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Naissance d'un pont de Maylis de Kerangal

Par Sylvie

PRIX MEDICIS 2010

 

Naissance d'un pont

Editions Verticale, 2010

 

Indéniablement, la grosse découverte critique et publique de cette rentrée littéraire. On a évoqué, pour ce roman, la puissance d'un récit américain.

Une écriture flamboyante, un goût des mots assuré, un récit épique, un souffle certain. Un petit bémol pour moi tout de même : une intrigue entre des personnages qui auraient pu être davantage esquissés ; un goût d'inachevé à la fin.

 

L'argument de cette intrigue, minime, mais qui va donner naissance à une gigantesque épopée : la construction d'un pont dans une ville imaginaire, Coca, quelque part en Amérique (j'aurais dit davantage en Amérique du Sud mais on parle de la Californie dans les critiques). Une ville endormie, paumée, au bord d'un fleuve, Repère des indiens venant de la forêt toute proche, des vieilles familles souches consanguines et de paumés de toutes sortes.

C'est sans compter le maire du village, dit "le Boa" qui va remuer tout ça en lançant un vaste concours d'architecte pour la construction de ce pont entre deux rives censé relier les populations entre elles et faire de Coca un nouvel Eldorado.

 

Et c'est donc parti pour une aventure sans précédent : Maylis de Kerangal saisit avec brio le mouvement, l'énergie que provoque cette construction par delà les frontières ; cette construction fait se mêler différents peuples ; des indiens aux immigrés chinois en passant par les chômeurs divers et variés, les ex taulards, les prostituées, les ingénieurs, les grutiers, les architectes, les femmes qui cherchent un travail sous qualifié....

Dans des phrases longues, amples, dynamiques qui rendent admirablement compte de l'effervescence produite et du melting pot créé, l'auteur réalise en effet un roman monde où différentes voix  se mêlent.

 

De là à crier au chef d'oeuvre, il y a sans doute un autre pas à franchir.

 

Si la première partie m'a ravie pour son ton épique, pour l'énergie qu'elle dégageait, j'ai un peu déchanté par la suite. En effet, pour moi, les personnages ne sont qu'esquissés, ils n'ont pas vraiment d'épaisseur psychologique (à part peut-être Rousse, l'ingénieur). Leur langage propre, leur langue n'est pas non plus individualisée, avec ses accents, ses tics, son rythme.

 

Tout cela me ravit juste un peu et me fait davantage penser à un exercice de style qu'à un roman monde. Il n'y a qu'à le comparer à La malédiction des colombes de Louise Erdrich et on voit tout de suite la différence (Louise Erdrich a le talent de construire des personnages très fouillés avec leur langage propre).

Et je m'interroge toujours à ce propos sur la capacité de cette littérature à passionner une majorité de  lecteurs. ...


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