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Dave Liebman Quartet plays Ornette Coleman à Paris

Publié le 12 décembre 2010 par Assurbanipal

Dave Liebman Quartet plays Ornette Coleman.

Paris. Le Sunside.

Lundi 6 décembre 2010. 21h.

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La photographie de  Dave Liebman   est l'oeuvre de l'Irréductible Juan Carlos HERNANDEZ. Elle fut prise lors du concert du même groupe à Genève, Suisse, le mardi 7 décembre 2010.

Dave Liebman : saxophone soprano, flûte

Vic Juris : guitare électrique

Tony Marino : guitare basse électrique

Marco Marcinko : batterie, percussions

«  Smoking at the café ». Son planant de guitare électrique, très trafiqué, avec des ondulations électroniques. Le sax soprano vient s’y mêler. Tony commence à poser la ligne de basse. Le batteur tapote, ponctue, varie les effets. L’ambiance est à l’image du titre. Parole de non fumeur. La guitare est revenue à un style plus classique. Ca se ballade peinard. Ca pulse, vogue, dérive. La musique est à la fois rassurante et dérangeante. Bref c’est du Jazz. Ce soir j’ai pour voisine la Femme Poisson. Que fait la Femme Poisson dans un club de Jazz à Paris ? Elle dessine des Jazzmen. Comment ? Sur le vif, sur du papier à dessin, avec un marqueur, sa main droite et du talent. Je parlerai plus longuement des œuvres de la citoyenne Hélène Poisson lorsqu’elle exposera en mars 2011. A côté de la citoyenne Poisson, il y a un couple d’Italiens venu de Bologne. La femme écoute ravie, l’homme photographie. Je résume : j’écris, elle dessine, il photographie, ils jouent. Quatre arts réunis en même temps dans l’espace restreint d’un club de Jazz parisien. Merveille de la création ! Joie des Muses ! Vic Juris a l’air de sortir des studios des Nashville, Tennessee mais son jeu de guitare n’est pas précisément country ni même bluegrass. Batteur et bassiste sont discrets mais présents. Ils apportent le soutien qu’il faut à cette musique sans piano.

Démarrage du batteur aux balais. Un gros ours à lunettes au jeu puissant, fin, divers. Il vous entraîne dans sa danse, passe aux balais. Pulsion nerveuse de la basse. Guitare et sax viennent ponctuer. C’est plutôt funky mais à la manière d’Ornette Coleman. Ca accélère, devient puissamment rock’n roll. Tony fait vibrer les murs avec sa basse. Ca grogne, ça pète. Bien que Stéphane Portet, Big Boss du Sunset/Sunside, ait annoncé que Tony Marino joue de la contrebasse, la vérité m’oblige à lui apporter un démenti formel et public. Tony Marino joue de la guitare basse électrique. J’ai des témoins. Ca devient spatial. Chez les Français, je n’ai entendu que Jannick Top et Vincent Arthaud à ce niveau. La basse vrombit comme un B52. Le batteur déménage lui aussi. Non sans subtilité. Là est le charme. Ca avance, bifurque, relance. La rythmique monte en puissance alors que Dave déguste assis comme un vieux Sage. Martèlement funky, basique à la Al Foster. Gros son de basse à la Michael Henderson. Dave retrouve ses souvenirs de chez Miles Davis (1972-1974). L’instant d’après, ca se calme, descend en sourdine. Vic Juris sait aussi jouer funky, mouillé à la guitare comme les guitaristes de Miles entre 1972 et 1975. Final paroxystique à quatre. C’était « Stand of the furious » tiré de l’album « Quartet for the end of time » d’Ornette Coleman.

 

The thing that would never leave ” (Tony Marino). Retour au calme avec une ballade. C’est agréable mais le matériau de base est moins intéressant que les morceaux précédents.

