Magazine Beaux Arts

Le visage et le corps d’une danseuse

Publié le 12 décembre 2010 par Marc Lenot

Sur les murs du Centre National de la Danse à Pantin (jusqu’au 17 décembre), le visiteur est cerné par une dizaine de diptyques de grandes photographies en noir et blanc. Chaque paire comprend d’abord le portrait d’un jeune homme ou d’une jeune femme, photographié frontalement, en buste. Certains sourient, d’autres non, tous fixent l’objectif avec un sentiment de gêne, comme s’ils n’aimaient pas trop être là, ou en tout cas n’avaient pas l’habitude de se montrer ainsi, dans leurs habits quotidiens, face à un photographe, qui, pour être un de leurs pairs, n’en est pas moins un révélateur d’identité, un observateur, je n’ose dire un voyeur.

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Je n’ose dire un voyeur car Yang Wang, auteur de ce projet Living Dance, est (fut), comme la plupart d’entre eux, un des danseurs de la compagnie Preljocaj. Je n’ose dire voyeur car l’autre photo du diptyque montre chacun d’eux, en train de danser, nu(e), seul(e), face à un grand mur noir. Et (même si, pour certains ce fut une première que de danser ainsi nu), on les devine plus à l’aise en train de danser qu’en train de poser. Ils sont gracieux, puissants, habités. On voit leurs muscles et leurs cicatrices, leurs seins et leurs pénis, leurs rondeurs et leurs tensions. Ce sont des photos légèrement grenues, denses, sculptées par l’ombre et la lumière. Ce fut, je crois, pour chacun des danseurs, une expérience unique, une forme de découverte. C’est, pour nous, une mesure de la distance, de notre regard sur leur corps performant et sur leur visage ordinaire, sur l’équilibre (précaire) entre les deux. Parmi la dizaine de danseurs et danseuses montrés ici, j’ai été particulièrement touché par Charlotte Siepiora, sans doute à cause du contraste entre sa mine de petite fille sage et timide, pudique et réservée, et la sensualité de ménade extatique qui se dégage de son élan aérien; c’est elle que je vous montre ici.

Très beau livre aux éditions Séguier (Full disclosure : livre reçu en service de presse).
Exposition visible en février au Théâtre d’Orléans.


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