la Révolution française est cette lecture d’un européen de l’Est, de cet homme du XXème siècle qui voit au sein de ces temps héroïques les premiers manifestes communistes, et même bolchevique, en 1793 avec les Instructions de Lyon : “Prenez tout ce qu’un citoyen a d’inutile ; car le superflu est une violation évidente et gratuite des droits du peuple.  Tout homme qui a au-delà de ses besoins ne peut plus user, il ne peut qu’abuserCette lecture plus actuelle permet de voir s’affronter des socialistes et des communistes et aussi des faiseurs de butins et des âmes à double visages, des généraux et des financiers, profiteurs, chevaliers d’industrie…

Machiavel avait ouvert la porte au monde moderne en séparant la politique de la morale. Pourtant l’artiste, dans sa préface, ne peut accepter ce jeu : “Chaque jour nous constatons encore que, dans le jeu ambigu et souvent criminel de la politique, auquel les peuples confient toujours avec crédulité leurs enfants et leur avenir, ce ne sont pas de hommes aux idées larges et morales, aux convictions inébranlables qui l’emportent, mais ces joueurs professionnels que nous appelons diplomates, - ces artistes aux mains prestes, aux mots vides et aux nerfs glacés. Sans doute nombreux sont ceux qui, aujourd’hui encore, convoqueront les mânes de Sweig contre le sang glacé du Prince italien.

N’oublions pas que Stefan Zweig, dans la partie consacrée à Hölderlin de son Combat contre le démon, avait déjà pris à parti lemoulin de la destruction de la Révolution levant sa hache sur la beauté du monde.  “Divers est leur trépas, mais pour tous il est précoce.”  En France André Chénier, Apollon d’un nouvel hellénisme, trainé à la guillotine le dernier jour de la terreur.  En Angleterre en quelques années, John Keats, Shelley et Lord Byron, la plus noble floraison lyrique est anéantie.  Pour l’Allemagne Novalis, Kleist, Raimund, Büchner, Hauff, Schubert, expirent avant le temps.  Leopardi, Bellini, Gridojedof, Pouchkine endeuillent Italie et Russie. Seul Goethe est toujours debout à Weimar.

Petite curiosité : Il travaillait dix heures par jour.  Voilà l’expression typique de Stefan Zweig désignant celui qui se donne passionnément à son activité.  Une expression allemande ? Une limite personnelle ?

Vite courez chez votre libraire !  10€ pour une magnifique biographie de Zweig couvrant, certes la vie de Fouché, mais surtout une vision de la révolution française par un magnifique écrivain du XXème siècle!

Grand merci à Antoine à qui je dois cette lecture, cette vision.

Grasset – Les cahiers rouges, 312 pages, 9,60€

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Damien Lafont - Entrez dans la ZONE
Atteignez l’état mental ultime, cette sensation d’euphorie qui efface le doute et la fatigue…

Qu’est-ce que la Zone et le flow ? Comment y arriver ? Peut-on y accéder à volonté ? Est-il nécessaire d’être un expert de sa discipline ? L’effort physique est-il nécessaire ?

Damien Lafont - Entrez dans la ZONE
Honnête et clair, Damien Lafont démontre l’existence de ce qui n’est pas seulement une question de concentration ou de méditation et, tout en admettant l’ignorance scientifique actuelle sur le sujet, ouvre habilement les portes de la compréhension de la zone pour que chacun puisse trouver des réponses à des interrogations muettes et mettre un nom sur des moments étranges voir paranormaux.

“La dimension la plus étrange sans doute est celle de la transformation de la notion d’espace et le plus souvent de celle du temps.”

Parce que tout de même l’effet le plus étrange est la distorsion de l’espace/temps !

La dimension classique du compétiteur à la main chaude, en chaleur ne s’explique déjà pas scientifiquement alors que penser de l’expérience de la distorsion temporelle ou spatiale !!

Comment partager avec ses pairs la dilatation du temps ? Merci à Damien Lafont de venir faire éclater le soupçon de folie de cet état sensible impossible à mesurer scientifiquement.

Mes souvenirs les plus flagrants de la Zone sont ces moments étonnants où le temps semble se suspendre, se décomposer.  Tournoi de Dijon, contre-attaque, tir à mes 5 mètres arrêté comme si la balle venait de mes 12 mètres ou encore ce ¼ finale de la Coupe de France avec 9 buts encaissés en 30’ avec 6 jet de sept mètres arrêtés sur 8 tirés !  Ou encore cette passe de 30 mètres prise en suspension par un joueur en pleine course au-dessus de la zone d’attaque ! Comme si la distance et le temps n’existait pas.

La Zone serait bornée par l’ennui et l’anxiété.

Le besoin d’un Partenaire- un adversaire- pour donner le meilleur de soi.  Ce lâcher prise qui curieusement apporte une sensation de contrôle !

Et le lecteur se prendra à rêver de son passé et de voir la zone dans la lecture, le jeu d’Echecs, l’écriture de la poésie, l’art, la prière, la spiritualité…de ce qui nécessite une harmonie instinctive corps / esprit.

Et les sports d’équipe ? Plus complexe, les témoignages ont été collectés sur ces moments de grâce, cette zone, quand une équipe joue comme un seul homme, mieux même.  

Merci à Damien Lafontd’avoir su aborder avec organisation et passion ce sujet passionnant découvert depuis une grosse dizaine d’années.  Merci pour ceux qui peuvent mettre un nom sur des expériences personnelles.  Merci d’avoir su le rendre clair car, sacré nom d’une pipe, quel travail !

