Magazine Culture

12 janvier 1876/Naissance de Jack London

Par Angèle Paoli
Éphéméride culturelle à rebours


  Le 12 janvier 1876 naît à San Francisco Jack London. Auteur de nombreux romans à succès, dont L’Appel de la forêt (1903), Le Loup des mers (1904) ou Croc-Blanc (1906), il doit aussi sa notoriété à des récits tels que Les Vagabonds du rail (1907), Le Talon de fer (1908) et Martin Eden, roman autobiographique publié en 1909.


Portrait_de_jack_london

Image, G.AdC


FILS DE QUI ?

  « Fils de qui, Jack London ? À la naissance, il est déclaré sous le nom de John Griffith Chaney par sa mère, Flora Wellman. Elle vit mais n’est pas mariée avec William Chaney, un curieux personnage, astrologue de son état. Flora est elle-même une spirite convaincue. Chaney se récuse, non il n’est pas le père et il incite Flora à avorter. Durant sa grossesse, Flora fait deux tentatives de suicide, l’une par absorption d’opium, l’autre par un coup de pistolet qui la blesse au front. Chaney les qualifie de chantage et se hâte de fuir. Flora accouche le 12 janvier 1876, met le bébé en nourrice, vivote en faisant de la couture et en donnant des leçons de piano. Huit mois plus tard, elle épouse John London, veuf encombré de deux fillettes, Eliza et Ida, auxquelles il souhaite donner un foyer. Un mariage arrangé entre de petites gens en difficulté. John London lui aussi vivote, menuisier, épicier, exploitant agricole, plus tard cheminot, il est blessé par un train et ne peut plus travailler.
  Un beau jour, des camarades de jeu lancent à Œdipe adolescent qu’il n’est pas le fils de son père, et la quête tragique commence… Des personnes de son entourage révèlent à Jack sa bâtardise. Âgé de vingt et un ans, bouleversé, il consulte, à la bibliothèque d’Oakland, les journaux où sont mentionnées les tentatives suicidaires de sa mère. Il réussit à retrouver la trace de Chaney, lui écrit. Ce dernier ne lui répondra qu’au bout de deux ans : Non, il ne peut pas être son géniteur, à l’époque il était impuissant ― sans doute veut-il dire stérile ? Le plus troublant, c’est qu’aucune de ses six épouses ne fut enceinte de lui. Et il ajoute que, à cette date, Flora fréquentait d’autres hommes. Avec qui Flora la spirite, la bourgeoise déclassée, avait-elle copulé un beau soir de printemps 1875 ? Pas avec un des « esprits » qu’elle convoquait, tout de même ?
  Je ne devrais pas plaisanter à propos de cette histoire. Ce doute atroce sur son origine fut le drame de Jack. Un vide, un grand silence blanc sur lequel il lui fallut s’édifier. Durant l’année passée avec le mari d’Eliza en Alaska, au Klondike ― autre grand silence blanc ―, il espère trouver au retour la réponse de Chaney. John London, le père adoptif, meurt durant l’absence de son « fils ». C’est au Klondike que Jack commence à prendre des notes en vue d’écrire des histoires. Qu’est-ce qui fonde l’écrivain : le passage par l’ailleurs ou bien le non-dit, le mensonge, puis la quête de vérité ? »

Claude Pujade-Renaud, Chers disparus, Actes Sud, 2004, pp. 271-272.



JACK LONDON

Jack_london


Voir aussi :
- le site français sur Jack London ;
- The Jack London Online Collection.




Retour au répertoire de janvier 2008
Retour à l' index de l'éphéméride culturelle
Retour à l' index des auteurs

» Retour Incipit du blog

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Angèle Paoli 39970 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines