“Je suis mes propres pas.” Devise des Pikkendorff
Les Pikkendorff définissent et représentent une certaine “attitude” dans l'œuvre de Jean Raspail. Dans Sept cavaliers..., l'attitude se trouve définie comme la “colonne vertébrale de l'âme”, tandis que dansLes Yeux d'Irène, il est précisé que “l'attitude peut tenir lieu de conviction, et que c'est elle, le plus souvent, qui engage l'existence.”
En ce sens, les Pikkendorff incarnent, chacun à sa manière, hommes et femmes, un certain type de caractère dont l'essence se trouve résumée dans leur devise avec cette ambigüité ; S'agit-il d'être ou de suivre ?
Esprits libres, de vrais anarchistes, ces Pikkendorff ! Ni dieux ni maîtres ne les choisissent ; ce sont eux qui se les choisissent ; mais des anarchistes amoureux d'un ordre supérieur dont le monde n'offre qu'un reflet fort imparfait, parce qu'il s'y mêle toujours quelque compromis douteux, quelque infamie inavouable, quelque trahison... Toutes choses auxquelles un Pikkendorff ne saurait adhérer. Alors, d'un geste, d'une attitude, il rectifie sa tenue et lui, il suit ses propres pas.
Les Pikkendorff ont en charge de sauver le sens de l'action épique,au sein d'un monde voué aux préoccupations les plus prosaïques, aux soucis de soi les plus mesquins dans le cercle étriqué d'un quotidien gris dépourvu de toute grandeur. Les fantômes des sept cavaliers du roman éponyme traversant la banlieue grise d'une ville quelconque d'aujourd'hui en offrent une image particulièrement saisissante.
L'évasion n'est pas dans la quête d'un passé révolu ; elle est dans la quête du souvenir, sauvé in extremis de l'ensevelissement, - elle est dans la quête de la mémoire vivante donc, incarnée, revisitée, sans cesse, et dont la présence réelle guide les pas. En ce sens, la mémoire n'est ni réceptacle voué à enrichir le musée des choses passées, ni urne funéraire ; elle est le principe actif d'une action dont la légitimité plonge ses racines dans sa propre histoire qui, ainsi, ne cesse de renaître et de revivre.
Tels sont les Pikkendorff.
Texte tiré de l’introduction écrite par Philippe Hemsen
Entrez dans le sitedédié aux Pikkendorf dans l’œuvre de Jean Raspail
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