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Côte d'Ivoire : résultats invalidés et fermeture des frontières

Publié le 03 décembre 2010 par Geo-Ville-En-Guerre @VilleEnGuerre
Dans son blog Good morning Afrika, Sonia Le Gouriellec analyse le statut et la composition du Conseil constitutionnal ivoirien, en montrant combien l'impartialité de cette institution - qui a invalidé les résultats des élections présidentielles à peine une heure et demie après l'annonce de la victoire d'Alassane Ouattara, opposant de Laurent Gbagbo - doit être remise en question ("Le conseil constitutionnel ivoirien acquis à Gbagbo", Good morning Afrika, 3 décembre 2010). En invalidant la victoire d'Alassane Ouattara, cette commission pourrait proclamer le président sortant, Laurent Gbagbo, qui n'a obtenu que 45,9 % des votes, vainqueur, ce qui pourrait amener une très grave crise politique et sociale dans le pays. Aujourd'hui, c'est l'incertitude politique qui règne en Côte d'Ivoire. La tension est extrême dans les rues des villes ivoiriennes (voir le billet "Côte d'Ivoire : des manifestations pour réclamer les résultats des élections aux violences d'après-résultats ?" sur ce blog), tout comme aux frontières du pays. C'est pourquoi, la décision a été prise de fermer les frontières.
Fermeture des frontières en Côte d'Ivoire et risques de déstabilisation politique
Dans la soirée du jeudi 2 décembre 2010, l'état-major ivoirien a annoncé à la télévision publique la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes "jusqu'à nouvel ordre", au moins tant que règne la confusion autour des résultats des élections présidentielles. Cette décision implique que peu d'observateurs et d'humaintaires étrangers pourront entrer en Côte d'Ivoire dans les prochains jours. De plus, les mobilités sont contrôlées à l'intérieur du pays, afin d'éviter des soulèvements, et notamment l'arrivée massive de partisans d'Alassane Ouattara à Abidjan, en cas d'invalidation des résultats le donnant gagnant par le Conseil constitutionnel. Les risques de déstabilisation politique se sont donc accrus avec l'attente de cette décision.
Aucun des deux camps n'est prêt à accepter la défaite, qu'il s'agisse des candidats eux-mêmes ou de leurs partisans (voir "Côte d'Ivoire. Personne n'acceptera la défaite", Courrrier international, n°1048, 2 décembre 2010). Parallèlement à la fermeture des frontières, une autre décision a été prise : la suspension des médias. Cette décision, justifiée par le besoin de ne pas empirer les contestations et les tensions entre les deux camps, est aussi un moyen de contrôler l'information et de ne pas laisser les Ivoiriens maîtres de leur vote. Enfin, avec ces résultats, apparaissent non pas une, mais deux Côte d'Ivoire qui semblent prêtes à s'affronter par le biais des partisans des deux candidats présidentiels. Il est important de rappeler que cette division Nord/Sud du pays n'est pas nouvelle : la partition de la Côte d'Ivoire se lit dans la géographie électorale, et pas seulement dans le cas des élections présidentielles de 2010. A ce titre, l'ouvrage de Christian Bouquet, Géopolitique de la Côte d'Ivoire, décrypte l'inscription spatiale des comportements électoraux, qui mettent en scène une division Nord/Sud, déjà lors des élections présidentielles de 2000, qui laissaient également apparaître une division entre un Sud pro-Gbagbo et un Nord anti-Gbagbo.
Côte d'Ivoire : résultats invalidés et fermeture des frontières
Résultats de lélection présidentielle du 22 octobre 2000Source : Christian Bouquet, "La crise ivoirienne par les cartes",Géoconfluences, 4 juin 2007.

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