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Chateau de blois : sang, mort et volupte

Publié le 17 novembre 2010 par Abarguillet

CHATEAU DE BLOIS : SANG, MORT ET VOLUPTE

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Capitale du royaume sous Louis XII, fleuron de la Renaissance sous François Ier, le château de Blois abrita le pouvoir et ses passions. Charles d'Orléans y composa ses ballades, Ronsard y rencontra sa muse, le duc de Guise y fut assassiné. A Blois, amour, vengeance et meurtre n'ont cessé de se relayer...pour le meilleur et pour le pire.
Forteresse féodale bâtie sur les ruines d'un castrum romain, seigneurie devenue résidence royale, Blois est une fresque remarquable où se déploie un peu de l'histoire de l'art français de Saint Louis à Louis XIII. Charles d'Orléans, prince poète, lui donne cet esprit de finesse qui va décider de sa renommée. Louis XII, au début du XVIe siècle, l'érige en capitale. Blois connaît alors un âge d'or qui paraît ne jamais devoir finir. François Ier, Henri II enrichissent le château, mais la parenthèse enchantée s'achève avec l'assassinat du duc de Guise et précipite son déclin. Les efforts de Gaston d'Orléans n'y feront rien. Le château s'endort pour plusieurs siècles...
 En l'an 1440, Charles d'Orléans, enfin libéré, est de retour après  25 années passées dans les geôles anglaises. Il retrouve avec bonheur cette terre baignée par le cours paresseux du fleuve, dont la surface réfléchit les variations d'un ciel changeant. Le décor d'ensemble, avec ses coteaux plantés de vignes et ses rives festonnées par le feuillage frémissant des saules et des peupliers, en a fait un véritable val d'amour. Le poète évoquera ses retrouvailles avec son pays dans une émouvante ballade :
" Portant un jour le regard vers la France, / Je retrouvai, à Douvre sur la mer, / Le souvenir de la douceur de vivre / Que je goûtais jadis dans ce pays. / Sans le vouloir, je fus pris de soupirs / Alors même qu'il était apaisant / De voir la France où mon coeur est resté".
C'était l'heure où le royaume de France recommençait à vivre aux lendemains d'une guerre qui avait duré cent ans. Après la défaite d'Azincourt le 25 octobre 1415, lors de laquelle Charles avait été fait prisonnier, de nombreux sujets avaient bien cru que c'en était fini du royaume de France. Mais comme le disait François Mauriac : " Il y a toujours eu quelqu'un à un moment donné ".  Au XVe siècle, ce quelqu'un se nomme Jeanne d'Arc, dont on retrouve le souvenir dans plusieurs châteaux de la Loire, notamment à Chinon, Loches, Langeais, Sully, le long du fleuve où elle chevaucha en compagnie de ses camarades d'armes, si bien qu'on ne peut dissocier les deux événements : la liberté de Charles d'Orléans devant tout à la Geste de la jeune pucelle. Dans son château, qu'il rénove patiemment, le poète, qui a épousé Marie de Clèves seulement âgée de 14 ans, s'emploie à faire oublier les longues décennies d'épreuves que vient de traverser le royaume. Autour de lui, il convie les plus brillants artistes : peintres, musiciens, écrivains. François Villon en sera. Trois ans avant sa mort, il a le bonheur d'avoir un fils qui deviendra roi de France sous le nom de Louis XII. Sous son emblème, le porc-épic, ce dernier fera de Blois la capitale de la Renaissance, érigeant le château en résidence royale, et annexant le duché de Bretagne par son mariage avec la princesse Anne. Le rêve de Charles ne cesse de se concrétiser et Blois de s'embellir sous les règnes successifs de Louis XII, François Ier et Henri II. C'est dans la salle des fêtes construite sous Henri II, qu'à l'occasion d'un bal, Ronsard croise le regard de la belle Cassandre Salviati, fille d'un banquier italien : " Contre mon gré l'attrait de tes beaux yeux force mon âme". Oubliés les bruits sourds de la guerre civile, les secrets d'alcôve et les armoires à poisons, l'ode à l'amour résonne d'un château à l'autre, alors même que des jours noirs s'annoncent et que la roue de l'infortune s'apprête à s'emballer à nouveau.
Les français ne s'aiment pas, c'est, hélas ! une constante de leur histoire. Héritier des Valois, Henri III, troisième fils à régner après la mort de son père Henri II, assure son trône avec peine. La Ligue a juré de le supprimer et le fera par l'intermédiaire du moine Clément. A Blois, il convoque les états généraux et décide de profiter de l'occasion pour exécuter Henri de Guise, son plus dangereux adversaire. C'est à l'issue du conseil, qui se tient à 7 heures du matin ce 23 décembre 1588, que le crime sera commis. Alors que le duc sort d'une nuit de ravissement dans les bras de Charlotte de Sauves, il est frappé de plusieurs coups de couteaux par les gentilshommes de la cour, tandis que le souverain assiste à la scène dissimulé derrière une tenture. Quand il verra son ennemi couché à terre, il s'écriera : " Mon Dieu qu'il est grand ! Il est encore plus grand mort que vivant". Puis, après avoir rejoint Catherine de Médicis, sa mère, il ajoutera : " J'ai tué le roi de Paris, me voici roi de France ". Mais les crimes profitent rarement à leurs auteurs, heureusement ! En effet, Henri III est assassiné un an après son rival et, comme il n'a pas de descendance, la couronne échoit à la branche des Bourbon et au bon roi Henri IV qui remettra  un peu d'ordre dans un royaume déchiré par la guerre qui oppose catholiques et protestants. A la suite de ces événements, Blois va connaître un long automne, avant d'être sauvé de la destruction par l'armée qui en fera une caserne et, plus tard, par des artistes qui réclameront que le château où Charles d'Orléans, Villon et Ronsard composèrent quelques-unes de leurs odes amoureuses, soit classé monument historique et restauré.

 

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