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Le "Nom des gens" ou l'engagement horizontal !

Publié le 09 décembre 2010 par Rupteur

Moment vivifiant que celui que l'on passe en compagnie de Baya Benmahmoud jouée par Sara Forestier. Cette jeune femme extravertie se fait une haute idée de l'engagement politique et une très basse idée si j'ose dire, de son corps et de son utilité (corps joliment offert aux caméras de Michel Leclerc, dénudé dans le métro parisien..). Son idée est simple, coucher avec ses ennemis pour les convertir à sa cause. Ce qui peut faire beaucoup de monde, vu qu'en gros, tous les gens de droite sont ses ennemis, des "fachos" comme elle dit. Baya classe même ses cibles selon le temps qu'elle met à les rallier à sa cause. Nous apprenons ainsi qu'un membre du FN peut nécessiter une dizaine de jours de relation charnelle, alors qu'un petit après-midi suffit à plier un centriste !  


Erections législatives..

En règle générale, sa méthode marche très bien et lui permet de convertir au chant dans le métro un ex trader. Elle parvient également à envoyer dans le Larzac pour élever des chèvres un dirigeant des jeunesses UMP. Moment de grâce quand elle se demande : Comment on peut être jeune ET UMP ? Le hic poétique et politique se produit lorsqu'elle rencontre Arthur Martin (oui, comme les cuisines, vous verrez tout le monde relève, justement...). Ce quadragénaire discret, adepte du risque zéro, juif incertain, visiblement coincé, à priori de droite. Elle se dit qu'avec un nom pareil, il est forcément un peu facho. Mais les noms sont fourbes et les apparences trompeuses.
Arthur Martin, porté d'une manière insolite par un Jacques Gamblin qui effleure tout sans jamais être entièrement quelque part, donne au récit un parfum particulier, ruralement urbain, légèrement dense, comme quand quelque chose d'important se passe sans que l'on y prenne garde. Imaginez un peu la vie de cet ornitholégiste poussiérieux tombé entre les giffes d'une migale aux seins engagés, qui achète des tourteaux et fait 200 km pour les remettre à la mer !

Jospin, le canard mandarin
Leur histoire se mêle aux engagements "camasutrèsques" de Baya. Il en résulte un périple savoureux, original, dont le point d'orgue est l'apparition de celui que Guy Carlier appelait le "fantôme de l'île de Ré", Lionel Jospin en personne, cadeau de Baya à Arthur qui, on ne l'a pas dit, se définit comme un "Jospiniste". L'ex premier ministre joue son propre rôle et diserte pendant plus de 2 minutes sur sa famille et ses origines, d'une manière improvisée nous dit-on. Il explique notamment qu'un "Jospiniste sous ces latitudes, est aussi rare qu'un canard mandarin", réplique adressée tout particulièrement à Arthur Martin dont le métier est d'autopsier des oiseaux morts pour le suivi de la grippe aviaire..

Jospinisme et yaourtières..
J'ai particulièrement apprécié le rapprochement entre le Jospinisme et la propension des parents d'Arthur Martin à opter pour des technologies de pointe mais qui n'emportent jamais le marché : l'épluche pommes, la yaourtière, les cassettes VHX, .." comme Jospin, souligne t-il, "il est avant-gardiste et compétent, mais il n'emporte jamais le marché"...

"Le nom des gens" inaugure un genre de "comédie politique" profondément légère et savamment actuelle.. Le verbe y est saisissant, les surprises multiples, le geste ferme, et les engagements horizontaux. Le moment est intense, les personnages attachants bien que décalés et insaisissables. Courrez rire de vos engagements éventuels car comme le dit un grand humoriste américain, Groucho Marx : "Ce sont mes principes, si vous ne les voulez pas, j'en ai d'autres ! "

PS : Si vous avez une yaourtière, revoyez tous vos engagements...


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