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Dérives - Biz

Par Venise19 @VeniseLandry
Dérives - BizJ’ai enfin lu cette plaquette qui a fait tant parler à sa sortie. On se demande toujours ; est-ce justifié ou parce que son auteur est connu ? Si je devais répondre par oui ou non, j’opterais pour oui, Dérives vaut la lecture, auteur connu ou pas.
J’avais entendu dire qu’il était question de ses confidences de père que la naissance de son fils n’avait pas propulsée, comme espéré, dans les sphères délicieuses de l’émotion paternelle. Et même, tout au contraire. Je m’attendais à ce qu’on m’explique l’effondrement de l’idéal « père », pas le vieux modèle dans son rôle de pourvoyeur, mais le nouveau père, veilleur et complice de la mère auprès de son jeune enfant.
Si j’avais eu à décrire ce roman avant d’en avoir autant entendu parler, je l’aurais plutôt désigné comme un roman sur la dépression. C’est le sujet principal à mon avis. Que celle-ci soit survenue à la suite de la naissance de son fils peut s’expliquer par la fatigue accrue et le bouleversement des habitudes de vie. À lire sa dérive, j’ai franchement eu l’impression que cette dépression se préparait de longue date. Et comme on le sait, veiller au bien-être d'un bébé ne soulage pas nécessairement du mal de vivre. Ce que je tente de communiquer ici est que Biz n’aborde pas tant la paternité, que cette culpabilité d’être un mauvais père, parce que dépressif. En dépression, tu évites la vie au complet (ce qu’il fait très bien d’ailleurs), pas seulement la paternité. C’est un tout et c’est ce tout qui nous est extrêmement bien communiqué.
L’auteur a choisi d’alterner les chapitres ; un se déroule dans un marais, une allégorie ou un rêve bien cerné, le suivant tombe de plein-pieds dans la réalité quotidienne avec femme et enfant. En alternance. C’est intéressant parce que contrastant et, surtout, parce que très bien écrit. Sa plume dans le marais est ancrée, malgré la dérive. On sent venter une force de caractère sur ses mots aspirés par un soi qui n’a pas l’habitude de rester en surface. Si l’esprit a dérivé, les mots eux, non ! Très beau, comme peut être la tristesse assumée.
Malgré la beauté de l’allégorie, j’ai préféré les chapitres terre-à-terre. J’ai été captivée par l’évolution de sa vie, ses doutes, ses colères, son désespoir, ses anecdotes, ses réflexions. Il est très facile de l’accompagner, il se laisse approcher de très près. Il est doué pour l’impudeur intelligente.
Le gros défaut ? Trop bref ! Les chapitres sont brefs, les idées jetées sont brièvement exposées, les pages sont à peine remplies, je suis restée avec cette sensation que l’on m’a envoyé un clip à lire !
Ce roman est en lice pour le Prix Archambault.

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