« Una muy bonita » (Ornette Coleman). Vic commence seul tout en douceur. Dave prend sa petite flûte à bec, en bois. Un air latino s’élève. Attention, ce n’est pas de la Salsa banale. C’est une Salsa harmolodique. C’est beau, étrange, dansant comme les étoiles par une belle nuit d’été. C’est le genre d’instant magique après lequel je cours dans les concerts de musique improvisée. Et quand je le trouve, c’est très bon. Je peux pas mieux dire. C’est très bon. Dave est repassé au soprano. La musique vibre, danse, envoûte, enchante. La basse mène la danse merveilleusement soutenue par la batterie et la guitare. Dave reprend la main dans un style plus Jazz. La tension monte. Après une longue impro, le guitariste revient au thème. Il est si beau, si entraînant qu’il suffit à mon bonheur.

Solo de batterie aux maillets. Les tambours grognent de plaisir sous les tapotements de Marco Marcinko. Il passe aux baguettes et obtient des sons neufs en les faisant crisser. Retour à une pulsation funky avec la basse. Dave se rasseoit. Bon groove. La guitare tranche dedans mais sans brutalité. Silence pour le solo de soprano. Ca s’envole, virevolte, vibre, vit, grogne. Le groove remonte derrière. Son hyper funky, rapide, humide de guitare. Ca groove, baby !

PAUSE

« Dream of night » variation de Dave Liebman sur « Night dreamer » de Wayne Shorter. Ce soir, Dave n’a pas emmené son saxophone tenor. Je le regrette. Au soprano, il joue shorterien en diable. Imprévisible, remuant, mystérieux. Assis, Dave Liebman raconte la musique par ses mimiques, ses déhanchements. Il fait corps avec elle même lorsqu’il ne joue pas.

Attaque de la basse. Guitare planante. Batterie militaire. Sax saccadé. L’unique sujet des dessins de la citoyenne Poisson ce soir c’est Dave Liebman. Il faut dire que c’est un très beau poisson, respirant la musique par toutes ses branchies.

Deux morceaux tirés de l’album « Turn around » d’Ornette Coleman :

-   Lonely Woman

-   Turn around


Effets planants de guitare. Bruitage des percussions. Beaucoup de travail électronique sur la guitare. Marko ajoute ses grelots, ses jouets sonores. Tony travaille sa basse au corps. Dave a repris sa petite flûte à bec. Il arrive à la fameuse mélodie de Lonely Woman, une des plus belles jamais composées, à mon goût. Inépuisable. L’essence de la femme seule est résumée dans cette musique composée par un homme. Je peux me tromper puisque je suis un homme. Cependant, je me souviens avoir entendu Sophia Domancich (piano) le jouer en duo avec Henry Grimes (contrebasse) aux 7 Lézards, club parisien aujourd’hui disparu. Grand moment. La basse se met à planer avec la guitare qui joue toute seule grâce à la magie de l’électronique (thème en boucle). Dave revient au thème avec sa flûte. C’est si fragile et si fort à la fois. Bref, c’est beau, nom de Zeus !

« Turnaround » (titre éponyme de l’album). Le batteur commence aux balais et sifflote l’air. Basse et soprano s’ajoutent tout doucement à cette ballade. Le batteur passe aux baguettes et monte en puissance entraînant le groupe entier. La rythmique tourne bien, énergique. Ca réveille après minuit. Enfin, le guitariste lâche les chevaux rappelant le John Mac Laughlin de « Jack Johnson » (Miles Davis, 1970) mais sans copier. Le batteur grimace comme un diable sorti de sa boîte. Il en perd une baguette, en reprend une autre, sans perdre le beat. Bref, il fait le show chaud.

« Eden floor » morceau de l’album de Pat Metheny avec Ornette Coleman. Solo de soprano pour démarrer. Vic épluche, décortique sa guitare. La basse ondule comme un grand serpent alors que la batterie avance comme un cheval. Le son de la guitare semble glisser sur un coussin d’air : magie des machines. Le guitariste cite une chanson pop dont le titre ne me revient pas. Ils finissent en rythmique reggae déjantée.

Au rappel, ils jouèrent une folk song adaptée par Vic Juris. Nous étions environ 200 happy few à en profiter. Dommage pour les autres.


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