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Deux films pour confirmer la bonne santé du Festival Franco-Coréen du Film

Par Tred @limpossibleblog
Alors que le Festival Franco-Coréen du Film bat son plein, je ne peux que d’ores et déjà constater quelque chose que nul festivalier ne pourra renier : l’édition 2010 est en forme. Je parle de films bien entendu, de films qui jusqu’ici, malgré une ou deux déceptions, se montrent de belle qualité, de meilleure qualité qu’en 2009. Preuve en a encore été faite vendredi, quatrième jour de la manifestation. D’abord avec Crying Fist dont je vous ai parlé plus tôt, ensuite avec deux films de la sélection, dont un en particulier a comblé mes attentes de spectateurs.
Deux films pour confirmer la bonne santé du Festival Franco-Coréen du FilmMais contrairement au bouche-à-oreille, ce film n’est pas A light sleep. Non, le premier long-métrage de Yim Seong-Chan n’est pas un mauvais film, il est même plutôt intéressant. Mais on m’en avait dit tant de bien depuis sa première projection mercredi que je m’attendais à voir LE film essentiel de la compétition de longs, alors que ce titre venait d’être emporté quelques minutes plus tôt à mes yeux par un film dont je parlerai un peu plus bas.
A light sleep suit les pas de Yeo-Lin, une lycéenne solitaire qui s’occupe seule de sa petite sœur depuis le décès de leurs parents. A la fois taciturne et enjouée, Yeo-Lin repousse sans conviction les avances de Joo-go, au grand dam d’une de ses camarades de classe qui elle se pâme d’amour pour lui. Les petites histoires de cœurs lycéennes sont loin d’être ce qu’il y a de plus intéressant dans ce délicat film. J’irai même jusqu’à dire que ce qui rend le film bancal, c’est justement ce sentimentalisme pas déplaisant mais mal maîtrisé scénaristiquement. Le film bénéficie d’une belle déconstruction narrative, zigzaguant entre les jours, mais autant le portrait de jeune fille qui se dessine au long du récit tient bien la route, notamment grâce à la délicatesse de la jeune comédienne Choi Ah-Jin, autant les trous laissés par l’errance narrative plombent par certains aspects le film.
Le point d’orgue de cette déception est la scène flash-back épilogue qui tombe comme un cheveu dans la soupe, loin d’être nécessaire et même cohérente. Mais la légèreté globale de l’œuvre, parcourant le film avec douceur, le rend tout de même charmant, à défaut d’être indispensable.
Deux films pour confirmer la bonne santé du Festival Franco-Coréen du FilmPour moi la vraie révélation de la journée fut Oishi Man. Peut-être parce que je n’en avais pas entendu parler depuis deux jours contrairement à A light sleep, mais certainement aussi parce que le film déborde d’une poésie cinématographique qui m’a enchanté. Le film suit les déambulations de Hyun-Suk, ex-futur musicien à succès qui, ayant appris que ses problèmes d’oreille mettaient un terme à sa carrière, part dans le froid japonais d’Hokkaido, où il ne connaît personne, où le froid fait régner le silence, et où il ne parle pas la langue. Là-bas, il s’installe quelques jours dans une pension tenue par une japonaise un peu excentrique, Megumi.
Oishi Man est de ces films dont j’ai du mal à exprimer les qualités, car celles-ci ne sont pas quantifiables ou clairement identifiables. C’est un cinéma du ressenti, et c’est ce trait qui cristallise les émotions devant le film de Kim Jeong-Jung. Le décor enneigé d’Hokkaido joue un rôle déterminant dans le film, il ne s’agit pas d’un simple décor, c’est un personnage à part entière, dialoguant presque avec les personnages.
Le froid, les sons, la musique qui parcourent Oishi Man en font un cocon cinématographique, une bulle d’oxygène dans laquelle on vit en décalé, à un rythme ralenti. Ce soin extrême étonne tant que dans les premiers moments du film, j’avais la sensation qu’il pouvait basculer dans le thriller. Mais heureusement non. Le film se contente merveilleusement d’être une errance poétique et bucolique d’un être cherchant à se sortir de ses doutes et à se régénérer, parcouru au passage de jolis moments de comédie dans les confrontations linguistiques et culturelles entre le coréen mutique et la japonaise iconoclaste.Inattendu, posé, réfléchi, délicat, Oishi Man est une belle révélation du Festival.

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