Le Tueur : sobre et sombre

L'histoire

Paris, veille de Noël. Léo Zimmerman est un homme d'affaires qui ne jure que par le sourire de sa fille qu'il chérit par-dessus tout. En apparence, sa vie est exemplaire. Pourtant, lorsque Dimitri Kopas débarque dans son bureau en se faisant passer pour un client ordinaire, Léo comprend qu'un contrat a été passé sur sa tête et que le jeune homme est là pour l'exécuter. Dévoré par l'angoisse et la paranoïa, ne dormant plus, Léo décide de venir à la rencontre du tueur et lui propose un étrange marché.

Mon avis

Le tueur est la première réalisation du scénariste du Petit Lieutenant Cédric Anger. Déjà une grande maîtrise apparait et laisse présager du meilleur. Car ce film est totalement maîtrisé. L'écriture est bien sûr parfaite, une histoire forte, construite intelligemment, dont on ne devine pas les ficelles d'entrée et laisse donc place à un bon suspens. Les dialogues sont simples et ne font dire que l'essentiel aux personnages. Ceux-ci sont psychologiquement bien définis et laissent planer tous leurs mystères tant que le point essentiel du récit n'est pas révélé. La mise en scène est simple, fluide, précise, pas d'artifice. L'action, sur un faux rythme, peut paraître lente mais n'est jamais ennuyeuse. Au contraire comme les deux personnages on attend. On attend avec eux le dénouement qui semble inéluctacle, et même si certaines pistes pourraient laisser penser qu'il changera, c'est tout la force de l'ouvrage ne pas laisser entrevoir ce qu'il va se passer à aucun moment. Sur la forme grande réussite aussi, les images très belles, assez sombres, offrent une ambiance particulière rehausser par une musique bien en adéquation.

L'interprétation est tout aussi sobre et sombre que le reste. Gilbert Melki, acteur atypique dans le cinéma français à mon avis, offre une composition magnifique. Un peu dans la lignée de ce qu'il avait fait l'an passé avec Très bien, merci. Il dégage une certaine aura, un charisme qui va parfaitement à ce genre de rôle où il n'est jamais aussi bon. Très présent en 2007 outre dans le précédent nommé on a pu également le voir avec bonheur dans Anna M., Le deuxième souffle ou Cowboy. Il est également très bien dans des comédies (Crustacés et coquillages) mais malheureusement c'est bien plus rare. Sa confrontation avec Grégoire Colin, autre acteur atypique mais encore plus rare, est d'une grande intensité. Une belle rencontre d'acteurs et de personnages qui finalement ont plus de choses en commun qu'on ne pourrait le penser et qui finissent par bien se comprendre. Celui-ci campe à merveille ce fameux tueur. S'il reste assez énigmatique tout au long du film, il laisse toutefois entrevoir quelques traits de caractère plus intimes et plus humains, qui au final laisse entrevoir  une lueur d'espoir dans ce film décidemment bien noir et pessimiste. Dans un rôle plus secondaire on retrouve la belle Mélanie Laurent, dont le parcours depuis Je vais bien ne t'en fais pas, est un sans faute, elle est toujours aussi excellente.

Sombre, prenant, pessimiste, touchant. Un premier film bien écrit, bien mis en scène, bien interprété. Pour un coup d'essai on a vu pire. La suite de Cédric Anger est donc attendue...

  

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