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Journal d'une âme : Vague à l'âme (13-12-2010)

Par Manus

Journal d'une גme : Vague א l'גme (13-12-2010)

Journal d'une âme : Vague à l'âme (13-12-2010)

                                              Photo du blog écoledesmollieres.

Ce matin, en me levant, cette impression que quelque chose n’allait pas.  Il ne m’aura pas fallu plus de quelques secondes pour comprendre que je me sentais loin du Christ ; je veux dire, que je ne le sentais pas.

D’habitude, de jour comme de nuit, je le sens circuler dans mon âme et dans mon cœur, parfois même, une chaleur intérieure, une joie douce – qui ne vient pas de moi – se répand tout autour de mon épiderme.  On pourrait imaginer une tasse emplie de café brûlant, avalé gorgée par gorgée et dont chaque goutte brûle les parcelles du cœur ; et dont chaque goutte traverse les méandres du corps en suivant le circuit sanguin.  C’est un peu ça, cette joie du Christ. 

Ce matin : rien.

Cela m’inquiétait.  M’attristait.  Me troublait même.

J’avais décidé que je prendrais sur moi ; que cela devait-être une question d’humeur.  Mais je devinais bien, je savais bien, que c’était plus profond, qu’il s’agissait d’autre chose. 

Je m’étais lancée dans les rangements quotidiens, ceux qui font que la maison respire la présence et l’accueil.

Le cœur n’y était pas.

Je ne pouvais plus continuer ainsi et arrêtai tout.  M’assis.  Sur ce canapé qui commence à me connaître.  Lui qui en aurait des histoires à raconter.

Assise en tailleur, les mains jointes, je souhaitais retrouver l’amour.

C’était étrange d’être aussi froide à l’intérieur.  On aurait dit que le feu sacré qui illuminait la grotte des premiers hommes depuis des ans s’était soudainement éteint ; une bourrasque, plus forte que les autres, aura eu raison de lui.

J’étais là, en train de prendre du recul, puis je me faisais la réflexion que dans un couple, il arrive que les conjoints ne ressentent plus rien l’un pour l’autre, mais s’aiment encore dans les profondeurs.  Je pense aux premiers émois, qui transportent, de telle sorte que le monde semblerait leur appartenir, induisant un comportement de l’être prêt à braver tous les dangers pour rejoindre celle ou celui qui anime son cœur.

C’était cela.  Je savais que j’aimais toujours le Christ, mais je ne le sentais plus.  Dès que je pris conscience de ce fait, ma volonté s’affala.

Mes épaules s’affaissèrent.  Mon cœur se défit comme une pelote de laine dont le fil est tiré.  Mon âme se fit transparente.

Avec ce sentiment de n’être rien, d’être emplie de néant, je me mis intérieurement à genoux devant Dieu.  Prosternée.  Toute l’attitude de se savoir aimée, d’aimer, mais de ne pas être en mesure de s’en approcher par ses propres moyens. 

Je ne savais rien faire d’autre à part cela : me mettre en sa présence sans être capable d’offrir quoi que ce soit. 

A nouveau, pour reprendre cet exemple des deux amants : il l’aime ; ignore comment lui exprimer ce qui lui étreint le cœur – pire, il n’a aucun moyen financier pour lui offrir sa séduction ; il est pauvre.  Pauvre en expression.  Pauvre matériellement.  Avec un terrible sentiment d’impuissance. 

Tout ce qu’il peut mettre en œuvre, c’est lui.  Alors, il se plante devant son aimée : la bouche close, l’esprit tétanisé, les bras ballants, les mains vides.

Et comme elle reste attentive à ce qu’il est, l’amant pliera le genou devant elle – c’est tout.  Se mettre en sa présence – voilà.

Le temps s’écoulait comme un ruisseau qui enfin peut creuser son sillon ; les galets trop réticents étaient bousculés par les promeneurs, les branchages déplacés par le vent ; la plaine était plus accueillante, moins rugueuse.  L’eau traçait son chemin, l’air de rien.  A son passage, l’herbe se revigorait, les fleurs redressaient leur couronne, les oiseaux piaillaient tout le long et picoraient ça et là une goutte dans leur bec.  La vie reprenait ses droits.

Les jambes croisées, dans un abandon total, la source du Christ se déversait dans mon cœur.  Celui-ci se remplissait à mesure que je me tenais devant lui ;  son amour montait doucement, pinçait les parties de chair qu’il touchait, procurant des étincelles de joie qui bientôt se transformeraient en une vague de joie, sereine, communiant du cœur vers l’âme, de l’âme vers le cœur.

Je me relevai ; je pouvais continuer sur la lancée de ma journée.

Je me relevai ; et je sus aussi que faire le vide en soi n’a rien de comparable que de se tenir en abandon total devant Dieu.

Savina  


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