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LA JONTE (1) entre Aigoual et Grands Causses

Par Elisabeth Leroy

LA JONTE Introduction.jpgSuivre la Jonte de sa source à son confluent avec le Tarn revient à voyager en compagnie d'un guide qui vous initie aux secrets des régions qu'il traverse.

En quarante kilomètres, la rivière parcourt des pays que tout oppose et qui, pourtant, sont étroitement complémentaires : des pays à deux étages, composés de hautes terres cévenoles et caussenardes, et des vallées où se rejoignent les torrents avant qu'ils ne s'engouffrent dans l'univers vertical des gorges. Suivre la Jonte, c'est aussi apprendre à lire dans les paysages le travail du temps, de l'érosion et des hommes qui y ont écrit leur histoire.

L'aventure de la Jonte commence sur les flancs nord du mont Aiguoual, là où les versants sont tout en courbes et en relief ondoyants, adoucis encore par le manteau vert des forêts. Sous le col de Prat-Peirot, dans l'échancrure d'un valat (vallée cévenole) granitique, à 1 350 mètres d'attitude, les neiges hivernales donnent naissance à un ruisselet qui, tournant le dos à la Méditerranée, s'en va rejoindre l'Océan.

De la table d'orientation de l'Observatoire météorologique, la vue s'étend jusqu'à l'horizon : d'est en ouest, les eaux de la Jonte, de la Brèze et du Béthuzon ont creusé trois vallées cévenoles presque parallèles qui se rejoignent à Meyrueis, sous les corniches du Causse Méjean. Les longues échines de trois serres (sommets allongés) séparent ces vallées couronnées par les tracés millénaires des drailles dont celle de la Lusette l'un des plus célèbres chemins moutonniers de la région : autrefois, des milliers d'ovins originaires des garrigues montpelliéraines allaient estiver dans l'herbe grasse des pâturages d'Aubrac et de la Margeride.

Aujourd'hui, le GR 60 perpétue l'antique voie qui court tout droit sur la crête de cette aigo-vers (eaux versantes, ligne de partage des eaux) jusqu'au hameau de Cabrillac où se tenait jusqu'au début du XX ème siècle, l'une des plus fameuses foires d'Occitanie. Au milieu des genêts, la draille arrive ensuite à l'isthme de Péjuret, véritable pont naturel reliant l'Aigoual granitique à la vastitude calcaire du Causse Méjean et ombilic providentiel pour les piétons de toutes sortes. Ici, se situe l'exacte limite des anciens diocèses de Mende et de Nimes, c'est à dire des confins antiques du pays des Gabales et de clui des Volques Arécomiques.


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