Le compagnonnage, réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier - Le système français du compagnonnage est un moyen unique de transmettre des savoirs et savoir-faire liés
aux métiers de la pierre, du bois, du métal, du cuir et des textiles ainsi qu’aux métiers de bouche. Son originalité tient à la synthèse de méthodes et procédés de transmission des savoirs
extrêmement variés : itinérance éducative à l’échelle nationale (période dite du « Tour de France ») voire internationale, rituels d’initiation, enseignement scolaire, apprentissage coutumier et
technique. Le mouvement du compagnonnage concerne près de 45 000 personnes qui appartiennent à l’un des trois groupes de compagnons. Les jeunes à partir de 16 ans qui veulent apprendre et/ou
développer leurs compétences dans un métier donné peuvent demander à rejoindre une communauté de compagnons. La formation dure en moyenne cinq ans pendant lesquels l’apprenti change régulièrement
de ville, en France et à l’étranger, pour découvrir divers types de savoirs et diverses méthodes de transmission de ces savoirs. Pour pouvoir transmettre son savoir, l’apprenti doit produire un «
chef-d’œuvre » qui est examiné et évalué par les compagnons. Le compagnonnage est généralement perçu comme étant le dernier mouvement à pratiquer et enseigner certaines techniques
professionnelles anciennes, à assurer une formation à l’excellence dans le métier, à lier étroitement développement de l’individu et apprentissage du métier et à pratiquer des rites d’initiation
propres au métier.
Le savoir-faire de la dentelle au point d’Alençon - Le point d’Alençon est une technique rare de production de dentelle à l’aiguille, pratiquée à Alençon en Normandie dans le Nord-Ouest de la France. La dentelle au point d’Alençon doit son caractère singulier au haut niveau de savoir-faire requis et au temps très long qu’il faut pour la produire (sept heures par centimètre carré). Les pièces de textile ajouré réalisées selon cette technique sont utilisées à des fins d’ornementation civile ou religieuse. La pièce est composée de motifs raccordés entre eux par un réseau très fin. Son exécution nécessite plusieurs étapes successives : le dessin et le piquage du motif sur le parchemin, la réalisation de la base des motifs et des mailles transparentes en arrière plan, puis les points représentatifs des décors, les remplis pour créer des ombres, diverses modes décoratives, et enfin les brodes pour donner le relief. Interviennent ensuite le levage pour détacher la dentelle du parchemin à l’aide d’une lame de rasoir, l’éboutage et enfin le luchage qui consiste à polir les remplis à l’aide d’une pince de homard. Chaque dentellière connaît toutes les étapes de réalisation de la dentelle et ce savoir ne peut être transmis que par l’apprentissage pratique. Pour maîtriser totalement la technique du point d’Alençon, il faut entre sept et dix ans de formation. L’apprentissage, qui suppose un lien étroit entre la dentellière spécialisée et l’apprentie, repose exclusivement sur la transmission orale et l’enseignement pratique.
Le repas gastronomique des Français - Le repas gastronomique des Français est une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes, tels que naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvailles. Il s’agit d’un repas festif dont les convives pratiquent, pour cette occasion, l’art du « bien manger » et du « bien boire ». Le repas gastronomique met l’accent sur le fait d’être bien ensemble, le plaisir du goût, l’harmonie entre l’être humain et les productions de la nature. Parmi ses composantes importantes figurent : le choix attentif des mets parmi un corpus de recettes qui ne cesse de s’enrichir ; l’achat de bons produits, de préférence locaux, dont les saveurs s’accordent bien ensemble ; le mariage entre mets et vins ; la décoration de la table ; et une gestuelle spécifique pendant la dégustation (humer et goûter ce qui est servi à table). Le repas gastronomique doit respecter un schéma bien arrêté : il commence par un apéritif et se termine par un digestif, avec entre les deux au moins quatre plats, à savoir une entrée, du poisson et/ou de la viande avec des légumes, du fromage et un dessert. Des personnes reconnues comme étant des gastronomes, qui possèdent une connaissance approfondie de la tradition et en préservent la mémoire, veillent à la pratique vivante des rites et contribuent ainsi à leur transmission orale et/ou écrite, aux jeunes générations en particulier. Le repas gastronomique resserre le cercle familial et amical et, plus généralement, renforce les liens sociaux.