A paraître dans le Rif Raf de Décembre:
Top 10 2010:
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1. Various : ‘Radioclit Presents African Dance Music Anthems : Secousse Vol.1’
Crammed
Meilleur disque de l’année ou pas, j’en sais vraiment rien mais ce genre de son world beat gravé dans l’électro d’occasion a toute les raisons de se retrouver en tête d’un top ranking chez nous (lire la chronique de ce mois). En plus sophistiqué, celui des Peas Project ou de Buraka Som Sistema appartient somme toute au même monde. Lively up yourself ! Lire interview semaine prochaine sur ce blog!!!
2. The Peas Project : ‘Power & Romance’ The Peas Project
3. Various : ‘Tumbélé ! : Biguine, Afro & Latin’ Soundway Records
4. Blakroc : ‘Blakroc’ V2
5. The Jim Jones Revue : ‘Burning Your House Down’ Punkrockblues Records/PIAS
6. Quentin Dujardin : ‘Impressionniste’ Agua Music
7. Le Double : ‘Songs For Maggots’ Spank Me More Records
8. Junip : ‘Fields’ City Slang/COOP
9. Choc Quib Town : ‘Oro’ World Connection
10. The Black Angels : ‘Phosphene Dream’ Blue Horizon
11. Various: 'Papua Close To Nature' Air Mail Music
12. Galactic: 'Ya-Ka-May' ANTI-
13. Tetine: 'From A Forest Near You' Slum Dunk Music
14. The Baseballs: 'Strike' Warner
15. Dobet Gnahoré: 'Djekpa La You' Contrejour
‘Love And Death’
Strut
L’afrobeat originel est toujours aussi vert et on s’en réjouit. C’est le ghanéen Ebo Taylor qui nous en apporte la preuve éclatante. Au début des années 60 à la London School of Music, il intégrait déjà le jazz dans le highlife africain en compagnie de Fela. Devenu producteur et arrangeur, il travailla pour de nombreuses stars de son Etat et enregistra quelques projets solo dont subsiste notamment le fameux ‘Heaven’, fer de lance sur les compilations d’excellents labels comme Soundway Records ou Analog Africa. À 74 ans, ce grand pionnier affirme vouloir faire avancer la cause de l’Afrobeat et c’est le label Strut qui lui offre son premier album en sortie internationale. En compagnie du Afrobeat Academy basé à Berlin (cf. aussi le Kabu Kabu de Jimi Tenor), Ebo Taylor signe huit morceaux sentencieux dont deux nouvelles versions d’anciens titres. Pouvoir écouter tout un album de son cru divulgue une vision plus personnelle de l’afrobeat : les textes, moins basés sur les revendications politiques, sont autant chantés que scandés. Dans la voix acérée et aiguë de Taylor, l’émotion est palpable, surtout sur le titre éponyme (titre ancien relatant une histoire d’amour qui tourne au tragique… pas si fréquent dans l’afrobeat !) qui balance son lot de frissons à glacer tout le delta du Niger. Mais ce qui frappe le plus c’est l’aspect très solennel et grave des morceaux, renforcé par des descentes de cuivres déférentes, comme pour célébrer le retour (également sur scène) d’un grand maître qu’on n’avait que trop peu écouté jusque-là. (jd)
Afrocubism
‘Afrocubism’
World Circuit Records
Projet qui aurait dû voir le jour en 1996 sous la forme d’une super groupe réunissant la crème des musiciens maliens et cubains, le producteur Nick Gold se ravisa lorsque les Maliens ne purent quitter Bamako faute de visa. Il dut se « contenter » de ce qui allait redevenir le Buena Vista Social Club… On a vu pire comme coup du sort ! Néanmoins sa passion pour les correspondances entre musiques cubaines et africaines allait à nouveau être titillée par les protagonistes maliens et c’est en 2009 que le projet fut relancé, notamment sous la houlette de Bassekou Kouyaté (n'goni) et du guitariste Djelimady Tounkara. Pour compléter le dream team, le plus jeune du Buena Vista, Eliades Ochoa (guitare et chant) et son orchestre ainsi que Toumani Diabaté (kora), le chanteur Kassé Mady Diabaté et le balafoniste guinéen Lassana Diabaté. A faire pâlir plus d’un producteur de hip hop en mal de featuring crémeux. Sauf qu’ici les musiciens prennent le temps de tisser des liens entre leurs racines respectives