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Ouragan, Laurent Gaudé, Katrina, la Nouvelle Orléans maintenant...

Publié le 16 novembre 2010 par Jcgrellety

Ouragan

"Voilà un bout de temps que je ne pense plus à Katrina tous les jours. En tant que membre de la diaspora de la Nouvelle-Orléans, je ne suis jamais confronté aux restes visibles de la destruction – les bâtiments abandonnés, les terrains vagues et les maisons sur les portes desquelles est encore inscrit, à la bombe de peinture, le nombre de morts à l’intérieur. Lorsque j’enfile ma casquette des Gold Saints, je pense au Super Bowl et pas au fait que l’équipe a failli partir pour Los Angeles ou San Antonio l’année suivant la tempête. Mais une fleur de lys (l’emblème des Gold Saints) est bien plus qu’une fleur de lys. La semaine dernière, un homme assis dans un bus, avisant ma casquette, a enlevé ses écouteurs et m’a dit qu’il avait quitté la Nouvelle-Orléans au moment où la tempête faisait rage – il m’a dit qu’il souhaitait ardemment rentrer mais qu’il n’y est pour l’instant pas parvenu. Lui pense à Katrina chaque jour. Lorsque j’ai fait le deuil de la Nouvelle-Orléans en août 2005, je pensais avant tout à ma famille et aux lieux qui m’étaient chers: la maison de mes grands-parents, Audubon Park, le Rock ‘N’ Bowl. Cinq ans plus tard, l’héritage de Katrina est moins présent que je l’imaginais. Si la tempête a naturellement affecté le paysage de la Nouvelle-Orléans, ses effets sont aussi visibles qu’invisibles. Katrina est un désastre collectif enduré en privé, une tragédie qui constitue une rupture temporelle pour tous les habitants de la Nouvelle-Orléans. Les vies sont aujourd’hui divisées en avant et après Katrina, chaque événement post-ouragan n’étant relié au passé que par une ligne pointillée, quand il est relié. Pour ma grand-mère, Katrina est liée aux soins qu’elle portait à mon grand-père. Alors que le vent et la pluie menaçaient la côte, ils ont quitté leur maison en emportant des médicaments et des vêtements pour quelques jours. Ils sont rentrés à la Nouvelle-Orléans après avoir passé cinq mois à Houston, mais n’ont pas pu regagner leur foyer. La maison dans laquelle ils avaient vécu durant un demi-siècle étaitinondée, moisie et inhabitable. Ils ont déménagé dans un appartement plus petit, et les quelques biens qu’ils ont pu sauver –vaisselle, livres et tout ce qu’il est possible d’accumuler en 57 ans de mariage- a été entreposé dans des cartons. Mon grand-père est mort un an après leur retour et ma grand-mère pense à Katrina chaque jour –à chaque fois qu’elle pense à lui.

Tout le monde a son histoire de Katrina –ce"

http://www.diploweb.com/L-ouragan-Katrina-les-lecons-d-un.html


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