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Ciné mercredi et autres petites choses

Publié le 25 novembre 2010 par Petistspavs

Memory_laneJe n'ai pas la matière d'une Séance du Mercredi car je ne sais à peu près rien des films qui sortent aujourd'hui, exception faite de Memory Lane, le premier long de Mikhaël Hers (prix Jean Vigo en 2009, ce qui n'est pas rien, pour son court Montparnasse, sur un quartier qui m'est cher) que l'on dit Modianesque, mélancolique et soucieux de saisir l'instant pour qu'il dure un peu plus longtemps. C'est le film que je me conseille parmi les sorties de la semaine.
Parmi les reprises, un 3ème OVNI US depuis l'été (après Abattoir 5 et Electra glide in blue), The Swimmer de Frank Perry (1966) avec le grand Burt Lancaster qui considérait ce film comme le meilleur de sa carrière qui ne fut pourtant pas anecdotique : un homme fait sa réapparition surprise dans la piscine d’un couple d’amis après une longue absence. Au gré de la conversation, il découvre qu’il lui est possible de nager de piscine en piscine jusqu’à sa maison, et décide de relever le Aff_Swimmerdéfi. “I am swimming home” deviendra le leitmotiv du film, le seul de l’histoire du cinéma où le personnage principal est en maillot de bain de la première à la dernière image. Bien entendu, le film ne se réduit pas à cet aspect. Il apparaît aux inrocks comme "une allégorie désenchantée sur les mirages de l’american way of life, une critique du culte de la réussite sociale, la description impitoyable d’un monde bourgeois superficiel, aseptisé et autarcique. (...), un bel objet postmoderne toujours à deux brasses du kitsch absolu mais dont le culot, énorme, s’accompagne d’une extraordinaire intelligence". Lancaster en serait le véritable auteur.
Easter_Parade_Richard_YatesLors d'une chronique précédente, je mettais en avant l'évidente méchanceté de Richard Yates, auteur d'Easter Parade, en raison de la distance ironique qu'il maintenait avec ses personnages en train de gravement dévisser. Je n'ai pas tout à fait terminé ce livre éblouissant, en fait je le fais durer, comme ces instants saisis par Mikhaël Hers (voir plus haut). La suite du livre ne m'a pas fait changer d'avis sur cette possible méchanceté, mais celle-ci se teinte paradoxalement d'une réelle compassion qui n'est nullement un étalage impudique de sentiments honorables, mais au contraire le pur effet d'un style d'écriture captivant.

Yates raconte la toute petite histoire de toutes petites gens. Il n'y a pas de héros dans cet univers où tout semble glissant comme dans la tête malade d'un alcoolique. Deux sœurs, plutôt protégées, affligées d'une mer un peu braque, mais ça arrive. Easter Parade nous conte leur toute petite vie, aux différents âges possibles, avec les rencontres ratées, les cheminements avortés, les mots que l'on ne dit pas, les sentiments qui viennent ou ne viennent pas, les destins qu'il vaut mieux oubliés, les voyages qui mènent sur place. Les retrouvailles en famille, cet ennui comme un dégât des eaux, mais contre lequel on ne peut s'assurer, cette difficulté à dire, à toucher, ce refus de savoir, ces vraisemblances de théâtre d'ombres, tout ce qui fait que la vie implose au lieu d'exploser, dans le néant des égoïsmes intérieurs, des consciences éclairées à la lueur vacillante d'une bougie, tout ceci (que j'ai du mal à traduire ici, comme vous pouvez le constater) relève d'un théâtre de la cruauté domestique qui fait qu'on est pas heureux.

Ce livre me bouleverse et la misanthropie de son auteur, possible, hypothétique, n'enlève rien à son regard : on peut détester les gens en général et se montrer la personne la plus aimable et séduisante du monde. Aujourd'hui j'en suis sûr et j'aimerais rencontrer à nouveau cette personne (dans ses œuvres) ce qui ne manquera pas d'arriver dès la semaine prochaine, lorsque mon libraire préféré (Les Tropiques, dans le XIXème) m'aura fixé un nouveau rendez-vous avec l'auteur. On comprend qu'un écrivain aussi considérable que Raymond Carver, peintre des petites glissades sur le côté, ait pu être impressionné par une telle écriture.

25 novembre 2010 

C'ÉTAIT LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE
CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

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Cette affiche, diffusée un peu partout sous forme de flyer, me semble très parlante, dans sa crudité.

Dans le cadre de la journée contre les violences faites aux femmes, ce 25 novembre, trois associations (Osez le féminisme !, Collectif féministe contre le viol, et Mix-Cité) lancent une campagne contre le viol pour briser la loi du silence et en finir avec les idées reçues. Une action relayée par une pétition. L'efficacité d'une signature contre le viol ? Montrer que nous n'acceptons plus sa banalisation. C'EST ICI.  Cliquez, c'est, en plus, bourré d'infos intéressantes.

LE FOCUS DE LA SEMAINE

Waka2

LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE
PROPOSE DU 24 NOVEMBRE 2010 AU 9 JANVIER 2011
UN CYCLE KOJI WAKAMATSU,
CINÉASTE TRUBLION JAPONAIS QUI AVAIT ÉTÉ HONORÉ PAR LE DERNIER
FESTIVAL PARIS CINÉMA.
CLIQUEZ L'IMAGE POUR LE PROGRAMME

 C’est l’enfant terrible du jeune cinéma japonais des années 1960 et 1970. En une quarantaine de titres, la Cinémathèque propose la rétrospective la plus importante jamais consacrée au cinéaste.

Attention, violence, cul et révolution sociale sont au programme. Ça va chauffer chez Henri Langlois.

BONNE SEMAINE CINÉ, LIVRES, BOUFFE, BAISE, RÉFLEXION SUR LES RELATIONS FEMMES-HOMMES, RELATIONS INTERPERSONNELLES, AMITIÉ etc.


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