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"Le grand faitout et la petite sauteuse."

Publié le 21 novembre 2010 par Hermes

Parmi les blagues qui circulent à la suite du " remaniement" du gouvernement, on entend celle qui voudrait qu’on vidât les cuisines de l’Elysée pour n’y garder que « Le grand faitout et la petite sauteuse ».
Je ne m’avancerai pas à suggérer qui pourrait être l’un ou l’autre ni à prétendre, comme certaines mauvaises langues, que certaines dames lorgneraient déjà vers celui qui, demain, ne serait plus le marmiton de service mais le grand manitou du pays. Mais il faut rire, dans le seul souci de la caricature, de tous ces maux qui affectent, de la cervelle au croupion, le monde des grands.
Et pour citer La Fontaine - qui n'eût pas rechigné à en extraire quelque leçon:
« Je tâche d’y tourner le vice en ridicule,
Ne pouvant l’attaquer avec les bras d’Hercule. »

L’heure n’est cependant pas tant à la complaisance dans un comique de comptoir qu’à la morale sous-jacente d’une telle fable : Jeux de cour, grandeur et petitesse, et, pour finir, arrière cour du pouvoir ou antichambre d’une cuisine politicarde avec tous ces relents faisandés de marquis vérolés et de duchesses fardées jusqu’à l’os.
Tout se concentre ici dans un peuple riant et grimaçant et dans cette intemporalité des grands vices et des petites vertus: Tous ces ingrédients qui furent ceux des moralistes du Grand Siècle, qu’il s’agisse de La Fontaine, de Saint-Simon ou de La Rochefoucauld…
Avec cette différence près qu’il n’est pas certain que notre France de Houellebecq et de BHL soit à la hauteur du raffinement du style et de la perspicacité des grands esprits d’hier, ce qui, je l’avoue, met à mal les restes de mon optimisme progressiste.
Mais, autres temps autres mœurs, l’essentiel est pourtant d’en rire et de ne vivre ceci que comme comédie.
Et celle-ci transpire dans chaque dépêche du jour. Ainsi apprend-on aujourd’hui que Rue 89 aurait-été nuitamment victime du vol de ses ordinateurs !
Les animaux seraient-ils malades de la peste ? Quelle épidémie se propage ainsi dans les rouages trop bien huilés de la mauvaise presse ? Quelques argousins chasseurs d’impertinents hanteraient-ils l’encre de nos nuits ?
Que les palais sont tristes en ce siècle où nos rois sont si petits! Comme est beau le frémissement des roseaux quand les chaînes se meurent...

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