Magazine Culture
Cette jolie chose est une sorte de trappe à charbon bruxelloise. Ici, dans le quartier d'Etterbeck où vécut Hergé. A chaque pas de porte. On pourrait l'utiliser pour racler ses semelles, or, dans une niche, à gauche ou à droite de l'entrée, on a souvent un racloir à crottes dont parfois la lame manque. Ces objets en fonte d'acier tendent à disparaître, pour sûr. Point de "Vackermans" sur Google, c'est dire. Et point de charbon non plus, l'usage en est perdu. Les caves sont parfois aménagées, on vit même à "l'entre-sol". Quand j'ai vu ces bouches-là, j'ai pensé à la "CellarDoor" présente dans Donnie Darko. J'ai vécu dans un immeuble collectif qui faisait 7 étages. Ma mère dans un pavillon avec une trappe à charbon ; la cave dont j'ai connu les odeurs, puissantes, entêtantes. A Londres, on trouve des milliers de maisons pour 2/3 familles avec des trappes à charbon sur le devant ; je me souviens de ces maisons où l'humidité piquait mes vêtements. Le charbon a donc conditionné ce type de logements. Quand le pétrole manquera, reviendra-t-on au charbon, à la lignite ? Il semble que ces fossiles ne demandent qu'à se laisser ramasser. On repartira à la mine. Ou plutôt des robots mais point d'homme ; il faudrait quitter nos hauts immeubles, terribles et violentes cages à lapins. J'aime bien les petites maisons basses de Bruxelles et de Londres. Va falloir loger tout ce monde qui se masse vers les villes grosses. Plus que les greniers, les caves nous murmurent des choses, quand, l'oreille tendue à l'orée des homes, nous reviennent les rythmes d'autrefois mêlés aux épices des brioches couronnées de sucre candy et aux pas lourds du père remontant son pot de genièvre, la pipe fumante, la main calleuse.
Croquis bruxellois