Retrouvrez l’entretien de Damien Lafont et Umberto Pelizzari - France Info - 7 septembre 2011

Cet ouvrage est promu par l'excellent site qui se mobilie au service des auteurs peu médiatisés :  Les Agents littéraires

Damien Lafont - Entrez dans la ZONE

Trouvez l’ouvrage sur Amphora : cliquez ici

Edition Amphora, 2011, 21€uros, 158 pages

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David Katz – La déballe
”Mais voilà, l’arnaque a continué pendant près de dix-huit mois et c’est au total vingt-trois millions d’€uros qui ont été subtilisés et ce, dans pas moins de vingt-huit banques et trois grands groupes du CAC 40.

David Katz – La déballe
Voilà qui est rondement mené ! Sous forme de narration autobiographique, David Katz relate l’enchainement de circonstances qui l’ont amené du soleil aux prisons françaises.  Ni larmoyant, ni arrogant, l’auteur réussit avec succès, dans un style lapidaire mais efficace, à communiquer à son lecteur l’essentiel de son histoire.  Fruit d’un travail sur soi, ce livre est parfaitement maitrisé en particulier grâce à l’effacement de l’auteur devant le récit. 

Pour ceux qui l’ignoraient encore, vous apprendrez aussi comment vos banquiers ne sont que des agents de l’Etat, prendrez un cours sur les sociétés offshore et paradis fiscaux pour les Nuls et son application dans le monde réel, visiterez avec dégout les insalubres prisons françaises et son lot de prisonniers enfermés sous lettre de cachet depuis 2 ans sans jugement.

Un livre d’homme parlant droit dans les yeux, d’une écriture simple et efficace.  Un livre pour le lecteur, pour le citoyen.  Un moment face à un monde réel.  Car ignorons-nous vraiment tout cela ? Nous préférons, moi comme nous tous, conserver notre place dans le système et rester aveugles comme toutes les victimes des mafias.  En ne citant que ma propre expérience cela me rappelle…

…un retour en train du Luxembourg avec des artistes parlant haut et fort de leurs optimisations fiscales : toucher l’argent de leur travail dans une banque au Luxembourg et toucher les Assedic en France,

….ma session de juré d’assises à Lyon avec tous ces gens qui sont restés 24 mois en prison avant de comparaître et à qui il fallait bien coller au moins 2 ans de prison puisque….

….l’optimisation fiscale d’un éditeur européen qui remontant ses revenus dans une BV (SA hollandaise) pouvait négocier son imposition à 8% au lieu de 40 en France puis remonter les revenus dans une H29 au Luxembourg,

…cet homme d’affaire qui, aux yeux du Fisc français, perdit tous ses revenus dans un investissement en Russie et en fait qui fit disparaître, moyennant finances, sa fortune de France,

…cette startup internet qui, le jour de la publication de ses premiers bénéfices, fut rachetée opportunément par un groupe basé aux Barbades….

…le Docteur Véronique Vasseur dénonçant la situation sanitaire de la Santé dans un livre resté lettre morte.

Le pitch de l’éditeur et commandez le livre

Publibook, 2011, 314 pages, 23€uros

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Haruki Murakami – 1Q84   (Livre 1)
“Si vous faites cela il n’est pas impossible que le paysage vous semble un peu différent de celui de tous les jours.  Mais il ne faut pas se laisser abuser par les apparences.  La réalité n’est toujours qu’une.

Haruki Murakami – 1Q84   (Livre 1)
Une œuvre hypnotique. Grâce à une écriture légère et musicale, Murakami rejoue la partition de Platon contre Aristote, le monde des idées contre celui des sens.  Les chroniques des vies parallèles et mystérieusement partagées d’Aomamé et de Tengo, des histoires d’amour et de violence où l’aventure ne le cède en rien aux mystères.

Ce conte romanesque supporté, que dis-je sublimé, par la traduction extraordinaire d’Hélène Morita, convoque, au détour des pages les apparences multiples d’un réel peut-être unique.

“A l’opposé du splendide bâtiment aérien des mathématiques, le monde romanesque de Dickens représentait pour Tengo une forêt touffue et enchantée.  A l’inverse des mathématiques qui s’étiraient sans fin jusqu’au ciel, c’était une forêt muette qui s’étendait sous ses yeux.  Ses racines robustes et sombres plongeaient en un réseau profond dans la terre.  Là, il n’y avait ni plan ni portes numérotées.

Dans la forêt romanesque, quelle que soit la clarté qui relie entre eux les évènements, une réponse claire ne vous ait jamais offerte.

1984, les parcours d’Aomamé, la tueuse parfaite dans l’attente de son amour d’enfance et Tengo, l’écrivain judoka sentimental vivent chacun l’Aventure qui bouleversera leur vie. Deux luttes à la fois contre la secte des Précurseurs et les mystérieux et invisibles Little People.

Ouvert sur le conseil de Charles, mon excellent libraire de Versailles, l’heure des mamans, qui a créé avec Lucile un salon de thé / Librairie mêlant dynamisme, amour des livres et partage. 

Fermé sur cette énigmatique phrase : “Tengo devint de moins en moins sûr du monde auquel il appartenait dans le moment présent.”   Fin du Livre 1

Belfond, 533 pages, 23 euros, Traduction d’Hélène Morita avec la collaboration de Yôko Miyamoto

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