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Billy Cobham - "Spectrum" 1973 Atlantic Records

Publié le 16 novembre 2010 par Audiocity

Parlons aujourd'hui d'un des disques majeurs de jazz/rock écrit par le très énergique batteur Billy Cobham en 1973 alors que celui-ci s'apprête à monter sur scène pour la dernière fois en compagnie du Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin. Rapide rappel des faits du critique Steven Huey à propos de Billy Cobham: «il est le plus grand batteur de jazz “fusion” avec un style particulier qui marie une grande puissance à une précision extrême». Comme l'attestent les morceaux "Stratus" (repris par Massive Attack sous l'appellation "Safe from Harm") ou "Spectrum" (une gifle musicale très intense de plus de 5 minutes), rares sont les musiciens à être parvenus à un tel niveau de technicité rythmique. Il est à cette époque un des seuls batteurs à savoir manier les baguettes avec autant de dextérité et de souplesse. Il est aussi le précurseur en matière de polyrythmie grâce notamment à tout un panel de grosses caisses (2 au minimum) et de cymbales charleston qui lui permettront une expressivité hors-norme employée essentiellement au service d'un jazz plus moderne, débarrassé de ses formes conventionnelles, et inspiré aussi bien du rock que du funk alors en plein essor aux Etats-Unis. Sideman respecté et convié pour toutes les qualités décrites précédemment, il a joué avec Miles Davis sur quelques-uns des plus beaux disques de sa période électrique ("A Tribute To Jack Johnson", "Live-Evil", "Bitches Brew", ou "On The Corner"), puis à rejoint le Mahavishnu Orchestra en 1971 durant presque 3 ans. En 1973 sort "Spectrum", son premier disque en tant que leader enregistré pour la firme Atlantic. Un groove d'exception, des sonorités funky, une batterie ravageuse et démoniaque à la précision imparable, un dialogue entre claviers et guitares aux phrasés accrocheurs et modernes, une basse lourde et bien ronde, à l'écoute de cet album devenu "classique" on comprend que le jazz de Billy Cobham puisse continuer à faire des adeptes et que bon nombre de batteurs en herbe s'en inspire encore allègrement. La qualité de tous les musiciens n'est d'ailleurs pas à négliger et Cobham qui se constituera un line-up sur mesure (Joe Farrell à la flûte et au sax soprano, Tommy Bolin et John Tropea à la guitare, Ray Barretto aux congas, Ron Carter et Lee Sklar à la basse électrique et acoustique, et Jan Hammer aux claviers pour ne citer qu'eux). Billy Cobham lors d'un entretien s'exprimant sur le sujet: «Ce que jouent les musiciens est toujours basé sur leur expérience de vie. J’ai joué parfois avec des gens qui me disaient «Ne t’inquiète pas, je lis extrêmement bien, pas de problème, ça va sonner!» Et quand je les ai entendus jouer mes morceaux… cela déconnait complètement. Ils ne jouaient pas la musique, ils jouaient pour ne pas avoir l’air mauvais, une sorte de mécanisme de défense. Mais cela, ça ne me sert à rien. La seule question est, en matière de musiciens, s’ils sont capables d’interpréter correctement ce qui est écrit sur le papier. Et s’ils ne l’interprètent pas dans le sens où je l’entends, ce n’est pas leur faute. C’est la mienne, parce que je n’ai pas choisi les bonnes personnes». Et croyez moi, sur "Spectrum" chacun tient sa place à merveille et l'entente entre tous les musiciens est évidente. Un chef d'oeuvre indispensable pour tous les mélomanes que je recommande aussi à tous ceux qui voudraient débuter l'aventure jazz/rock mais qui ne sauraient pas trop par où commencer. Ici aucun risque de faire de mauvaises surprises et un sans faute artistique du début à la fin du disque. Ecoute intégrale ici.


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