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Florence

Publié le 28 novembre 2010 par Yiannis

J’amasse mes souvenirs rêvés

Au temps de mon enfance…

Assis sur ce banc de Florence,

Je trempe mes lèvres dans ma Guinness,

Tout près de moi une belle gonzesse

Plaisante avec une insouciante indifférence.

Les touristes passent, eux, ils ne font que passer,

Tout chez eux : leur tee-shirt de marin,

Leur short bleu marine, m’agace…

Dans ma torpeur je rêvasse…

Une Italienne,

Toute de noir vêtue,

Me fixe d’un œil de chien battu

Elle est en deuil, je la comprends.

Au loin les ballades des musiciens

Apaisent les gestes prestes

Des autochtones nostalgiques

Des longues promenades équestres.

Mais, déjà, je me redresse

Fiévreusement,

Clopin-clopant, je marche jusqu’à la gargote.

Sur la carte, les prix sont culottés,

A une table des vieux jouent aux dés ;

C’est jour de fête je commande

Un cocktail : rhum, poire et amandes.

Mes yeux se lèvent vers l’horizon,

Les musiciens musèlent la chanson,

Mes voisines de table me saluent,

En cette langue étrange et familière

Qui donne à leur discussion,

Un accent dégagé et des notes légères.

Et déjà en cadence,

Les visages défilent,

Dansent des inconnus avec des filles,

Mes souvenirs, ma vie, tout tangue,

Et parle ma langue natale.

Florence,

N’est plus qu’une chimère,

Comme ces lieux où l’on espère

Trouver l’oubli et le repos

Mais, qui, cruellement,

N’ont rien d’intime et de ressemblant

Avec les délices que comptait

Goûter, ici, notre imagination.

Alors je m’égare, fiévreux, les mots

Glissent sur le papier comme un tombeau,

Ma main papillonne électrique,

Et je ne peux stopper sa gymnastique.

Soudain Florence semble sombrer dans la Renaissance,

Mais de ses cendres ne renaissent

Ni mes espoirs ni mes sens

Qui se consument,

Par avance, comme l’essence.


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