REVIEW Notre marathonien du rock a traversé la Suisse Romande de toute part afin de pouvoir vous livrer ses impressions sur les nombreux concerts programmés fin novembre. Quand on aime, on ne compte pas les kilomètres. Retour sur les soirées.
20 novembre 2010, Rebels of Tijuana + The Gogo Ghouls au Bar King, Neuchâtel
Une journée qui débute fort vu que ma mère m’apprend que la fille dont j’étais amoureux de l’école enfantine en troisième primaire, se mariait aujourd’hui même. Sentimentalement, c’était une époque difficile. En effet, dans le patelin où j’ai grandi, seules deux filles avaient le même âge que moi et l’une d’entre elle était ma cousine. Pas évident de tomber amoureux, donc !
Trêve de rigolade, n’étant en aucun cas invité au mariage (à sa défense, je n’ai plus dû la revoir depuis 15 ans), je m’en vais voir les Rebels of Tijuana à Neuchâtel avec quelques copains. Nous ne sommes pas d’accord ni sur le chemin le plus rapide, ni sur quel cd des 90’s nous allons écouter durant le trajet, mais arrivons tout de même au Bar King. Ce bar est situé dans un parking du centre de Neuch’ et j’espère que vous saisissez le jeu de mot pour le moins désopilant! Quoiqu’il en soit, le Bar King est un sympathique bar avec une très chouette petite arrière salle pour les concerts. Apparemment la programmation passe pas mal de groupes garage, il faudra que je suive cela de près, même si, de mon expérience, Neuchâtel est la ville romande la plus pestiférée en matière de rock (derrière Sion qui est hors catégorie).
On papote avec les Rebels of Tijuana devant le bar. Ce soir, ils ne sont que quatre et joueront sans leur clavier. Etrange tout de même. L’arrière salle se remplit tranquillement et les Rebels donnent un concert plus qu’honnête, mais mitigé à mon goût au vu de leur potentiel. Je trouve qu’ils se tâtent dans beaucoup trop de styles (60’s anglais, trucs à la limite du psyché, yéyé français, morceaux au banjo) et que l’ensemble perd en intensité et homogénéité. Ils gagneraient à s’arrêter au yéyé, style dans lequel ils excellent le plus et qui les distingue de nombre de groupes et leur promettrait une jolie carrière. De même, je ne sais pas si cela se justifie pas l’absence du clavier, mais je trouvais que la guitare solo était beaucoup trop en avant. Certes, cela permet d’apprécier les prouesses techniques de Jules, mais finalement cette omniprésence de la guitare dessert la cohérence des morceaux. Encore une fois, le concert s’emballe particulièrement dans les morceaux yéyé et en français. Les tubes du groupe sont là et il me semble inutile d’aller chercher ailleurs.
Je n’ai jamais vu The Gogo Ghouls, alors qu’ils existent depuis maintenant plusieurs années et qu’ils ne viennent de pas très loin, Berne si je ne m’abuse. C’est désormais chose faite. Heureusement car ils sont en train de donner leurs derniers concerts à ce qu’on m’a dit. Pour eux, pas de pertes de temps à se chercher dans de multiples styles, l’ensemble de leur set sera figé dans un 60’s beat pas trop saturé et particulièrement dansant. Endimanché en circonstance, le quatuor offre une prestation bien rythmée et sans temps mort qui entraîne la cinquantaine de personnes présentes à danser autant que possible. Pour ma part, fatigué, je ne suis que d’une oreille moyennement attentive leur concert, mais cela me plaît. Je profite pour regarder Wolf danser comme il n’a jamais dansé, tel un tétraplégique revenant guéri de Lourdes. Le retour est tardif, ce qui ne m’arrange guère vu que j’ai rendez-vous le lendemain matin à 10 heures pour la gloire du Rock fribourgeois !
21 novembre 2010, Wavves + The Supermerde Division à l'Usine, Genève
Même pas fatigué malgré ma rentrée tardive de la veille, mon réveil précoce et ma journée à œuvrer pour le Rock, je m’en vais à l’Usine voir les ricains de Wavves. Ces derniers devaient venir jouer à Lausanne il y a quelques mois, mais cela avait été annulé et je me réjouis donc de cette halte genevoise du trio de San Diego.
C’est dimanche soir et le concert se déroule sur la petite scène de l’Usine. En première partie, un trio du cru, The Supermerde Division, composé d’un bassiste avec de multiples effets, d’une chanteuse qui scande plus que ce qu’elle ne chante et d’une batteuse à la poigne de fer et originale, mais à la rythmique parfois aléatoire. L’ensemble sonne comme du très mauvais No Means No croisé avec un protest song, pour le chant. Le chant est en anglais, mais je comprends l’ensemble des paroles, ce qui n’est évidemment pas bon signe concernant l’accent de la chanteuse. D’emblée, je m’étais dit que si je tenais deux chansons, cela relèverait du miracle. Miracle avéré vu que j’ai supporté sans broncher pas moins de quatre chansons, soit l’ensemble du set du groupe. Le groupe a tenté de faire un rappel/impro, mais cela a tourné court et la tentative était bien dispensable, tout comme l’attitude de la chanteuse critiquant le public qui est venu pour du surf. Sûr que je ne me serais pas bougé de mon plein gré pour voir The Supermerde Division.
