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Black Swan

Par Mg

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Darren Aronofksy, acrobate étonnant d’un cinéma moderne et exigeant, surprenait son monde en sortant un Wrestler sobre et d’une élégance hors norme. Il était loin, le cinéaste artificier de films clipesques et bourrés aux effets spéciaux. Redescendant sur terre, Aronofsky se réinvente au fil d’histoires plus classiques, pas pour autant ordinaires, et forcément torturées. En cela, son Black Swan réunit Natalie Portman et Vincent Cassel dans une danse vertigineuse et névrosée.

Nina (Portman) fait partie depuis 4 ans d’un grand ballet de New York. Sous les conseils bienveillants d’une mère trop possessive, elle s’entraîne sans relâche pour arriver à la tête du ballet, chose qui devient possible lors de la création du nouveau spectacle de l’année, une revisitation osée du Lac des Cygnes de Tchaïkovski par un metteur en scène extrème dans ses intentions (Cassel). Devant faire avec l’arrivée d’une nouvelle danseuse (Mila Kunis), Nina se laisse peu à peu gagner par les sentiments de l’histoire, hésitant entre conserver la maîtrise des choses, ou se perdre dans la folie de la création… Jeu de chats et de souris (et de cygnes) à trois personnages, Black Swan revisite les affres de l’interprétation, de la séduction et de la tentation entre une des plus grandes actrices contemporaines, un des acteurs français les plus innovants, et une actrice en devenir qui dépasse son statut de jeune première. Une somme de talents assez extraordinaire qui accouche d’un film envoutant, exhaltant, où Aronosky torture ses personnages sans retenue pour mieux en faire ressortir l’éclat.

Classieux et déjà classique, Black Swan suit la lente dégradation psychologique de l’héroïne, jeune ingénue du ballet d’aujourd’hui, une Cendrillon du monde moderne coincée entre une marâtre, ex-ballerine également, qui tente de lui faire subir sa vie rêvée, et la pression de son rêve, alors qu’elle touche presque au but. Une quête artistique qui doit l’obliger à se dépasser, sortant de son cocon parfait (mais perfectible) pour se libérer de ses emprises et exprimer son vrai talent. Un combat cathartique contre elle-même qui se développe dans le film au gré des scènes, apparitions, rêves ou délires paranoïaques lui faisant malgré elle affronter ses démons, expurgés au gré des images de cygne qu’elle entrevoit entre deux répétitions. Mêlant monde réel et songes sans aucun différence, Aronosky modifie la réalité de son film, entraînant le spectateur dans un mélange psyché inédit (quoique, cette année nous avons eu Enter The Void…), ne laissant aucune possibilité de distinguer ce qui se passe réellement ou non. Après une première partie plutôt classique, entre ascencion d’une jeune élue, et tensions entre danseuses et chorégraphe, le réalisateur bouscule son film au gré d’une courte scène nocturne, avant d’offrir une dernière demi heure délirante, palpitante, suivant les pas d’une Natalie Portman hors norme, trouvant là son meilleure rôle depuis longtemps.

Au final, Black Swan trouve sous son camouflage de plumes une ossature en acier, constituée d’un trio séduisant et d’une lente descente aux enfers des personnages torturées comme les aime Darren Aronosky. Un réalisateur présent ce soir là, loin de l’image de son film, plutôt détendu et drôle, qui s’amuse visiblement d’offrir depuis peu de très beaux films dont la beauté des images résonnent avec la noirceur du propos.


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