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Je dois avouer la perplexité qui m’a tout d’abord saisi à l’écoute de cet Amoral, je n’y entendais que des promesses de chansons noyées par une production tapageuse, une petite chose un peu mode à ranger dans sa niche pop indépendante ; une niche bien alignée parmi tant d’autres niches. Bref, j’étais assez vite prêt à oublier un disque qui n’avait rien à me dire et de toutes les façons je n’avais rien à attendre de lui. Tout était dans l’ordre des choses d’un fait bien ordonné, je vivais tant bien que mal quelques semaines en négligeant tout ça : ce disque, cet Amoral, sa production ampoulée et ses chansons noyés…
Pourtant un matin, il faisait beau, mais frais, allez savoir pourquoi, j’eus la drôle d’idée de vouloir réécouter l'Amoral susdit que j'avais déja oublié… Eh ! bien, figurez-vous que contre toute attente il se révéla meilleur qu’il me semblait être de prime abord ! Oh cette production était toujours pénible, maline et voulant faire sa moderne, se perdant dans les inutiles circonvolutions d’un mille-feuille de réverbération, mais à l’usage, les chansons étaient là, moins noyées et parvenant à s’extirper de cette sorte de brouet réverbéré. Sous l’écho et les afféteries, je découvrais alors la finesse de certaines mélodies, leur charme classique, la joliesse d’une basse qui tournait et pinçait. Pour un peu je me serais cru chez certains groupes oubliés du milieu des années 80 : les Lotus Eater, Pale Fountains, cette pop bien peignée et plus mystérieuse qu’il n’y parait. Bizarrement, outre les biens peignés déjà cités, je me croyais aussi chez d’autres plus supposés héroïques et vigoureux, je me croyais chez les épiques de U2 ! comme ci ceux-ci prenaient l’idée de faire des choses délicates tout en ne voulant plus sauver le monde ! Imaginez le côté intrigant de l’affaire ! Bon Je n’irais pas jusqu’à dire que ce disque m’avait dompter, mais tout du moins j’en voyais, me semble-t-il, les simples qualités : cette fraîcheur cachée, ces versants non inquiétants et cet héroïsme sournois sous la fausse complexité.
Donc un disque plein de défauts, des défauts de jeunesse, mais des qualités aussi, rien de foudroyant, mais des chansons, c’est déjà ça.
P.-S. Au jeu des références vous pouvez remplacer les Lotus Eater par les Zombies, les Pale Fountains par Love, U2 par U2.