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La proclamation de la victoire de Laurent Gbagbo conduit le pays dans l'impasse

Publié le 04 décembre 2010 par Africahit

Laurent Gbagbo est déclaré vainqueur de la présidentielle, avec 51,45 % des voix, par le Conseil constitutionnel invalidant ainsi la victoire d'Alassane Ouattara proclamée hier par la CEI. Un revirement contesté par la communauté internationale.

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Censée rétablir l’unité du pays, l’élection présidentielle ivoirienne "historique" des 31 octobre et 28 novembre risque d’exacerber les divisions qui minent le pays depuis le coup d’État avorté de septembre 2002. En moins de 24 heures en effet, les deux candidats présents au second tour de scrutin ont été tour à tour déclarés vainqueur...

Ce vendredi après-midi, Paul Yao N’Dré, le président du Conseil constitutionnel, réputé proche du pouvoir, a annoncé la victoire du chef de l'État sortant, Laurent Gbagbo, avec 51,45 % des suffrages exprimés contre 48,55 % à son rival, l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara.

L’institution a ainsi invalidé les résultats provisoires annoncés par la Commission électorale indépendante (CEI) hier après-midi, soit près de 18 heures après la date butoir qui lui avait été fixée. Les chiffres de la CEI créditaient le candidat de l’opposition de 54,1 % des voix, contre 45,9 % à celui de La Majorité présidentielle (LMP). De fait, le Conseil constitutionnel a donné raison au camp Gbagbo, qui réclamait l’annulation des suffrages dans sept départements du Nord (Bouaké, Korhogo, Ferkessedougou, Katiola, Boundiali, Dabakala et Seguéla), région contrôlée depuis 2002 par l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).

Dans une longue litanie diffusée en direct sur la Radio télévision ivoirienne (RTI), Paul Yao N’Dré a exposé dans le détail les cas d’irrégularités "de nature à fausser le résultat du scrutin" : bourrage d’urnes, absence de représentants LMP dans certains bureaux de vote, défauts d’isoloirs, obstructions, votes contraints "sous la menace des armes", etc.

Sur les ondes de RFI, le directeur de campagne de Laurent Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan, a estimé que la décision prise par le Conseil constitutionnel reposait sur des faits. "À partir du moment où le Conseil constitutionnel est l’instance habilitée à proclamer le résultat, je ne vois pas où est le problème", estime le bras droit du président sortant, répondant aux accusations de "hold-up électoral" formulées par l’opposition.

Rassemblé sous la bannière du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le camp Ouattara a rejeté l'annonce du Conseil constitutionnel. Lors d’une déclaration, ce vendredi, à Abidjan, l’ancien Premier ministre s'est présenté comme "le président élu de la République de Côte d'Ivoire" et a, une nouvelle fois, appelé "[s]on frère Laurent Gbagbo à respecter le choix des Ivoiriens".

De même, les dirigeants des FN, ainsi que le Premier ministre Guillaume Soro, ancien chef des rebelles nordistes désigné Premier ministre au lendemain de la signature des accords de Ouagadougou, en mars 2007, se sont ralliés à la cause du RHDP.

Ban Ki-moon reconnaît la victoire d’Alassane Ouattara

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a quant à lui entériné les résultats de la CEI donnant la victoire à Alassane Ouattara. Quelques heures plus tôt, son représentant dans le pays, Young-jin Choi, avait refusé de reconnaître le verdict prononcé par le Conseil constitutionnel.

"Les résultats du second tour de scrutin tels qu'annoncés le 2 décembre par la commission électorale ne changent pas, ce qui confirme que le candidat Alassane Ouattara a remporté le scrutin", avait-il alors estimé. Deux jours après la tenue du second tour, la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci), qui a pour mandat de certifier le processus électoral, avait affirmé que le vote s’était déroulé dans un climat "globalement démocratique". Un soutien qui a provoqué l’ire du pouvoir. Sur la RTI, ce vendredi soir, le conseiller diplomatique de Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé, a menacé de demander le "départ immédiat" de Young-jin Choi.

De son côté, l’Union européenne a également reconnu la victoire du candidat du RHDP, tout comme la France et les États-Unis qui ont félicité Alassane Ouattara pour son succès par la voix des présidents Nicolas Sarkozy et Barack Obama.

L'Union africaine (UA) a fait part, quant à elle, de sa profonde préoccupation et appelé les différentes parties à respecter la volonté du peuple. "Toute autre attitude risque de plonger la Côte d'Ivoire dans une crise aux conséquences incalculables pour le pays, ainsi que pour la région et l'ensemble du continent", s’alarme l’organisation continentale dans un communiqué.

Nombre d’observateurs craignent, en effet, que l’avis du Conseil constitutionnel ne provoque une flambée de violences dans le pays. Durant l’attente des résultats déjà, les Ivoiriens avaient montré des signes de grande nervosité. Dans la nuit de mercredi à jeudi, au moins huit personnes avaient été tuées par des hommes armés lors d'une attaque menée contre un bureau du parti d'Alassane Ouattara, à Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan, la capitale économique du pays.

Prorogé jusqu’à dimanche, le couvre-feu nocturne instauré sur l’ensemble du territoire a débuté à 19 heures (heure locale) et doit prendre fin à 6 heures samedi matin.



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