Les Wavves maintenant. Ces derniers temps, j’ai écouté en boucle leur album sorti chez Fat Possum. Moins convaincu qu’à l’écoute de leurs premiers titres, sans doute à cause de la production plus léchée, je me réjouissais tout de même de voir ce que le groupe avait dans le ventre en live. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce je n’ai pas été déçu. Les trois sont très jeunes, moins de 21 ans certainement (j’en veux pour preuve le nombre de bières bues et de rots éructés pour voir que ce n’est pas une activité à laquelle ils peuvent se livrer en tout âme et conscience chez eux), et blindés d’énergie. Je m’amuse à les voir comme trois parias de leur collège, constamment pourchassés par les rednecks, et pour qui le rock est un refuge. Le bassiste, avec son look, à mi-chemin entre Fat Mike de NoFX - pour le physique et la basse « métal » - et Buzz Osbourne des Melvins - pour la coupe de cheveux - ne doit pas passer inaperçu dans les rues de son patelin. J’en viendrais même à féliciter ces rednecks, car bien indirectement ils sont à l’origine d’un des groupes les plus excitants du moment et je ne m’étonne pas que le label Fat Possum s’en soit emparé. La musique lorgne vers un croisement bâtard entre les groupes surf 60’s, joué avec un son bien garage, saupoudré de la grâce de ces nouveaux groupes indie low-fi subpopiens et mâtiné d’une attitude bien punk. Pas étonnant dès lors que je sois convaincu, tout comme une grande majorité de la cinquantaine de personnes présentes ce soir. Le set est vraiment impeccable, même jusqu’au pied de nez final. Le set fini, les trois foncent vers les toilettes et ne reviendront en aucun cas pour un rappel.
J’ai été convaincu de l’intensité et l’originalité de ce tout jeune groupe, encore plus en live que sur l’album. Je les vois mal dépasser le stade d’étoile filante illuminant la galaxie quelques courtes années, mais qu’est-ce que l’instant présent était bon !
23 novembre 2010, Jaill + Siskiyou + Homemade Empire au Fri-Son, Fribourg
Mon marathon de novembre continue ce mardi soir avec un second groupe qui double la dernière consonne de son nom, tout comme Wavves. Jaill est une des dernières signatures du label Sub Pop et, ayant bien apprécié leur album tout ce qu’il y a de plus rock indie US mais qui compte aussi quelques petites perles pop-punk, je me réjouis de leur venue à Fri-Son.
Un sentiment pas réellement partagé, car bien que le concert se déroule sur la petite scène, il y a tellement peu de monde que l’ambiance y est glaciale. Même en pull, j’ai froid et hésite à aller récupérer ma doudoune. Autre indicateur d’un concert avec peu de monde, le sèche-main des toilettes de Fri-Son déroule encore du tissu. On ne s’avance donc pas vers la soirée de l’année, du moins en termes de fréquentation.
Ajouté à la dernière minute, Homemade Empire est un projet solo folk. Ça n’a pas l’air trop ennuyeux, mais ce compositeur ne retient nullement mon attention et je passe plus de temps à papoter durant son court set. Les bûcherons canadiens de Siskiyou semblent attendu par le peu de public présent. Le groupe se compose d’authentiques multi-instrumentistes, mais se construit autour de la personnalité charismatique de son leader chanteur-guitariste. De sa voix ténébreuse, il emmène ses musiciens dans des univers folk, pop, mais également plus indie. Néanmoins, à trop mélanger les genres et les collaborations, le groupe se perd et m’ennuie. Sa non-présence scénique n’arrange en rien un set qui me lasse passablement. Heureusement et tout à leur honneur, ils ne s’éternisent pas sur scène.
Jaill enfin ! Comme annoncé, j’avais beaucoup aimé leur disque sorti chez Sub Pop et me réjouissais de voir sa défense en live. Le trio, anciennement quatuor, monte rapidement sur scène et envoie son set. Enfin un peu de nervosité dans ce concert qui m’endormait ! Certes Jaill n’a rien inventé, mais leur rock indie teinté de petites perles plus pop, voire flower power, m’enthousiasme aussi en live. Contents d’être là, même si le public n’a pas répondu en masse, leur chanteur envoie plein de petites blagues rendant leur set très touchant humainement parlant. Everyone’s hip ne chantent-ils pas ? Le trio est bourré d’énergie et leur chanteur, mais aussi leur bassiste, dispose d’un jeu de pieds terrible ! Eux non plus ne dépasseront pas l’heure de set, voir même les trois quarts d’heure. J’apprécie beaucoup cette idée que les groupes tiennent un set rapide ! Rien n’est plus pénible que de voir un groupe qu’on n’apprécie pas s’éterniser sur scène devant une salle vide. En ce qui concerne Jaill, le groupe joue de nouvelles chansons, mais qui ne m’inspirent dans l’immédiat rien de bon. Quoiqu’il en soit, j’ai largement apprécié leur concert, même si j’avais peut-être placé trop d’attente.
Ecrit par Daniel Prélaz - Le 30 novembre 2010
Les derničres news
Tennis - Un album pour bientôt
Tennis, on les aime et on les caresse dans le sens du poil. Après leur...
de Vincent Bürgy le 22 Nov 2010
Primavera Sound 2011 - Le festival fait la nique ŕ la concurrence
Animal Collective, Belle & Sebastian, The Flaming Lips, Fleet Foxes, John Cale & Band +...
de Vincent Bürgy le 15 Nov 2010
City Slang - Un label qui gâte ses fans
Le label berlinois City Slang souffle vingt bougies et fête l'occasion comme il se doit....
de Vincent Bürgy le 11 Nov 2010