
C’était vendredi dernier, soit il y a une semaine jour pour jour. Comme à l’habitude, je me réveille et navigue tranquillement sur la toile afin de dépecer les actualités turpides du reste du monde. Pourtant, rien ne me préparait à ce que je m’apprêtai à lire dans les colonnes de tous les blogs et réseaux d’informations virtuels à ce moment précis. Alors que la veille, j’enserrais ma belle, m’endormant paisiblement au creux de ses bras, l’artiste anglais Peter Martin Christopherson s’engourdissait seul, sans aucun espoir de réveil. Six ans après son ami, compagnon, amant, John Balance, celui que l’on appelait simplement « Sleazy » jouait sa dernière musique dans le noir, laissant derrière lui un héritage indiscutable dont le legs résulte d’expérimentations menées depuis le milieu des années 70.

C’est à cette époque que Peter Christopherson rencontre le musicien et chanteur John Balance. Contacté par son comparse Genesis P-Orridge pour rejoindre les rangs de Psychic TV au côté d’Alex Fergusson, celui-ci accepte à la condition que Balance les accompagne. PTV peut donc être mis sur les rails. Mais encore une fois des mésententes se font rapidement sentir. P-Orridge impose des conditions de travail qui ne correspondent pas aux attentes de Balance et Christopherson, et tire sur lui-même tout le leadership, jusqu’à en devenir complètement mégalo. Fin 1984, les deux comparses préfèrent quitter discrètement le navire.

Durant cette très féconde période, Peter Christopherson exercera à plusieurs reprises ses talents de cinéastes, réalisant de nombreux clips pour des artistes comme Ministry, Front 242, Rage Against the Machine, Erasure et bien sûr NIN. Fin 2004, il participe à la réunion de Throbbing Gristle, et lance en 2005 un nouveau projet intitulé The Threshold HouseBoys Choir. On peut discerner à travers ce projet solo de Mr Sleazy l’envie de pousser plus loin une aventure commencée avec Coil près de vingt ans auparavant. Mais c’est avec un sentiment de frustration que nous devons dire adieu à ce génie de l’avant-garde, le sentiment amer de perdre un artiste au talent immense qui n’en avait pas fini de nous livrer tous ses secrets. Et on l’imagine aujourd’hui assez aisément, assis quelque part entre le Paradis et l’Enfer, se délectant de quelques conversations angéliques.
Audio
Throbbing Gristle - Still Walking
Psychic TV - just drifting (for caresse)
Coil - At The Heart Of It All
Coil - Slur
The Threshold HouseBoys Choir - Part Two - ‘Intimations of Spring’
