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Abidjan est la proie de toutes les rumeurs

Publié le 30 novembre 2010 par Africahit

Des rumeurs insistantes donnaient mardi 30 novembre Alassane Ouattara gagnant du scrutin présidentiel de dimanche. Mais aucun résultat n’était encore sorti de la commission électorale indépendante dans l'après-midi
La rumeur montait depuis lundi 29 novembre dans la soirée : Alassane Ouattara serait le vainqueur de l’élection présidentielle ivoirienne. Cette rumeur courait mardi dans Abidjan, prenant de la consistance au fil des déclarations et des réactions des deux partis, comme d’une communauté internationale qui renforçait sa vigilance.
La tension était partout. Au siège du président sortant Laurent Gbagbo, où l’on parlait de «hold-up» pour désigner les élections dans le nord du pays, qui devrait offrir, comme au premier tour, une très large victoire au candidat de l’opposition. 
Au siège du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix) d’Alassane Ouattara, les visages restaient fermés, car les militants avaient peur de se faire voler la victoire. Les quartiers d’affaires étaient déserts.
Dans ce climat, la communauté internationale jouait les bons offices. Plusieurs ambassadeurs occidentaux, notamment belge, canadien et britannique, se réunissaient. « Ils ont tenté lundi soir de convaincre le président Gbagbo d’accepter le vote des Ivoiriens », livrait un observateur du scrutin.
La mission de l’Union européenne, qui avait observé les élections, rendait ses conclusions : «96 % des 943 bureaux de vote observés ont respecté les procédures. Les irrégularités constatées ne sont pas en mesure de changer le résultat», assénait Maria Espinosa, l’adjointe au chef de la mission.

Toute l’attention est braquée sur la Commission électorale indépendante

Mardi, ce résultat final des élections, personne ne l’avait et tout le monde le savait. Dès dimanche soir, dans les quartiers généraux des candidats, les militants alignaient les résultats de chaque bureau, le téléphone portable à l’oreille. Les deux candidats avaient chacun fait remonter les chiffres, via leurs observateurs présents dans chaque bureau de vote. Mardi après-midi, le président de la campagne d’Alassane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse, affirmait : « Les deux candidats sont en possession des procès-verbaux et la communauté internationale a la copie de ces procès-verbaux. »
Toute l’attention depuis dimanche soir est braquée sur la Commission électorale indépendante (CEI), vers qui convergent les résultats. C’est elle qui doit les traiter et les annoncer officiellement. Lundi soir, elle avait donné, avec plusieurs heures de retard, les résultats du vote d’une partie de la diaspora, quelques centaines de voix, et en promettait d’autres pour mardi matin. Rien n’arrivait.
Le studio de la télévision ivoirienne (RTI) – censé les rendre publics et installé à la CEI – pliait bagage, invoquant des « soucis financiers ». Le représentant de l’Onuci, le Sud-Coréen Choi, se rendait à la CEI. Il constatait qu’elle travaillait toujours. Il proposait, selon le RDHP, de retransmettre les résultats par la radio de l’Onuci, pour pallier au désistement de la RTI.

Mardi, toutes les options étaient possibles

Des observateurs de la mission européenne ont également constaté sur place le travail de la CEI. «Notre mission n’est pas d’y être constamment. De toute façon, nos chauffeurs n’ont pas le droit de conduire la nuit. Le couvre-feu, décidé juste avant le deuxième tour, a créé de l’intimidation. Il n’est pas le meilleur ingrédient d’une démocratie », estimait mardi Cristian Preda, le chef de la mission européenne.
Dans l'après-midi, toutes les options étaient possibles. Pour Albert Mabri Toikeusse, « Gbagbo est dans une logique de confiscation du pouvoir et de conduite du pays vers le chaos ». Certains redoutaient des batailles juridiques interminables. Les avocats des deux candidats ont été vus à la CEI. Le porte-parole de Laurent Gbagbo a, dès lundi soir, dénoncé des irrégularités dans certaines régions du Nord et évoqué des réclamations.
Les deux candidats en ont le droit jusqu’à aujourd’hui 17 heures. Du côté du RHDP d’Alassane Ouattara, on constatait des irrégularités dans l’Ouest ou le Centre, mais on se gardait de parler de réclamations pour un vote que l’on estimait gagné.
Pendant ce temps, certains Ivoiriens originaires du Nord avaient pris soin de mettre leur famille en sécurité. Les halls des hôtels accueillaient de nombreux membres de la communauté libanaise.

Pierre COCHEZ, à Abidjan



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