Cacharel. Un nom qui chante à nos oreilles comme un romantisme assumé. Une maison française de renom qui a su imposer son succès à l'international par une image forte et très flower power mise en scène par une Sarah Moon qui deviendra un nom indissociable du succès de la marque.
La jeune fille en fleur très flower power de Sarah Moon qui contribuera au succès international de Cacharel.La chemise en crépon, l'imprimé liberty mais aussi l'ambiance très « jeunes filles en fleurs » sont autant de références qui deviendront les codes absolus d'une marque à part pour beaucoup d'entre nous. Des collections que nos mères ont portées, que nous, alors enfants, étions obligés d'enfiler comme le comble du chic, mais aussi des parfums à la représentation ultra célèbre que nos sœurs ont déversé sur leurs nuques à déraison. Mais voilà, Cacharel c'est aussi une saga digne d'une série à la Dallas : de succès en déboires, de relaunch en crise, Cacharel détonne. Avec un fondateur au caractère sulfureux, origines sudistes obligent, la marque dispose d'une forte tête qui ne laisse sa place à personne. Jean Bousquet, qui a aussi été le maire de Nîmes pendant des années, est le ciment de cette entreprise qui sent bon la France typique et couture.
Cédric Charlier (de dos) en grande discussion avec Jean "le patron" Bousquet.Le cas de Cacharel est assez hallucinant et c'est sur son aspect belge que nous avions envie de nous pencher. Depuis le passage éclair mais salvateur du duo Eley-Kishimoto, surnommés les « rois de l'imprimé », Cédric Charlier, formé à La Cambre et qui s'est vu faire ses armes auprès de Michael Kors chez Céline ou encore Alber Elbaz chez Lanvin, reprend alors les rênes d'une maison qui a vu défiler une tripotée de designers sans vraiment redorer son blason, voire même en accentuant l'effet de « perdition » de celle-ci.
Monsieur Cédric Charlier.Cédric Charlier se pose alors en génie sauveur made in Belgium de cette maison qui a un besoin essentiel de renouer avec ses codes pour flirter de nouveau avec son succès d'antan. Comment ne pas être fier de ce designer bien de chez nous qui va réaliser l'impensable en donnant à Cacharel une allure qu'elle n'avait jamais eue : minimaliste, chic et hip, tout en respectant les codes qui ont construit la légende. Un ADN visible par des clins d'œil qui viennent se poser sur une nouvelle femme heureuse et colorée qui se veut au comble de la tendance, dans un aspect éclatant de fraîcheur.
La femme fraîche et lumineuse du printemps / été 2011. Des robes, des chemisiers bien évidemment, de la jupe plissée, du liberty en touche fine et bien placée, et de l'imprimé qui fait « mal aux yeux », Cédric Charlier a compris tout ce que représente la célèbre griffe. Mais c'est par son côté perfectionniste qu'il rehausse la marque d'une aura hip incontournable : coupes ultra parfaites, couleurs divinement bien choisies, imprimés fous et originaux, tout est là pour que Cacharel retrouve ses lettres de noblesse. Les robes du soir sont aussi divines que les tenues jour ultra chics que le monsieur propose. Les jeunes filles comme les mères et surtout les fans de mode ne peuvent pas passer à coté des collections de Charlier : Il a réussi à s'approprier la nostalgie d'une marque au passé ultra riche pour en faire une griffe à la beauté contemporaine, minimaliste et très française. Des propositions tranchées et absolue qui donne l'envie de se jeter dessus pour affirmer son élégance dans la différence. Cacharel se voit alors auréolé d'un charme underground. Un hip que pourrait s'approprier les actrices du cinéma indépendant ou les artistes du Brooklyn fou.
Chic, hip et moderne, la nouvelle femme Cacharel - Automne / Hiver 2010. Le concept store Opening Ceremony ne s'y est d'ailleurs pas trompé en proposant la collection dans sa boutique de New York, preuve que la griffe se refait une beauté dans le paysage de la jeunesse à la pointe. Pourtant, Cacharel ne va pas au bout de son défi. Où sont les campagnes de pub d'un nouveau genre, où l'accent moderne se ressentirait dans toute sa splendeur ? Monsieur Bousquet aurait-il oublié que la campagne de Sarah Moon en son temps avait plus que contribué à faire de sa marque un must-have ? Ne serait-il pas temps pour le Monsieur de se faire discret dans l'ombre pour que Cacharel resplendisse à nouveau dans la foire de la mode internationale? laissant le soin à la nouvelle génération de lancer la marque sur une ouverture actuelle, jeune et dynamique...Aujourd'hui, il est certain que Cacharel revient en force sur le devant de la scène en faisant des incursions dans des boutiques aux sélections extrêmement pointues, mais force est de croire que la main de fer de Jean Bousquet ne va pas au fond des choses.
Les nouveaux imprimés fous et frais du printemps / été 2011.Il est peut-être temps d'aller profiter de sa retraite à Bornéo et de reconnaître le messie sauveur qu'est Monsieur Charlier comme celui qui réussira à porter sur ses seules épaules le relaunch d'une maison qui n'est pas encore dans les faveurs de tous. Pourquoi ne pas vouloir "starifier" son designer comme ses consoeurs alors qu'il est le faiseur et l'image de ce nouveau succès? On ne comprend pas la stratégie. Ce qui est sûr, c'est que nous voulons encenser ce jeune homme sorti de nos frontières qui, par son talent indéniable, a su donner à cette grande maison qu'est Cacharel ce halo de charme, d'élégance et de hip.
Allez, un petit Inez van Lamsweerde & Vinoodh Matadin, un mannequin star, trois Vogue et un ELLE par-ci par-là, une Carine qui vous donne un coup de pouce... une vraie campagne de pub en somme, et on vous assure, Monsieur Bousquet, que ce sera gagné. On dit merci qui ? Merci Cédric Charlier !
Bien à vous.