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It's a free world...

Par Rob Gordon
It's a free world...Un an et demi après sa Palme d'Or, Ken Loach poursuit son exploration sans fin des mille et une facettes de l'identité sociale du Royaume-Uni. L'originalité d'It's a free world... réside dans le point de vue adopté : Loach et son fidèle scénariste Paul Laverty se placent cette fois du côté des exploiteurs. Ou plutôt des exploiteuses : parce qu'elles ont soif de fric et d'indépendance, Angie et Rose créent leur agence d'interim et exploitent à leur profit des travailleurs immigrés sans défense.
Tout est dit : It's a free world..., c'est la description binaire de la façon de faire de vilains dirigeants obnubilés par les bénéfices. Et l'on réalise à quel point c'était bien lorsque le réalisateur décrivait avec nuance les galères des britishs d'en bas... Il est impossible de réellement prendre au sérieux le traitement manichéen et démagogique qui nous est offert. Le film ressemble à l'oeuvre de certains de ces militants d'extrême gauche pour qui tout ce qui ne ressemble pas de près à un ouvrier est forcément une pourriture de saloperie de patron friqué. Assez désolant de la part d'un auteur qui avait toujours su allier sincérité et mesure. Les rebondissements de fin de film sont extrêmement prévisibles, hormis un que l'on qualifiera gentiment d'innoportun.
Reste que même un mauvais Loach vaut mieux que bien des ersatz. Reconnaissable entre mille, cette mise en scène fluide, discrète et vraiment esthétique est un régal de tous les instants. Et le vieux Ken a toujours autant de talent pour dénicher des comédiens méconnus et en tirer le meilleur : en témoigne la fabuleuse Kierston Wareing, belle et charismatique, qui défend à merveille un personnage mal dessiné. Il y avait beaucoup de potentiel dans ce petit bout de femme prête à tout pour réussir, y compris à jouer de ses charmes. Malheureusement, Loach en fait une salope intégrale (il n'y a pas d'autre mot), qui couche avec les premiers venus et planque ses liasses de billets dans un bas de laine plutôt que de donner de quoi manger à ceux qu'elle exploite. En des temps où l'Europe (et en particulier notre cher hexagone) manque d'une gauche forte, crédible, avec de vraies choses à dire et à proposer, espérons que Loach ne va pas lui aussi sombrer dans le schématisme et les arguments de café du commerce.
5/10

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