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Journal d'une âme : Tourmente et paix (4-12-2010)

Par Manus

Journal d'une גme : Tourmente et paix (4-12-2010)

Journal d'une âme : Tourmente et paix (4-12-2010)                Photo du site Michel Bellin

Il m’arrive, comme tout à chacun, je suppose, d’être un jour contrariée par un événement extérieur ; d’endosser, dès le lever, un épiderme plus chatouilleux ; de froncer les plis du front, à intervalles réguliers, butée sur un souci paralysant la fluidité des synapses.

Ces états, que je nommerai inquiétudes du cœur, m’agitent l’âme, me rendent plus irritable et impatiente, en d’autres mots, agissent tel un vent plus audacieux emportant sur son passage des grains de sable me griffant les yeux que j’essaye en vain de protéger.

Un autre état, mais je ne sais si je dois le présenter par ce terme, est celui de la tourmente de l’âme, que je distingue de l’inquiétude du cœur.  La tourmente relève plus de l’ordre spirituel, de cette situation que j’avais déjà évoquée dans un autre billet (ombre et lumière) où à l’instar du funambule, je marche sur le fil en luttant pour ne pas basculer.

La tourmente de l’âme éprouve.  Elle implique à la personne qui la subit d’actionner sa volonté, de prendre sur soi, et de serrer les dents.  En découle nécessairement une souffrance de cette lutte impitoyable contre soi-même.

Pour prendre un simple exemple, j’imagine la scène avec devant moi deux pralines présentées sur une table.  L’une d’elles possède toutes mes préférences : chocolat noir, fraîche, à l’intérieur du massepain, et ô comble, une présentation visuelle qui me mets l’eau à la bouche.  L’autre est déjà plus petite, en chocolat blanc et fourrée au beurre. 

Or, le médecin m’avait prévenu que si je devais manger celle au chocolat noir - la sublime praline -, mon estomac serait contracté d’atroces crampes et je risquerai de graves conséquences pour ma santé.  Par contre, me dit-il, la praline au chocolat blanc, pas de problèmes, elle sera parfaitement digérée ; mieux encore, elle sera bénéfique pour la dynamique du corps et de l’esprit.

Je me retrouve à devoir choisir entre ces deux pralines.

C’est cela que j’appelle la tourmente.  Ce combat intérieur, qui, dans de plus grandes proportions, concernant des choix plus importants, plus graves, peuvent atteindre des sommets de haute lutte de l’âme.

La volonté est une chose, mais dans mon cas, si elle a toujours été ma force première dans ma vie, elle fut aussi l’arme qui me fit chuter.

Je n’ai pas oublié, hier soir encore, que seule ma volonté ne suffira.  Je l’ai expérimenté de manière trop absolue pour que ce soit définitivement inscrit dans ma mémoire.

Hier, la tourmente m’agitait l’âme.  Je le sentais bien, la paix et la sérénité du cœur étaient étouffées par cette sorte d’ouragan qui s’y annonçait.

Lorsque c’est ainsi, mon cœur se ferme, il se protège des vents forts qui adviendront ; il se transforme en bunker pour faire front à l’ouragan en préparation.

Depuis hier, donc, mon cœur était comme un poing serré par l’inquiétude, accélérant par cette attitude ses battements en tachycardie, propulsant par là même plus de sang vers le cerveau, bref, une fébrilité prenait irrémédiablement possession de mon être.

La souffrance n’était pas loin de poindre, je le devinais, mais ce n’était pas tellement cela mon souci : celui de constater que mon éloignement du Christ risquerait de se mettre en marche si, selon mes habitudes, je ne m’appuyais que sur ma volonté. 

La tourmente sifflait dans mes oreilles et je n’entendais plus la voix de Jésus.  La force de l’ouragan durcissait mon cœur à mesure que j’exerçais ma volonté pour résister et lutter face au dilemme.

Je n’étais qu’au début du combat : des arbres étaient arrachés, mais les maisons étaient encore ancrées dans le sol ; sauf que je connaissais maintenant parfaitement ce type de scéna ; je savais que je me casserai intérieurement, que ma volonté se brisera lorsqu’elle sera tendue comme un arc.  Et les conséquences, je les percevais tout aussi bien.

Cette prise de conscience me submergea d’un seul coup de honte.

Comme si j’étais une tierce personne, je m’observais en vis-à-vis de Dieu, et je pouvais, comme un diagnostic clinique et froid qui est posé, analyser le gouffre qui nous séparait à cet instant.

Je n’ai pas d’autres mots que « misérable ».  Non pas une insulte, mais un état, misérable. 

La honte de me voir tel que je suis ne relève pas de l’orgueil blessé, ou d’une honte qui plonge dans un complexe d’infériorité, ou encore d’une honte qui m’entraînerait vers le désespoir.  Non.  Il ne s’agit que d’une honte, je dirais, salvatrice.  Celle qui permet de tomber mes écailles des yeux, de voir en toute transparence la situation, et d’y faire face, l’esprit éclairé.

Je cachai alors mon visage dans mes mains, me mis à genoux, et avec toute cette tourmente qui soufflait dans mon âme, je fis face à Dieu.

Cette simple décision de me placer devant lui, sans masques, sans protections, comme si je n’avais plus de peau et que mon âme, si petite, se trouvait nue, là, à genoux, cette simple décision, eut des effets.

D’un seul coup, d’ailleurs, la tempête se calma.

Je tremblais encore de l’intérieur alors que je m’étais orientée vers le Seigneur ; j’avais peur. 

Le fait même de me tourner vers Lui me fit monter les larmes aux yeux ; desserra mon cœur, dilata mon âme reposant désormais sur une eau calme.

Les larmes coulaient à mesure que l’amour du Christ me chauffait le cœur et le corps.  J’étais devant Lui, sans prononcer encore quoi que ce soit, mais simplement avec toute la force de mon intériorité pour me mettre en sa présence.  Je me laissais dorer par ses rayons d’amour ; je le laissais venir, calmer l’ouragan qui me faisait si peur ; et j’entendais au plus intime de mon âme, qu’Il était là, que je ne devais pas avoir peur, et qu’il m’encourageait. 

« Courage ! me disait-Il, je suis là. »

Si son amour est bouleversant, c’est aussi sa force, sa solidité, cet amour ferme qu’Il transmet, qui touche.  Comment dire.  Son amour est douceur infinie, mais en même temps absolument sûr, unique, fidèle, protecteur.

C’est très curieux à dire, mais je devinais son sourire : non pas un sourire physique, mais l’émotion qui provoque le sourire.

La paix et la sérénité m’étaient revenus. 

Le Christ ne s’est pas fait prier de venir dans ma demeure dès que je Lui ai entrebâillé la porte.

Il a bien fait.

Quelques minutes plus tard – j’ignore combien : dix, vingt, trente ? – je souriais à mon tour ; être en contact avec le Seigneur, poser son oreille contre son cœur, et effleurer du bout des doigts le dos de sa main, entraînent une joie ; une joie profonde dans l’être.

C’est comme si le Christ était un soleil dont il m’avait légué un bout, reposant dans mon cœur et dans mon l’âme.  Je le sentais briller en moi et il me chauffait toute entière.

C’est venu tout seul, pour la première fois j’ai osé Lui dire que je l’aimais.

Savina


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