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Si par une nuit d'hiver un voyageur

Par Pralinerie @Pralinerie
...est mon dernier livre lu pour la rĂŠunion du Club des théières. Le thème de cette rencontre était l'Italie et Tamara et moi avions choisi Calvino pour coller au sujet. Nos deux dissertations furent dithyrambiques et nous avons hésité entre mention très bien et félicitations du jury pour cet auteur.
Ce livre n'est pas ordinaire. C'est un livre qui interpelle son lecteur : "Tu vas commencer le nouveau roman d'Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi. Ecarte de toi tout autre pensée. Laisse le monde qui t'entoure s'estomper dans le vague." Et puis c'est un livre aux multiples facettes : pas moins de dix romans (en fait onze ou plus) en un seul. Je ne suis pas claire ? Attendez, je m'explique. Le Lecteur, protagoniste de ce roman, vient d'acheter un livre. Or, après la page 32, il trouve la page 17. Erreur d'impression, tout le livre est un aller-retour entre ces pages. Furieux, il retourne à la librairie où il rencontre la lectrice, Ludmilla et se retrouve avec un roman qu'on lui a donné pour le même mais qui s'avère complétement différent. Et Calvino s'amuse à passer de livre en livre, à croiser l'éditeur, le traducteur, l'auteur, bref à balader son Lecteur dans les arcanes du livre. Il finit par le faire voyager jusqu'aux pays où l'on censure les livres, à faire de son roman un manifeste sur la lecture et un roman d'aventure. La scène finale se place dans une bibliothèque où les lecteurs partagent ce qui les touche dans les livres et c'est un peu moi (nous ?) dans chacun. Je ne resiste pas à un autre extrait : "Le moment le plus important, à mes yeux, est celui qui précède la lecture. Parfois le titre suffit pour allumer en moi le désir d'un livre qui n'existe peut-être pas. Parfois c'est l'incipit du livre, ses premières phrases... En somme : s'il vous suffit de peu pour mettre en route votre imagination, moi, il m'en faut encore moins : rien que la promesse d'une lecture".
Le fil rouge ? L'histoire du lecteur... et de la lectrice, celle qui se laisse porter par les mots et par l'imaginaire, qui ne crée pas une analyse sémantique de chaque chapitre mais lit de façon totale. L'autre lectrice, Lotaria, découpe les livres, les offre à un ordinateur pour en extraire le sens, comptabilise chaque terme et l'interprète. Personnages multiples, jeu sur le faux, Calvino s'amuse dans ce texte à contrainte à faire découvrir de nombreux incipit de romans (polar, aventure, érotique...). Hélas, cela est particulièrement frustrant car chaque livre entamé n'est jamais terminé. Seul le fil rouge aboutit quelque part. Un jeu particulièrement brillant même si la répétition du principe peut lasser au milieu du livre. L'auteur sait, fort heureusement, donner un second souffle à son roman et se sort de l'exercice de façon émérite.

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