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Une étudiante victime des quotas d’expulsion

Publié le 12 janvier 2008 par Willy
Une étudiante victime des quotas d’expulsion

Par Correspondance à Tours XAVIER RENARD - http://www.liberation.fr/



Sans-papiers. A Tours, Aurore Pokossi, 20 ans, a reçu le soutien du président de l’université.

Aurore Pokossi, étudiante camerounaise de 20 ans inscrite en 2e année d’histoire à Tours, vit un mauvais rêve éveillé. Elle subit de plein fouet la précipitation des services préfectoraux, sommés de rattraper les retards accumulés en 2007 en matière d’expulsion de sans-papiers.

Arrivée en France à 13 ans avec sa tante, Aurore suit une scolarité sans accrocs. Son bac en poche, elle s’inscrit à l’université de Toulouse, où elle fait une demande de titre de séjour. Mais, brouillée avec sa tante, elle est incapable de prouver la date de son entrée régulière sur le territoire. En juillet 2006, la préfecture lui refuse le titre.

Police des frontières. Pas question de plier l’échine. Pour Aurore Pokossi, la France n’est pas seulement sa terre d’accueil : «C’est le pays de toutes mes premières fois. C’est ici que j’ai grandi et que je construis mon avenir», témoigne l’étudiante, qui aimerait travailler dans la communication. Elle et son frère Franck, étudiant en troisième année de droit (lequel dispose de papiers) migrent à Tours. «Cela aurait pu être ailleurs. Mais ici, il y a tout pour suivre sereinement nos études», explique Franck Pokossi.

Dimanche, c’est un banal contrôle de billet de train qui a aggravé sa situation. «J’étais dans le TGV Toulouse-Saint-Pierre-des-Corps. J’avais un billet sans ma carte 12-25 ans, que j’avais oubliée. Le contrôleur m’a collé une amende que j’étais prête à payer, raconte-t-elle. Comme je n’avais pas non plus de justificatif de domicile, il a appelé la police des frontières. Je me suis retrouvée en rétention administrative, puis en garde à vue. Tout s’est passé très vite.» Elle reçoit le soutien d’associations et de l’université, dont le président, Michel Lussault a adressé un courrier au juge des libertés et de la détention. Il souligne son assiduité et ses bons résultats, et demande qu’elle «puisse au moins finir son année à Tours». La jeune femme est finalement remise en liberté avec assignation à résidence. Depuis, son avocate a saisi le tribunal administratif pour contester l’arrêté d’expulsion et a déposé une nouvelle demande de titre de séjour.

«Pressions». Me Albane Hardy avoue «avoir très peur que la préfecture ne revienne pas sur sa décision. Elle ne raisonne plus qu’en termes de statistiques». Des propos complétés par Jean-Christophe Berrier, du Réseau éducation sans frontières : «Ce dossier doit déboucher sur une régularisation. Sauf qu’on est soumis à la volonté du prince, le préfet, qui lui-même fait face aux pressions du ministre.» Dans un communiqué, la préfecture d’Indre-et-Loire s’est fendue d’une déclaration peu encourageante : «Cette étudiante camerounaise ne remplit pas les conditions légales pour bénéficier d’un titre de séjour en qualité d’étudiante, car elle ne peut prouver une entrée sur le territoire français, elle n’est pas titulaire d’un visa long séjour pour études et n’entre pas dans les cas de dispense de cette obligation, elle ne remplit aucune condition légale pour être munie d’un autre titre de séjour.»

En cas d’expulsion, il serait impossible à Aurore Pokossi de refaire les démarches auprès des autorités consulaires françaises pour obtenir son sésame. «C’est horriblement cher, il faut débourser 6 000 euros. Je n’ai pas cet argent et ma famille est très pauvre.»


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