et d’élaborer des compositions et des reprises d’une saisissante consanguinité. On finit par se perdre avec bonheur tant les voix et les instruments (duos guitare/kora !) s’entremêlent avec une concordance et une délicatesse confondante. Comment ne pas être conquis par tant de talent et ému par le charme de chansons comme ‘La Culebra’, ‘Jarabi’ et ‘Nima Diyala’ ? Cependant le charisme sur l’ensemble de l’album fait légèrement défaut si l’on se réfère aux travaux respectifs des différents musiciens. De même que certains instrumentaux viennent assoupir quelque peu le propos. Cela n’empêche cette expérience d’être vivace et captivante. (jd)
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Axel Krygier
‘Pesebre’
Crammed
Oiseau à plumes exotiques et protéiformes, Axel Krygier est un producteur et musicien de talent issu de la turbulente scène de Buenos Aires, de même qu’un des plus sûrs représentants de la vague tropicale argentine. Versé dans le classique et dans les musiques folkloriques les plus insolites, il troque rapidement la flûte et les partitions pour des logiciels de fou et des claviers midi. Toutes ces lubies lui laisseront un goût pour le fantasque et pour une esthétique rustique mais limpide. Il possède, ce qui ne gâche rien, un sens de la dérision qu’on retrouve autant dans le pictural (la pochette où il dessine une Nativité revisitée en musiciens de crèche) que dans les textes et la production pleine de facéties sonores. Pour son quatrième album, Axel nous trimballe entre des Rois mages twistant sur un air latino (l’excellent ‘Cucaracha’ en ouverture), Joseph au tuba pour un klezmer tropical et quelques moutons en rut qui mâchonne un blue grass des Andes. Même l’âne et le bœuf sont convoqués pour beugler en vocodeur sur l’intro des beats hip hop de ‘Pesebre’. Bref ce chatoyant mélange de folklores d’Amérique du Sud et d’élucubrations électroniques qui est tout sauf lourdingue, est le disque le plus baroque et fluide entendu depuis longtemps… et bien plus qu’un simple cadeau de Noël ! (jd)
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Shaking Godspeed
‘AWE’
Suburban Records
Au taquet ces Hollandais, à l’attaque ! Enregistrant dans un garage quelque part aux Pays-Bas début 2010 le groupe a conquis sa réputation grâce à des prestations live sauvages. Parmi tous les valeureux représentants du rock alternatif auquel ils croient dur comme fer, les Shaking Godspeed font la différence avec des titres beaucoup plus originaux et percutants que nombre de leurs confrères (cf. les fades The Mad Trist, Hollandais également chroniqué le mois dernier). Les guitares blues-rock, les slides (‘We’re Under Attack, So I’ve Heard’) y sont pour quelque chose mais pas seulement car tout cela prend des tournures très alternatives voire stoner (‘People Wait People Listen’ ébouriffant) au gré de l’inspiration déviante du trio. On flirte à fond les balais avec les limites des genres et de la pression nerveuse : il y quelque chose des Eagles Of Death Metal éructé par un Jon Spencer, un je ne sais quoi du son ou de l’énergie brute et ramassée du Led Zep III. Bon on en rajoute (ça fait du bien parfois !) mais ‘I Don’t Have Time’ sonne beaucoup mois bien, avec un refrain qui sent la Heineken pisseuse repris en chœur par tous les marins du pays. Idem pour le très sixties ‘Lately’. Quoi qu’il en soit avec Shaking Godspeed, vous êtes aux commandes d’une vieille carlingue spatiale avec laquelle vous rentrez dans la stratosphère bien au-delà de la vitesse autorisée et c’est toute la carcasse qui trinque en éparpillant ses derniers bouts de carapace. Le bouclier thermique rend l’âme, il fait étouffant, puis toutes les commandes vous lâchent et vous vous retrouvez sans ailerons, sans freins et pas le moindre parachute… Prêt pour l’atterrissage en catastrophe quelque part entre le Mississippi et Palm Desert (Sessions)… une bonne paire de claques ? (jd)