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Poezibao a reçu n° 151, série 1, dimanche 21 novembre 2010

Par Florence Trocmé


 
Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.  
 
En raison du nombre exceptionnel de livres reçus cette semaine, Poezibao a découpé l’article en trois séries.  
 
série 1 : 
•Anna Akhmatova, L’églantier fleurit et autres poèmes, La Dogana 
•Yves Bonnefoy, Le siècle où la parole a été victime, Mercure de France 
•Mathieu Bénézet, Il vient d’un enfant dans un autre livre, L’Arachnoïde 
•Philippe Denis, Alimentation générale, La Dogana 
•Philippe Denis, Sur une hauteur obstinée, La Dogana 
•Jean Métellus, Braises de la mémoire, Les Éditions de Janus 
•Pierre Michon, Guy Petitdemange, Bruno Tackels ; Trois Cailloux pour Walter Benjamin, L’Archnoïde 
Entretiens avec Jean Starobinski, Éditions Zoé 
•Heike Fiedler, langues de meehr, édition Spoken Script 
 
Notices détaillées de tous ces livres en cliquant sur « lire la suite de... » 

 
Anna Akhmatova 
L’églantier fleurit et autres poèmes 
Traduits par Marion Graf et José-Flore Tappy 
Édition bilingue avec texte russe 
Avant –propos de Pierre Oster 
240 pages, 22 € 
La Dogana, 2010 
 
La Dogana fait paraître cet automne un recueil d’une soixantaine de poèmes d’Anna Akhmatova, une des quatre grandes figures de la littérature russe du début du XXe siècle et qui fut une proche amie d’Ossip Mandelstam dont deux livres ont été publiés à la Dogana il y a quelques années. Le présent choix de poèmes, établi et traduit par Marion Graf et José-Flore Tappy, vise à faire mieux connaître son œuvre au-delà de son œuvre la plus connue, Requiem. Outre ce livre essentiel, sont rassemblés ici des textes écrits entre 1913 et 1961. (Prière d’insérer)  
 
 
Yves Bonnefoy 
Le Siècle où la parole a été victime  
25 € 
Le Mercure de France, 2010 
 
Il s’agit par ce livre, dit Yves Bonnefoy d’ « attirer l'attention sur ce qui me paraît que notre époque doit bien comprendre : sur l'évidence dont il importe que nos sociétés se pénètrent, sinon elles vont périr. Et quant aux poètes ou penseurs ou artistes que j'aborde dans ce volume sous divers angles, je puis en dire qu'ils ont œuvré, chacun, avec la pleine conscience de la menace qui pèse sur la parole. Ils n'en ont pas parlé, explicitement. Mais il n'est de vers de Seféris ou de Dotremont, de réclamation de Chestov ou d'André Breton, d'intuitions de Giacometti ou d'Henri Cartier-Bresson, qui ne tendent à lui rendre toute sa place à l'avant du possible humain. » On peut lire d’autres propos d’Yves Bonnefoy, concernant ce livre, sur le site de l’éditeur
 
 
Mathieu Bénézet 
Il vient d’un enfant dans un autre livre 
Frontispice de Philippe Hélénon 
L’Arachnoïde, 2010 
17 € (édition de tête, 120 €) 
 
moi plus chanter en réel moi plus chanter à l’école dieu je ne chante plus je crie ne conclue pas mère au suicide j’ai des images bucoliques dans le ventre je n’ai plus de corps elle m’a lavé de mon corps tout un livre elle m’a tenu dans la cour de la caserne à confectionner une tête morte rien une tête vide et je crie quand elle s’éloigne je cours affreusement vers ce qui me déchire d’elle m’enlève au noir qu’elle confectionnait durant mon sommeil toutes les eaux du corps enflent le cœur il ne peut venir parler. Elle dit « Qu’est-ce qu’un chant avec la tête ? » cela vous coule au sexe et au cœur je suis tombé et je n’ai pas pu crier 
Il vient d’un enfant dans un autre livre assemble, réunit, des fonds de vie. D’où que les séquences ne soient pas datées. Qu’importe. Une solitude énoncée tel qu’on déclare un amour. Lectrice, lecteur ne t’y trompe pas : ces pages représentent une biographie de M. B. Un arc tendu à l’extrême. à toi de recevoir la flèche. (Christian Dufourquet) 
 
