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Greg Goode : la voie directe

Publié le 14 décembre 2010 par Joseleroy

Voici un livre très interessant de Greg Goode sur la non-dualité:

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"Depuis toujours, dès l'enfance, je voulais découvrir qui ou ce que j'étais. Qui suis-je ? Qu'est-ce que le monde ? Après avoir longtemps considéré ces questions, la clarté est venue en deux étapes. La première pourrait être définie comme la dissolution de l'impression de séparation, qui fit place à la conscience témoin spontanée. La deuxième étape peut être décrite comme l'effondrement paisible de ce témoin dans la conscience pure.

Cette première étape s'est accomplie grâce à l'idée que ma nature dépendait de la fonction de volonté, de contrôle, de choix. Au fil des ans j'avais apparemment éliminé toute autre possibilité. Je savais que je ne pouvais pas être le corps, l'ADN, les cellules cérébrales, le mental, les souvenirs, les valeurs, ni les états de veille, rêve ou sommeil profond. J'avais l'impression d'être constant et sans traits distinctifs, observant ces choses qui apparais­saient et disparaissaient.
Mais j'avais dans l'idée que ce qui faisait de moi 'Greg' était la faculté de vouloir et de choisir. J'avais l'impression que si je pouvais mettre mon doigt dessus, ce serait comme révéler le Magicien d'Oz derrière le rideau.
J'ai donc essayé d'accentuer cette impression, de l'amener au grand jour. J'ai réfléchi sur ma vie et me suis demandé : « Quand me suis-je senti le plus moi-même, le plus 'Greg' ?» Et j'ai senti que c'était quand je décidais ou choisissais, en particulier les choses qui pour moi sortaient de l'ordinaire; par exemple, ma décision de prendre des cours de danse classique afin de pouvoir auditionner pour un travail à Disneyland, ou bien ma décision d'entrer dans l'armée, ou de faire des études, etc.
J'ai voulu tenter de découvrir le lieu secret où résidait celui qui faisait les choix. Peu après -c'était au milieu de l'année 1996- je suis tombé sur le livre de Ramesh Balsekar, Consciousness Speaks. Et ce livre était consacré préci­sément à cette question de « l'agir » qui me préoccupait déjà.
Au bout de quelques mois, alors que je me trouvais sur le quai du métro en train de lire une page du livre, j'ai vu en un éclair qu'il ne pouvait pas y avoir de centre de choix. Choix et volonté sont aussi imprévus et spontanés que tout autre phénomène qui se manifeste. Il ne peut pas y avoir de centre localisable, ici ni nulle part ailleurs. Tous ces genres « d'endroits » sont apparus comme rien de plus que des manifestations dans la conscience. L'idée que les gens sont des centres séparés s'est dissoute dans une écla­tante boule lumineuse émanant de ma poitrine et se dila­tant vers l'extérieur. La vie est devenue un flux spontané, et l'impression que moi ou quiconque est un centre séparé ou un individu indépendant n'est jamais revenue.

Dans la deuxième étape qui a suivi, il n'y avait plus de centre individué ni d'impression de choisir. Il n'y avait pas de tableau d'affichage personnel ni de comparaisons interpersonnelles. Aucun sens de "personne" en "moi-même" ou attribué à "quelqu'un" d'autre. Il n'y avait pas de souffrance ni d'endroit où elle pût résider. Cependant, il y avait une impression infiniment subtile de distinction -entre cette conscience spacieuse et les apparitions qui se manifestaient dans la conscience. Cette distinction était ressentie comme une différence neutre mais curieuse entre sujet et objet. On pourrait donner comme exemple la diffé­rence entre l'apparition d'un son et la conscience à laquelle ce son apparaissait. L'expérience même de cette apparition, aussi douce fût-elle, semblait constituer une distinction.
Cette distinction ne correspondait pas à la descrip­tion des textes classiques que j'avais lus, tels que l'Ashtavakra Gita, la Mandukya Upanishad, et le Traité sur la Voie du Milieu de Nagarjuna. J'ai donc commencé à examiner ce que pouvait être cette distinction.
J'ai découvert que ces textes ne m'éclairaient guère sur ce que je considérais être le mécanisme de ce problème de distinction. Les livres de dialogues avec les enseignants ne m'étaient pas plus utiles, parce que les gens ne posaient pas de questions sur ce genre de choses. Je voulais savoir comment expliquer la distinction ressentie quand les appa­ritions n'étaient autres que la conscience elle-même.
Un jour, un enseignant d'une très grande finesse a essayé de répondre à cette question. Il a dit que l'on pouvait savoir que ces apparitions n'étaient rien d'autre que la con­science parce qu'elles se manifestent, subsistent et dispa­raissent dans la conscience. Ces manifestations, dit-il, ne pouvaient rien être d'autre. Mais cela ne faisait que redire ce qui était déjà mon expérience constante. Je me sentais aussi très proche de ces textes classiques que je trouvais très inspirants. J'avais en fait l'impression agréable que cet intervalle ne tarderait pas à se dissoudre. Pourtant l'explication de cet enseignant semblait de seconde main ' et déductive, du genre «par conséquent il faut qu'il en soit ainsi.» Elle ne semblait pas directe comme « la conscience sans intervalle est ce que j'éprouve. » Je ressentais toujours cet intervalle. Et je crois que c'était aussi son cas.
Un peu plus tard, Francis Lucille m'a dit qu'il admi­rait beaucoup les enseignements de Sri Atmananda et il m'a donné un exemplaire de Atma Darshan. Quand j'ai lu ce petit livre, qui est en fait d'une grande modernité, j'ai découvert qu'il mettait le doigt sur ce problème de dis­tinction. En le lisant et en vivant avec lui, j'ai connu l'exact antidote à mon impression d'intervalle entre sujet et objet. L'exposé d'Atmananda a dissout cette distinction. Elle n'avait plus la place d'être une 'chose' séparée. Elle n'était plus ressentie, elle n'avait plus de sens. Grâce à la gentil­lesse de Francis et aux enseignements limpides d'Atma­nanda, cette impression de distinction s'est paisiblement et joyeusement fondue dans la clarté éclatante de la conscience, pour ne plus jamais revenir." greg goode


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