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Nagasaki d'Eric Faye

Par Jostein

nagasaki Titre : Nagasaki

Auteur : Eric Faye

Éditeur : Stock

Nombre de pages:112

Grand Prix du roman de l'Académie Française 2010

Résumé:

"Clandestine depuis un an 
Il s’étonnait de voir des aliments disparaître de sa cuisine : un quinquagénaire célibataire des quartiers sud a installé une caméra et constaté qu’une inconnue déambulait chez lui en son absence. »

Un simple fait divers dans un quotidien du matin à Nagasaki. 
Tout commence par des disparitions, en effet, des déplacements d’objets. 
Shimura-san vit seul dans une maison silencieuse qui fait face aux chantiers navals de Nagasaki. C’est un homme ordinaire, qui rejoint chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n’a pas d’odeur, sauf celle de l’ordre et de la mesure. 
Depuis quelque temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux et les quantités de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Dans ce monde contre lequel l’imprévu ne pouvait rien, un bouleversement s’est produit. 
Devant l’écran de son ordinateur et grâce à sa caméra, Shimura-san finit par apercevoir l’intruse. Il y a bien quelqu’un chez lui. Il a vu son profil. Il l’observe. Il attend d’être sûr. Est-ce une hallucination, un fantôme de ses échecs sentimentaux passés, une amante amère et revancharde ? Il finit par appeler la police. L’invitée est embarquée et mise en cellule. 
On apprendra par les agents en charge de l’enquête et lors du jugement que cette femme à peine plus âgée que son hôte avait trouvé refuge chez lui au cours de son errance. Il partait sans fermer à clé, seule concession à sa maîtrise. On lira qu’elle aimait sentir sur sa peau le rai de lumière qui traversait la pièce l’après-midi et l’odeur des draps propres dans l’armoire qui lui servait de chambre. Tel un animal, cette femme sans passé sentait la menace, détectait le bruit des pas et bondissait se cacher, à l’abri du danger. Elle ne voulait rien de plus qu’être là, sans déranger. Elle aussi était seule. 
On apprendra bien d’autres choses encore ; sur la mémoire des lieux et la mémoire tout court, dans une lettre finale que la « clandestine » adressera au maître des lieux, désertés.

Mon avis:

Bien au-delà de cette histoire d'effraction du domicile de Mr Shimura, Éric Faye évoque l'histoire du Japon et de ses relations mondiales. La maison est comparée au Japon. C'est surtout une mise en image de la mémoire et du souvenir.

Lorsque cette clandestine évoque son souvenir des maisons où elle a vécu dans sa jeunesse, elle évoque la mémoire des membres de sa famille morts lors des bombes atomiques et de ses parents décédés sur la route lors d'un glissement de terrain.

" J'aimais ma chambre, balcon sur le monde, sur la renaissance d'un monde où étaient morts plusieurs de mes aïeux, un 9 août lointain."

"Le renouvellement du pacte de sécurité entre notre pays et les États-Unis perpétuait le lien avec ceux qui avaient largué une bombe atomique sur ma famille."

C'est aussi un témoignage sur la société déclinante japonaise avec cette dame sans-emploi et ce météorologue solitaire. On ressent d'ailleurs entre eux un lien d'amitié et de respect au-delà de l'affaire judiciaire.

Le dénouement du livre me laisse un peu en attente. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur l'histoire évoquée en fin de livre.


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