 
Philippe Denis 
Alimentation générale 
La Dogana, 2010 
112 p – 18,50 € 
 
Alimentation générale est le troisième livre de Philippe Denis que publient les Éditions de la Dogana. Les éditeurs souhaitent ainsi marquer leur admiration et leur fidélité à une parole tout à fait à part dans le paysage littéraire francophone et qui ne cesse de se raffermir au cours des ans, autant d’ailleurs par la cohérence interne de son propos que par sa capacité à se renouveler. 
Les notations, poèmes, aphorismes qui composent aujourd’hui Alimentation générale constituent une forme de bilan des maigres possessions de ce poète errant, sachant porter son regard sur les petits événements qui nourrissent le flux du quotidien – auxquels s’ajoutent exceptionnellement, dans ce livre, quelques éléments réchappés du magasin de la mémoire enfantine. Mais le génie du poète est ici une fois de plus de savoir admirablement – tantôt gravement, tantôt ironiquement – déjouer la routine du langage, de s’en saisir en le décrassant en toute occasion de ses scories et des habitudes vite contactées pour le laisser flotter à l’air libre, léger, inventif ou savant, et pour en varier continuellement le mystère. (Prière d’insérer) 
 
 
Philippe Denis 
Sur une hauteur obstinée 
La Dogana, 2010 
48 p – 16,50 € 
 
Sur une hauteur obstinée peut se concevoir comme une suite d’Alimentation générale. Mais le commerce se fait ici avec des denrées qui n’ont ni poids ni sens et qui se résorbent rapidement en fumée. Masques, feintes ou ruses se cachent dans les mots aussi bien que dans le monde réel et il n’est guère possible aux yeux du poète de ne pas s’inscrire dans la contradiction. Le lecteur de Philippe Denis est entrainé à résoudre lui-même l’équation qui est énoncée à chaque vers. (Prière d’insérer) (Sur Philippe Denis, lire aussi la notice précédente, celle du livre Alimentation générale
 
 
Jean Métellus 
Braises de la Mémoire 
Grand Prix de la Francophonie de l’Académie Française 
Les Éditions de Janus, 2010 
15 € 
 
Dans ce recueil, Jean Métellus est une fois encore le chantre de son île natale, Haïti, riche de toutes les lumières, de toutes les senteurs, de toutes les musiques, de toutes les splendeurs du monde, mais meurtrie, mutilée, vidée de sa substance par les occupations successives, puis par leurs séquelles. Si ce thème se poursuit dans la plupart des œuvres poétiques, ici, l’évocation se fait au travers du philtre de la mémoire. Et curieusement, ce philtre, loin d’apaiser la souffrance, de la rendre plus lointaine, plus supportable, donne naissance à une poésie ardente, parfois impérieuse, toujours altière qui emporte le lecteur corps et âme, jusqu’à faire naître en lui un ineffaçable tourment. 
Il arrive aussi que la mémoire se laisse submerger par un présent tout immédiat – celui des « sens », des « humeurs » – aussi bien que cosmique, celui où « les astres défilent et giflent nos vertiges ». Faut-il croire le poète quand il affirme « une étrange étrave étrangle mon langage » ? Car le poème à la fois sensuel, onirique ou tout simplement narratif, est porté par une langue tour à tour somptueuse, savante ou familière qui n’appartient qu’à lui. 
« Oublieuse mémoire », dit Supervielle, j’écris « dans le registre à vif des plis de ma mémoire », répond Jean Métellus. (Dos du livre et site de l’éditeur) 
 
