SMILEY FACE de Gregg Araki (2007)

Cousin- plus cartoon et moins trash- d'un Larry Clark, Araki partage avec lui le même goût pour la jeunesse américaine, de ses dérives à ses errances. Son cinéma est frontal, audacieux, vitriolé. Dédramatisant un peu sa filmo (Mysterious Skin, The Doom Generation) avec ce Smiley Face potache, long trip d'une heure et demie sur une jeune femme droguée aux space cake, Araki se permet une parenthèse foutraque, désordonnée, assumée à 100% dans son non sens et sa connerie. Soit Anna Faris, nouvelle icône de l'instabilité moderne (bimbo stupide dans Scary Movie, lesbienne paumée dans May), en seul véritable intérêt du film, one woman show, ode à son sens de l'humour, géniale fresque d'auto dérision osée et jubilatoire. En parfaite illustration de l'absurdité de l'existence, Araki propose un road trip hallucinant, où jaillissent manifeste communiste et psychopathe nécrophile comme autant de raisons de se marrer des pérégrinations d'une (fausse) héroïne défoncée et abandonnée par tous. Burlesque, agaçant et décomplexé, son Smiley Face se complait dans le n'importe quoi- en possible réponse à la rigidité bien pensante d'une Amérique sévère- raillant toutes formes d'autorité, de la police jusqu'à l'école; se gaussant de son système, du règne de la mal bouffe et de l'impossibilité totale de se dépêtrer des schémas imposés. Les délires de Jane, jeune fille sacrifiée derrière les rires, pantin asexué et asocial, n'apparaissent alors que comme la conséquence directe de cette bêtise générale, offrant une seconde lecture plus profonde à ce Smiley face délirant, moins fun qu'il en a l'air.