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Le prix Goncourt de la poésie à Guy Goffette

Par Pmalgachie @pmalgachie
Le prix Goncourt de la poésie à Guy GoffetteDes prix littéraires, le poète Guy Goffette, né en 1947, en a trop reçu pour en faire tenir la liste sur une carte de visite. En France d’abord avec le prix Guy Lévis-Mano dès 1983, année de son premier recueil marquant, Solo d’ombres. Puis en Belgique, en 1988, le Grand Prix de littérature de la Communauté française, au moment où venait de paraître Éloge pour une cuisine de province. Les deux Académies l’ont primé. Quelques beaux noms d’écrivains, dont ont été baptisées des récompenses, surgissent dans le palmarès: Mallarmé, Maurice Carême, Valery Larbaud, Marcel Pagnol. Quand il est passé à la prose, le Rossel ne l’a pas raté – en 2006, pour Une enfance lingère.
Tout cela est bel et bien mais, se dit-on, ne vaut pas le Goncourt. Sinon que le Goncourt aussi, maintenant, a salué Guy Goffette pour l’ensemble de son œuvre. Il rejoint une de ses compatriotes, Liliane Wouters, ainsi que Claude Roy, Yves Bonnefoy, Andrée Chedid, Philippe Jaccottet…
Il y a une trentaine d’années, du côté d’Arlon, Guy Goffette composait lui-même à la main une revue, Triangle, et des poèmes qu’il aimait, à l’enseigne de L’Apprentypographe. Il était déjà viscéralement attaché aux mots, forgeant des vers comme on grave le marbre: pour toujours, ou au moins au-delà de sa propre durée de vie. L’homme qu’il est porte au naturel le verbe haut, comme une revendication permanente, tandis que la musique de ses poèmes joue souvent de sonorités plus légères.
Guy Goffette ne peut se comprendre que si on le considère dans sa double démarche d’écrivain et de lecteur, à moins qu’il s’agisse d’une démarche unique sous le règne de la langue. Il est devenu rapidement chroniqueur à la NRF et à La Quinzaine littéraire, il est aujourd’hui éditeur chez Gallimard, conséquence logique d’une passion majuscule pour l’écriture des autres aussi. On ne compte plus ses préfaces, il a consacré des livres à Verlaine, Ardennais comme lui, à Auden, à Chavée…
Une sensualité sourde bat dans ses poèmes comme dans sa prose, émotion contagieuse qui fait naître des ondes longuement propagées sur une surface que l’on pensait claire et qui, pourtant, masque à peine de profondes inquiétudes.
C’est ainsi, soir après soir, / Que nous sommes devenus mortels, écrit le poète qui a, pareil aux autres, cru au bonheur, / Comme les gosses battant pavillon / Sur un peu d’eau croupie dans l’arrière-cour.
Bien sûr, il se vendra moins de Goncourt Goffette que de Goncourt Houellebecq. Mais le cœur peut bien pencher du côté du premier.

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