Poezibao apprend par Alain Lance le décès du poète allemand Walter Helmut Fritz. Voici, de lui, trois poèmes parus aux éditions Cheyne en 2004 et traduits notamment par Claude Vigée.
Voir aussi ici des traductions que Laurent Margantin avait réalisées pour Poezibao.
Quel salut
Surgit dans le jardin
frémissant et apaisé d’obscurité
quel salut
aux écarlates panicules
un pied d’alouette, désigne
et dérobe ce qu’il est,
et qu’il promet, à présent
et à jamais
Was für ein Gruss
In dem von Dunkelheit
erregten und beruhigten Garten
taucht, was für ein Gruss,
mit scharlachroten Rispen
ein Rittersporn auf, zeigt
und verbirgt, was er ist,
was er verspricht, jetzt
und für immer.
Cette libellule
légère en son vol
sur la clairière,
flèche vive, tout à tour
vers le haut, vers le bas,
à la lisière de l’étang
transparentes ses ailes,
frêle sa taille
frémissante et fébrile,
s’ouvrant à l’aube,
au soleil grandissant
cette libellule,
ce fut toi, aujourd’hui.
Je rêvais, je te vis,
une plume, une lueur,
une flamme, un don.
Diese Libelle
im leichten Flug
über der Lichtung,
pfeilschnell wechselnd
zur Höhe, zur Tiefe
am Rande des Weihers
mit durchsichtigen Flügeln,
mit schlanken Leib
zitternd und schwirrend,
sich öffnend der Frühe,
der wachsenden Sonne
diese Libelle
bist du heute gewesen.
Ich träumte, ich sah dich,
eine Feder, einen Schimmer,
eine Flamme, ein Geschenk.
Soliloque
A Paris Hubert Robert peint
la démolition des maisons
sur le pont Notre-Dame
fait se lever la poussière
et sur l’eau
les chalands à l’ancre
se bercer, sur la rive
les gens faire la lessive,
lancer l’hameçon, passer le temps –
chronique de la ville,
amateur de ruines,
à présent en soliloque
lié à la toile,
fiévreux, moi spectral,
étranger à soi-même.
Im Selbstgespräch
In Paris malt Hubert Robert
den Abbruch der Häuser
auf dem Pont Notre-Dame
läßt Staub aufsteigen
und auf dem Wasser
die verankerten Lastkähne
sich wiegen, am Ufer
die Menschen wachsen,
angeln, die Zeit vertreiben –
ein Chronist der Stadt,
Liebhaber von Ruinen,
jetzt im Selbstgespräch
verbunden der Leinwand,
fiebernd, ein Schatten-Ich,
sich selbst fremd.
Walter Helmut Fritz, Cortège de masques, traduit de l’allemand par Adrien Finck, Maryse Staiber, Claude Vigée, édition bilingue, coll. D’une voix l’autre, Cheyne Éditeur, 2004 pp. 39 (traduction de Maryse Staiber), 53 et 63 (traductions de Claude Vigée)
Walter Helmut Fritz dans Poezibao
bio-bibliographie extrait 1
S’abonner à Poezibao
Une de Poezibao