 
Pierre Michon, Guy Petitdemange, Bruno Tackels 
Trois Cailloux pour Walter Benjamin 
collection Zakhor, L’Arachnoïde, 2010 
16 €
Zakhor, en hébreu signifie « souviens-toi ». Comme son nom l’indique, cette collection des éditions L’arachnoïde a pour ligne éditoriale de faire découvrir et redécouvrir des auteurs français et étrangers et de rassembler par-delà leurs domaines de compétence respectifs des philosophes, des poètes, des romanciers, des essayistes autour de figures incontestables de la modernité ou de textes plus anciens qui ne cessent de nous questionner. 
J’ai rencontré un papillon, il y a longtemps. Je l’ai longtemps perdu de vue, il apparaît peu, je crois que c’est une de ces espèces qui s’éteignent doucement. Je ne me souviens pas de l’avoir jamais trouvé écrit en littérature. Je l’avais oublié. Il est revenu dans Walter Benjamin. Il est brutalement revenu à la page 25 d’Enfance berlinoise, les souvenirs en miettes du petit Walter Benjamin devenu vieux. Il chasse les papillons, pendant les vacances, vers Postdam, sur le Brauhausberg qui est une forêt, une colline. De cette colline, il écrit que c’est un mont embué d’azur qui se levait l’été pour les recevoir, ses parents et lui. Il dit que le Postdam de son enfance est un air bleu sur lequel les papillons, si variés selon leur espèce, les morios et les vulcains, les vanesses, apparaissent comme une langue étrangère écrite sur les murs bleus de la Jérusalem qu’on voit dans les rêves.  
Pierre Michon 
Trois cailloux pour Walter Benjamin est un ouvrage réunissant trois auteurs qui évoquent, chacun à sa manière, dans un texte inédit, la figure de Walter Benjamin. 
Pierre Michon, en un raccourci vertigineux entre le mode d’apparition des bêtes dans son enfance et celles qui défilent devant Adam dans le jardin de la Genèse, propose une méditation proche de la réflexion sur le langage du jeune Walter Benjamin. 
Guy Petitdemange se penche sur le mystère de l’écriture fragmentaire, en éclats, d’un Walter Benjamin partagé entre sa volonté de théoriser et une prose qui dit infiniment plus que tout système, proche en cela d’une œuvre d’art qui contesterait, du sein même de l’élan qui la porte, les conditions de son apparition. 
Bruno Tackels évoque la figure d’un Walter Benjamin décalé, en rupture avec la morale bourgeoise de son temps. Un homme solitaire, clairvoyant, lucide jusqu’au naufrage, amené à adopter, tout au long de sa vie, des stratégies de survie qui s’apparentent à des formes modernes de piraterie. 
Trois lettres de Walter Benjamin clôturent l’ouvrage. 
 
 
Entretiens avec Jean Starobinski 
Lire, écouter – parler, écrire 
Deux CD audio et un livre 
Éditions Zoé, coédition RTS
25 €  
 
Jean Starobinski, professeur à l’université de Genève, fut très engagé à la fois dans son enseignement où il savait éclairer le présent par le passé et dans la vie citoyenne, notamment lors des Rencontres Internationales de Genève, initiées dès l’immédiat après-guerre pour donner la parole aux penseurs impliqués dans la reconstruction européenne et capables, contre toute attente, de maintenir un dialogue entre l’est et l’ouest, et en maintes autres occasions fournies par l’actualité, qu’elle soit universelle, suisse, romande ou genevoise. 
Dans les enregistrements donnés ici à entendre, vous découvrirez l’engagement du critique pour lequel tout se joue entre la raison – avec ses exigences d’ordre et de clarté – et la passion vive. Il transmet, par le biais des œuvres d’art, les nécessités de la vie intérieure, imagination comprise, sans lesquelles la vie n’est qu’un leurre ou une très mauvaise farce. Starobinski est la séduction faite voix, non pour vous mener perdre, mais pour vous donner à bien vivre et le monde et vous-même. 
 
 
Heike Fiedler 
langues de meehr 
Collection Spoken script 
Der Gesunde Menschen Versand 
 
« Heike Fiedler, née en 1963 en Allemagne, est polyglotte, ce qui lui a permis de développer un style d’écrire tout à fait particulier. Elle dit d’elle-même que dans son cerveau siège un pupitre de mixage qui dissectionne et analyse les mots en permanence. En se servant du français, de l’allemand, de l’anglais et d’autres langues encore, Fieler crée ainsi une nouvelle poétique, fusion de poésie sonore, visuelle et concrète. » (lettre de l’éditeur) 
 


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