Indignez-vous avant Minuit !

La semaine dernière, nous fêtions les 30 ans de la mort de John Lennon, cet utopiste des temps modernes. Cet homme qui savait s’indigner. Quelques jours auparavant, je lisais quasiment simultanément, « Minuit » de Dan Franck et «Indignez-vous » de Stéphane Hessel. Dans le même temps, Noir Désir annonçait sa séparation. Quel rapport ?
Une certaine idée de l’engagement et de la possibilité de faire bouger les lignes par ses prises de position.
Dans « Minuit », Dan Franck poursuit sa série (Bohèmes et Libertad !) sur la façon dont les artistes et les intellectuels se sont mobilisés ou non face aux événements historiques. Cette fois-ci, l’action se déroule pendant la deuxième guerre mondiale. Les intellectuels de l’époque ont-ils fait preuve d’un courage sans faille ? Ont-ils usé de leur influence pour prendre des positions et tenter de faire avancer la cause de la liberté contre le nazisme ? Les réponses qu’apporte Dan Franck, dans un livre aussi bien documenté que facile et agréable à lire, sont parfois surprenantes, parfois révoltantes et toujours intéressantes. On découvre les petites compromissions des uns, la collaboration active et zélée des autres et la résistance active ou semi-active des derniers. Avec un sentiment : dans les années 40 les intellectuels ont eu du mal à jouer leur rôle. C’est d’ailleurs ce que dit Dan Franck dans une interview à Bibliobs . Bref, un panorama des élites éclairées assez sombre finalement.
C’est alors que le livre de Stéphane Hessel « Indignez-vous » entre en résonance. A 93 ans, ce compagnons de la libération, membre du CNR (Conseil national de la résistance), qui a participé à la rédaction de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, lance un vibrant appel à la jeunesse d’aujourd’hui. « Indignez-vous. Résiter c’est créer et créer c’est résister », leur dit-il. Et il ajoute : « Les raisons de s’indigner peuvent paraître aujourd’hui moins nettes ou le monde trop complexe. Mais il y a deux grands défis, source d’indignation et de combat ». Pour Hessel, nous devons être attentifs à l’écart croissant entre les riches et les pauvres et tenter par nos actions de faire en sorte qu’il soit comblé. De même, nous devons toujours faire attention à la façon dont les droits de l’homme sont appliqués. Il en profite pour s’interroger sur les questions d’ADN et d’identité nationale que le gouvernement de Nicolas Sarkozy a mis en avant, pour déplorer ce recul.
Le message est rafraîchissant et crucial. Essentiel dans une période troublée où l’on veut brouiller les lignes de failles.
C’est à leur façon ce que dénonçait les Noir Désir en chantant par exemple « L’iditenté » ou en s’insurgeant contre le capitalisme incarné alors par Jean-Marie Messier.
Comme quoi tout est lié.