Alassane Ouattara face aux mêmes obstacles

Écrit par Nouvelobs.com   

Samedi, 27 Novembre 2010 18:07

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Alassane Ouattara tente une nouvelle fois, à l'occasion du second tour de l'élection présidentielle, de surmonter des handicaps qui lui ont valu d'être plongé au coeur de tous les récents déchirements de la Côte d'Ivoire. La simple logique arithmétique devrait faire de ce technocrate nordiste le grand favori de son duel face au chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo. Arrivé deuxième au premier tour avec 32% des suffrages, il bénéficie du soutien de l'ex-président Henri Konan Bédié, troisième avec 25%, conformément à un pacte préélectoral conclu entre les deux anciens adversaires.
Le problème pour Alassane Dramane Ouattara - ADO comme le surnomment ses partisans - est que nombre des électeurs de Bédié, issu de l'ethnie des Baoulés, risquent d'être réticents à voter pour un candidat si fortement identifié au nord du pays.

Cet obstacle est celui auquel cet homme de 68 ans s'est constamment heurté dans sa carrière politique. En 2000, il est ainsi écarté du scrutin présidentiel pour cause d'"ivoirité" douteuse, un concept popularisé dans les années 1990 par Henri Konan Bédié et repris à son compte par le chef de la junte militaire alors au pouvoir, le général Robert Gueï.

En 2002-2003, les rebelles qui prennent les armes contre Laurent Gbagbo, élu en 2000, disent soutenir sa cause. Lui prend ses distances et maintient qu'il n'a jamais été impliqué dans cette rébellion, qui a, de fait, coupé la Côte d'Ivoire en deux empêchant ainsi depuis cinq ans la tenue d'une nouvelle élection présidentielle.

APPELÉ PAR HOUPHOUET-BOIGNY

Celui qui fut le premier (et dernier) Premier ministre sous Félix Houphouët-Boigny présente un profil de technocrate expert en matière économique.Né en 1942 dans le centre de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara est un Dioula, l'une des deux ethnies du Nord avec les Sénoufos, de confession musulmane.

Il fait ses études primaires en Côte d'Ivoire et secondaires en Haute-Volta, devenu depuis le Burkina Faso, avant de partir aux Etats-Unis, où il obtient un doctorat en économie à l'université de Pennsylvanie.

Devenu gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), il est appelé en 1990 par Félix Houphouët-Boigny pour gérer la crise financière provoquée par la chute des cours des matières premières (cacao et café) et par le fardeau de la dette extérieure.

Depuis cette époque, se cristallise sur sa personne une bonne partie de l'hostilité de ceux qui se prétendent parfaitement Ivoiriens. Ces derniers lui reprochent en effet de s'être prévalu de la nationalité burkinabée lors de son passage à la BCEAO.

EXIL À WASHINGTON

Sa gestion de la crise lui vaut des louanges mais, à la mort d'Houphouët-Boigny en 1993, il est une première fois écarté de la succession par le président de l'Assemblée nationale de l'époque, Henri Konan Bédié. Alassane Ouattara retourne alors dans les instances internationales. Il est directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) de 1994 à 1999, année où la polémique aux relents nationalistes et xénophobes entre "Ivoiriens à 100%" et "étrangers" à l'"ivoirité" douteuse dégénère en violences et fait basculer le pays dans l'affrontement.

Sa carrière internationale lui a valu de nouer des liens avec des dirigeants étrangers, notamment en France. Ces relations sont depuis fréquemment exploités par le camp nationaliste pour le présenter comme un pantin à la solde de l'ancienne puissance coloniale. Au sortir d'une décennie de guerre civile et d'incertitude, Alassane Ouattara affirme aujourd'hui qu'il respectera le verdict des urnes et appelle ses adversaires à en faire de même.

"Chacun d'entre nous devra accepter les résultats. Si nous perdons, il nous faudra admettre que le peuple a choisi. Je ne pense donc pas qu'il y aura des violences", a-t-il dit dans une interview accordée au début du mois à l'agence Reuters.

Marié à une Française, Dominique Folloroux, Alassane Ouattara est père de quatre enfants.