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Gonjasufi - A Sufi And A Killer (2010)

Publié le 05 décembre 2010 par Oreilles
Gonjasufi - A Sufi And A Killer (2010)Les terres désertiques ont toujours été le lieu où s’entrecroisent légendes et fantasmes mystiques. Le désert Mojave, quelque part au beau milieu du Nevada, n’y échappe pas ; y rencontrer un mirage au détour d’un chemin s’avérerait alors une expérience presque normale, bien que sûrement fantastique. Mais à présent, il est inutile d’aller si loin pour s’adonner à ce genre d’étrange expérience. En effet, un mirage s’est échappé de son désert pour s’offrir au monde, et s’exporter (presque) tout seul : Gonjasufi.
Repéré sur le morceau "testament" du second album de Flying Lotus, signé par le classieux label Warp, et soutenu par Mainframe et The Gaslamp Killer, voilà quelqu’un qui sait s’entourer. Cet homme, qui nous semble davantage sorti de nulle part, nous prend la main pour une visite d’un labyrinthe exotique, enfumé et divinement psychédélique. A Suffi and a Killer, sorti le 08 Mars 2010, peut presque être considéré comme une nouvelle drogue: agréable et déroutant, de part un irrésistible mystère, qui survit même au bout qu’une quarantaine d’écoutes (et plus) : une fois consommé, on ne peut s’en passer.
Sumach Ecks, de son vrai nom, se destinait d’abord au baseball avant une blessure qui le fit se tourner vers une nouvelle passion : le hip hop. Cependant, ces couches de sonorités tortueuses s’aventurent autre part, mélangeant des influences soul, rock, folk, et bien d’autres encore. L’album part donc dans de nombreuses directions. Ce réel désordre est à la fois son majeur atout, et sa supposée limite : le tout est d’apprécier de se perdre.
Les immenses dreads et la peau vieille contribuent à tracer la silhouette mystique du personnage. Mais c’est surtout le timbre de la voix particulier qu’on retiendra. Un ton plutôt rocailleux, qui nous transporte dans un voyage spatial, un tour culturel des ruines du monde, ou encore un road-trip temporel quelque peu magique. Talentueux, il réussit à nous hypnotiser dans une masse de sons justes et confus, à la fois extrêmement modernes et très anciens. Les morceaux sont courts, oscillant entre deux ou trois minutes. Cela détruit toute lassitude, et forme un ensemble d’enchevêtrements dynamiques. Si certaines chansons sont moins marquantes, "She Gone", "Ancestor", "Kobwebs", "Candylane" ou encore le single "Kowboys & Indians" sont de véritables gorgées de bonheur.
La musique de Gonjasufi parait intemporelle ; ce dernier fait reste à vérifier. Mais une chose est sûre, c’est l’une des meilleures découvertes de l’année. Une explosion de musiques, d’images, et d’identités, parfois dérangeantes, toujours surprenantes, formant un album fascinant et addictif, un tour du monde en une heure, et peu couteux.
En Bref : un talent, des influences, un entourage : une équation qui a largement portée ses fruits, pour un album enthousiaste d’imagination.
Gonjasufi - A Sufi And A Killer (2010)
Le site et le Myspace
A noter : Gonjasufi sera aux Transmusicales de Rennes, le samedi 11 décembre. On pourra aussi y retrouver son copain The Gaslamp Killer (le même soir) et une foule d’autres noms qui donnent envie d’y être. Cet album est disponible en version remixée, sous le nom de The Caliphs Tea Party.
"DedNd" :

"Kobwebz" :


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