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“Outrage”, dérive sanglante

Par Kub3

Présenté au Festival de Cannes cette année, Outrage est annoncé comme le grand retour de Takeshi Kitano. Autour de règlements de comptes mafieux – thème prisé mais risqué (Scorsese et Coppola sont passés par là), le film est un véritable cocktail de violence qui ne parvient pas à s’imposer.

“Outrage”, dérive sanglante

A la fois frénétique et dérangeant, Outrage nous immerge chez les Yakusas, un monde impitoyable qui ne cesse de se disputer la bienveillance du parrain. Au menu : phalanges sectionnées, bouche charcutée, mains tranchées – et autres succulentes charcuteries. Dans ce chaos permanent se mêlent conspirations, fausses allégeances, trahisons et rivalités.

« Il faut que l’un de nous survive pour voir ce qui va se passer ». Le réalisateur cherche à montrer l’instabilité hiérarchique des clans. Difficile de savoir qui va prendre le pouvoir. Mais malheureusement, Kitano tombe dans une barbarie extrême et frôle les stéréotypes. Tout au long du film, la violence gagne en intensité, se révèle de plus en plus insupportable et atteint parfois son paroxysme. Face à cette brutalité à la limite de la complaisance, le film sombre parfois dans la surabondance et dans l’excessivité inutiles.

Malgré un côté cru, direct et que rien n’atténue – qui relève du style pur et dur de Kitano -, la violence apparaît ici comme une facilité. Et le spectateur se retrouve constamment dans l’expectative d’une nouvelle scène sanglante au beau milieu d’un scénario un peu confus. Les clans se confondent, les trahisons se succèdent et la compréhension en est altérée. Malgré une indéniable volonté d’efficacité de la part du réalisateur, on se perd dans les nombreux complots et on ne sait plus qui est contre qui.

Néanmoins, en dépit d’un déchaînement de violence, Kitano témoigne tout de même d’un savoir-faire certain. Le cinéaste se révèle talentueux tant dans sa maîtrise du dispositif cinématographique que dans sa prestation d’acteur. La bande sonore amplifie les affrontements (coups de poings, coups de feu), tandis que les ralentis très esthétiques soutiennent l’intensité dramatique. Et Kitano crève l’écran. Son charisme ne cesse de se bonifier avec les années. Rien que pour cela, Outrage tient bon face à ses nombreux défauts.

“Outrage”, dérive sanglante

En salles le 24 novembre 2010

Crédits photos : © Metropolitan FilmExport


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